Logements sociaux à Marseille : la ville menacée d’une procédure de carence
Le logement à Marseille est de nouveau au centre de l’attention. Après avoir tenu ses « États généraux du logement » fin 2022, la municipalité est aujourd’hui accusée par le préfet des Bouches-du-Rhône de ne pas avoir atteint ses objectifs en matière de construction de logements sociaux entre 2020 et 2022.
Dans un courrier daté du 13 mars, Christophe Mirmand, préfet des Bouches-du-Rhône, conclut « au non-respect d’au moins un des objectifs triennaux fixés sur cette période ». Alors que l’objectif de la ville était de construire 7 674 logements locatifs sociaux entre 2020 et 2022, seul 38,2 % de l’objectif aurait été rempli, dans un contexte où 40 000 demandes de logements sociaux sont en attente.
Vers une procédure de carence ?
Dans cette lettre, la préfecture enjoignait la mairie à préciser, d’ici deux mois, les actions mises en œuvre, les raisons ayant causé le non-respect de la totalité des objectifs de rattrapage, et la nature des difficultés rencontrées.
La décision définitive pourrait ensuite mener à une procédure de carence, obligeant la ville à payer des amendes, voire être placée sous la tutelle de l’État pour la délivrance de permis de construire.
« Le courrier du préfet pointe la carence historique de Marseille liée à la précédente majorité. Ce qui est ironique, c'est qu'il nous fixe à nous des objectifs inatteignables de rattrapage des manques de la droite. 7 000 logements sociaux, ça voudrait dire qu'on aurait autorisé que des logements sociaux pendant trois ans », a réagi Mathilde Chaboche, adjointe chargée de l'urbanisme à la mairie de Marseille, dénonçant la politique de l’ancien maire, Jean-Claude Gaudin.
États généraux du logement : un engagement à produire 4 500 logements par an
Dans son programme électoral, le Printemps marseillais (coalition de gauche et d’écologistes) avait promis la construction de 30 000 logements en 6 ans, soit 5 000 par an. À l’occasion de ses « États généraux du logements » fin 2022, la mairie de Marseille avait ensuite évoqué la construction de 4 500 logements par an, dont 2 300 logements « abordables ».
Pour rappel, en novembre 2018, la cité phocéenne avait été marquée par l’effondrement de deux immeubles, ayant entraîné la mort de huit personnes.
Claire Lemonnier (avec AFP)
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