Arrêt de chantiers : « Je suis sûr d’avoir fait le bon choix », assure un chef d’entreprise
Après avoir reçu un mail de la Fédération Française du Bâtiment (FFB) conseillant d’arrêter les chantiers le mardi 12 mars, Anthony Clergeau, chef d’entreprise de Clergeau Menuiserie – spécialisée dans la pose de fenêtres, parquets et cuisines, et située à la Tranche-sur-Mer – n’a pas longtemps tergiversé : il a immédiatement décidé de suspendre tous ses chantiers.
« J’ai appelé la FFB puisque je suis adhérent, et ils nous ont envoyé un mail disant qu’il fallait arrêter l’activité à midi, ou le soir au plus tard. Ils nous ont clairement dit qu’il fallait arrêter l’activité le mardi », assure-t-il.
« De toute façon, nous avons vu tous les fournisseurs fermer un à un. Pour notre part, nous nous fournissons à 95 % à l’Union des Artisans du Bois (UAB), qui a fermé dès le mardi midi », nous raconte-t-il. Dans ce contexte, pas la peine, selon lui, d’épuiser le stock restant pour arriver 15 jours plus tard sans rien.
Des mesures d’hygiènes difficiles à respecter sur un chantier
« Si j’avais continué avec mes collègues, on aurait pris le risque d’attraper le coronavirus, et on aurait fini notre stock. Pour moi, c’était plus logique de suspendre comme cela. Aujourd’hui, je suis sûr d’avoir fait le bon choix », estime-t-il.
Autre facteur qui l’a inquiété : ne pas pouvoir protéger ses quatre salariés en CDI. Selon lui, les « gestes barrières » n’auraient pas pu être respectés : « Habituellement, nous prenons le café tous ensemble chez moi, puis nous sommes quatre ou cinq collés dans le même camion, et nous touchons et échangeons les mêmes outils sur le chantier ». Malgré l’utilisation de lingettes pour nettoyer les manches des outils, la pénurie de masques et de gel hydroalcoolique n’aurait pas permis de mettre en œuvre les mesures conseillées.
Le chef d’entreprise pense avoir pris la bonne décision : « Cela aurait de toute façon été mal vu de poursuivre l’activité. Or, nous fonctionnons essentiellement par le bouche à oreilles. Je travaille d’ailleurs dans un rayon de 5 km autour de chez moi », souligne -t-il.
Interrogé sur la mise au chômage partiel de ses salariés, il explique l’avoir déclaré dès le premier jour, mais que ses salariés en ont profité pour prendre leurs congés, afin de revenir « encore plus en forme ».
Reconnaissant être d’un naturel optimiste, Anthony Clergeau affirme rester serein face aux conséquences financières de cette crise sanitaire et économique.
« Nous avons la chance d’être une entreprise « saine ». Nous n’avons pas de retard au niveau des chantiers, tout est payé, envers les clients comme les banques », assure-t-il. « Heureusement, nous avons des acomptes. C’est ce qui nous aide aujourd’hui pour une entreprise comme la mienne, car on a beaucoup d’achats, et il faut assurer la trésorerie derrière. En prenant les 30 % d’acomptes, on est tout de suite mieux. Tous les stocks que j’ai, c’est des gens qui ont déjà payé les 30 %, ce qui aide énormément. Aujourd’hui, ceux qui ne le font pas prennent un gros risque. Cela peut faire fermer une entreprise ».
Préparer le retour à l’activité
Seule ombre au tableau : l’impatience des clients lorsque l’activité pourra reprendre. « A la reprise, je vais décaler tous mes chantiers. C’est plus les plannings qui vont être durs à gérer, et les gens, parce qu’ils veulent tout, tout de suite ».
« En attendant, j’en profite pour tout mettre à jour : je m’occupe des devis, des factures, des commandes… et je nettoie l’atelier et les camions pour qu’on soit prêts à repartir ! ».
Propos recueillis par Claire Lemonnier
Photo de une : Clergeau Menuiserie