+18,8 % de bénéfices pour Legrand au 1er semestre 2023
Certes, les hausses des prix et la crise du logement neuf se poursuivent. Pour autant, cela n’empêche pas certains acteurs du bâtiment de tenir la route en ce 1er semestre 2023. C’est le cas notamment du constructeur Vinci, mais également de Holcim.
C’est au tour de Legrand, fabricant français de matériel électrique, d’afficher des résultats semestriels « très solides », « dans un contexte de marché du bâtiment globalement en retrait », selon son directeur général Benoît Coquart. Son chiffre d’affaires culmine à 4,294 milliards d'euros de chiffre d’affaires (CA) au 1er semestre (+4,9 % voire +6 % hors change). Mais c’est le bénéfice de Legrand qui augmente sensiblement, passant de 548,1 millions à la même période l'an dernier, à 650,9 millions d'euros de bénéfice net au S1 2023 (+18,8 %).
Le retrait du groupe de Russie en janvier dernier, pour des raisons de « difficultés opérationnelles » liées au conflit russo-ukrainien, n’a pas eu raison de sa dynamique. Legrand faisait partie des rares sociétés françaises - dont Bonduelle, Leroy Merlin, Auchan ainsi que Lactalis -, à maintenir leur production dans le pays, pourtant frappé par les sanctions économiques de l’Union européenne, après avoir envahi l’Ukraine en février 2022. Cet arrêt de l’activité - qui représentait environ 1,5 % de ses ventes en 2022 - avait entrainé une dépréciation d'actifs de 150 millions d'euros.
L’efficacité énergétique, moteur de la croissance de Legrand
Autant dire que la prudence annoncée par l'industriel fin 2022 n'est plus de mise.
En Europe, les ventes de Legrand sont en hausse de 3,1 % sur un an au second trimestre 2023 et de 8,4 % dans le reste du monde. Seule région où l’activité recule : les États-Unis, où elle observe une baisse de 2,3 %.
Le groupe, basé à Limoges, doit sa croissance à différents segments : les datas centers, les produits connectés et mais aussi les solutions d’efficacité énergétique, plébiscitées par les pouvoirs publics en pleine période de crise énergétique.
Legrand a notamment fait l’acquisition en décembre 2022 d’Encelium, société canadienne spécialisée dans les systèmes de contrôle de l'éclairage dans les bâtiments. S’ensuit, fin avril dernier, le rachat de Clamper, spécialiste des onduleurs électriques. Lors de la présentation de sa dernière conjoncture, Legrand en a profité pour révéler sa troisième acquisition de 2023 : Teknica, entreprise chilienne connue pour ses solutions intégrées électriques, dédiées aux datacenters (45 millions d'euros de CA).
« Le déploiement soutenu de notre feuille de route stratégique et les tendances de fonds, telles que l'électrification, l'évolution des modes de vie et de travail, la digitalisation des usages, ou encore la maîtrise des consommations d’énergie, portent nos segments à plus forte croissance, et nous permettent ainsi de viser en 2023 une performance pleinement en ligne avec notre modèle moyen-terme de croissance et de création de valeur », commente à ce sujet son directeur général.
« Mettre un petit peu d'essence dans la machine »
Les résultats du 1er semestre permettent à Legrand de revoir à la hausse ses objectifs pour 2023. Hors change et Russie, le fabricant de matériel électrique vise maintenant entre +5 % à +8 % de son CA, contre entre +2 % et +6 % au départ. L’industriel ajuste également sa marge opérationnelle - avant acquisitions et Russie - à 20,5% des ventes, contre environ 20 % précédemment.
« On ne s'attend pas à une détérioration supplémentaire (au deuxième semestre) par rapport à un marché déjà en retrait sur le premier semestre », déclare Benoît Coquart, lors d’une conférence téléphonique retranscrite par l’AFP. L’ambition est maintenant de « mettre un petit peu d'essence dans la machine, c'est-à-dire investir dans le commerce, dans la communication, dans le service aux clients, de manière à aller chercher un peu de chiffre additionnel », abonde le directeur général de Legrand.
Virginie Kroun
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