Le plan d’austérité annoncé en fin de semaine va marquer un véritable coup de frein pour la profession, estime un chef d’entreprise artisanale basée dans le Bas-Rhin. Les premières impressions de Pierre Schaal, des Menuiseries Schaal Pierre (Erstein, 67), rencontré sur le stand Batimat de la Capeb.
Que vous avait apporté l’abaissement de la TVA à 5,5% ?
En 1999 lorsque la TVA est passée de 19,6% à 5,5% pour les travaux d’entretien et rénovation de logements de plus de deux ans, mon entreprise comptait 5 personnes. Avec la demande de la part de la clientèle augmentant, nous avons pu embaucher deux personnes supplémentaires et un apprenti. Nous réalisions ainsi 95% de chantiers avec une TVA à 5,5%, du sur-mesure, des agencements intérieurs (fenêtre, placard, cuisine, escalier, etc.). Toute la promotion se faisait par le bouche à oreille.
Quel impact va avoir la nouvelle hausse à 7% de la TVA ?
Passer de 5,5 à 7% va poser des problèmes. Même si ce n’est qu’un point et demi de plus, c’est pour le client final une hausse importante. Cela va selon moi favoriser le travail dissimulé, l’économie souterraine, et mettre un coup à l’activité du bâtiment. Il faut savoir que la hausse représente un milliard d’euros de chiffre d’affaire en moins pour le secteur, et 10.000 emplois liés au Bâtiment et activités connexes en moins.
Qu’en est-il des autres mesures du plan d’austérité ?
Que ce soit le PTZ+ supprimé dans l’ancien ou le coup de rabot de -20% au crédit d’impôt développement durable, j’estime que ces mesures vont sonner le glas du Grenelle et que ce plan de rigueur est terrible pour l’artisanat. Je rappelle tout de même que le Premier ministre a dit le 20 octobre dernier qu’il ne toucherait pas à la TVA ! De même, la fin du Scellier est un coup de frein pour la construction neuve. Certains de mes collègues artisans du Bas-Rhin ont vu leur travail d’avance confié par les promoteurs passer de trois à cinq ans.
Comment voyez vous l’avenir avec ces nouvelles mesures ?
Dans ma situation il est clair que si ces mesures ont un impact sur la marge de l’affaire, nous serons obligés de licencier les deux dernières personnes que nous avions embauchées. Si la TVA augmente, c’est un bien-fondé de demander une baisse de charges sociales en compensation. Car ce sont nous qui faisons l’économie locale, nous ne délocalisons pas ! Et nous n’avons pas modifié nos prix en 1999, c’est donc le client final qui a profité de la baisse de la TVA, nous n’avons pas profité de l’aubaine. De même, nous ne prévoyons pas de répercuter la nouvelle hausse sur les prix car nous perdrions des marchés. Avec les carnets de commande qui se réduisent, je juge que ce plan de rigueur va être un accélérateur de la crise.
Propos recueillis par Laurent Perrin