Transition énergétique et logement : les deux priorités de Manuel Valls
Vérité, efficacité, confiance, voici les mots que Manuel Valls n'a eu de cesse de marteler, lors de son discours de politique générale devant les députés mardi. Un leitmotiv qui en dit long sur sa motivation « se concentrer sur l'essentiel ». Après avoir salué le parcours de son prédécesseur Jean-Marc Ayrault, le nouveau Premier Ministre est revenu sur l'abstention historique lors des dernières élections municipales, affirmant avoir entendu la voix des Français et leur silence.
« J’ai vu, j’ai écouté (…) ces ouvriers qui attendent, depuis trop longtemps, de pouvoir retravailler ; ces salariés précaires pour qui le quotidien n’est pas le travail, mais la survie ; ces patrons de PME, ces artisans, ces commerçants qui n’ont qu’une seule obsession : sauver leur activité pour sauver leurs équipes ».
Le Premier ministre a ainsi rappelé que les engagements du pacte de responsabilité proposé par le Président de la République avaient pour but de relancer la force économique et de répondre à leurs attentes. Mais qu'il lui faudrait le soutien de l'ensemble des acteurs de la croissance. « Sans confiance, pas de croissance (…) nous avons besoin de toutes nos entreprises, de nos PME, de nos « start-up », de nos artisans, de nos associations et coopératives. Entreprendre, créer, prendre des risques, c'est cette démarche positive que je veux encourager parce qu'elle fait du bien à notre pays ».
Coût du travail allégé, une « vraie révolution »
Afin d'encourager les acteurs de cette croissance, Manuel Valls a assuré qu'il fallait baisser le coût du travail, « un des leviers de la compétitivité – pas le seul- mais il pèse lourd ». La première annonce a donc été celle de l'allégement du coût du travail à 30 milliards d'euros d'ici 2016, en supprimant les cotisations patronales au 1er janvier 2015 pour les salariés au Smic.
Concernant les travailleurs indépendants et les artisans, ils « bénéficieront d'une baisse de plus de trois points de leurs cotisations famille dès 2015, soit un milliard d'euros ». Une annonce saluée quelques heures plus tard par l'Union professionnelle artisanales (UPA) : « Les artisans, commerçants, travailleurs indépendants, vont bénéficier d’une baisse de 60% de la cotisation d’allocations familiales. Cette mesure vient enfin compenser le fait que les travailleurs indépendants ne bénéficient pas pour eux-mêmes du Crédit d’impôt compétitivité emploi - CICE -. Elle montre aussi la voie d’une suppression générale de la cotisation d’allocations familiales telle que l’UPA la demande depuis plusieurs années ».
Cette « vraie révolution », comme l'a qualifiée le Premier ministre, se traduira également par l'abaissement des cotisations Famille de 1,8 point pour les salaires jusqu'à trois fois et demi le SMIC au 1er janvier 2016, soit un allègement supplémentaire de près de 4,5 milliards d'euros. Une annonce approuvée par l'UPA.
« Ces mesures contribueront à améliorer la trésorerie et l’investissement des entreprises de proximité, puis à les aider à retrouver le chemin de la croissance et de la création d’emplois », a déclaré l'UPA. « En outre, la décision de baisser les charges salariales est de nature à accroître le pouvoir d’achat des salariés et à soutenir la consommation des ménages ».
Enfin, l'annonce du Premier ministre concernant la suppression de la cotisation sociale de solidarité des société d'ici trois ans, n'a pas manqué de satisfaire la CAPEB.
Elle sera assortie d'un geste en faveur des salariés les plus modestes pour améliorer leur pouvoir d'achat. Dès le 1er janvier 2015, les cotisations salariales seront diminuées pour les salaires au niveau du SMIC, pour procurer 500 euros par an de salaire net supplémentaire.
Transition énergétique et logement
Le Premier ministre a également établit deux priorités : la transition énergétique et la relance de la construction de logements. « La croissance, c'est l'économie verte » a-t-il rappelé. La transition énergétique « encourage des secteurs extrêmement porteurs en termes d'emplois. Je pense en particulier au bâtiment ». Pour rappel, l’objectif est de réduire de 30% la consommation d’énergie fossile d’ici 2030 et de 40% les émissions de gaz à effet de serre à la même échéance. « L’engagement du Président de la République de passer à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité d’ici 2025, sera tenu » a assuré le Premier ministre. « Il s'agit là d'un enjeu planétaire majeur, auquel nous répondrons en nous dotant d'une véritable stratégie bas carbone » qui sera présentée par le gouvernement au parlement. Quand à la loi sur la transition énergétique, elle devrait être présentée en conseil des ministres à la fin de l'été.
Deuxième priorité : le logement. « Pour produire davantage de logements, moins chers, plus vite, il faut simplifier. 50 mesures de simplifications de règles et de normes existantes seront prises sans transiger sur la qualité et la performance. Les arrêtés seront publiés avant l'été », a précisé le Premier Ministre.
Le même jour, la CAPEB témoignait sa satisfaction face aux engagements du gouvernement en matière de transition énergétique et de logement. « Nous partageons avec le premier ministre la reconnaissance de la valeur du travail. Manuel Valls a compris que la relance passera nécessairement par les entreprises », déclarait Patrick Liébus, président de la CAPEB dans un communiqué.
Désormais, la Confédération de l'Artisanat et des Petites entreprises du Bâtiment « attend les implications concrètes des engagements pris par le Premier ministre », notamment sur ces deux chantiers jugés prioritaires.
« Le Premier ministre a défini des échéances précises et à court terme sur les sujets qui nous concernent. Nous veillerons à ce que ces projets avancent et portent rapidement leurs fruits », a commenté le président de la CAPEB.
Claire Thibault
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