Santé/sécurité : la directive européenne sur les agents cancérigènes évolue
D’ici la fin de l’année 2020, la Commission européenne devrait présenter un plan visant à renforcer la lutte contre les cancers d’origine professionnelle qui entraînent la mort d’environ 80 000 personnes annuellement. C’est dans ce cadre, que l’instance a proposé de limiter davantage l’exposition des travailleurs aux substances chimiques cancérigènes, et notamment à l’acrylonitrile, aux composés du nickel et au benzène.
Cette modification serait la quatrième apportée à la directive sur les agents cancérigènes et mutagènes ; des mises à jour qui permettront à « plus de 1,1 million de travailleurs dans un large éventail de secteurs » de bénéficier « d’une meilleure protection ». Et également « de réduire les coûts engendrés par les maladies professionnelles et le cancer, liés par exemple à l’absentéisme et aux indemnités d’assurance ».
L’objectif est d’aider les Etats membres à « améliorer la prévention, la détection, le traitement et la gestion du cancer dans l’Union européenne, tout en réduisant les inégalités en matière de santé » entre les pays et sur leur territoire.
Rappelons que le secteur du bâtiment figurent parmi les plus touchés par des cancers d’origine professionnelle. L’amiante est incriminée dans 42% des cas. En France, entre 2001 et 2016, sur les 11 000 cas de cancers diagnostiqués, 16,2% ont touché les secteurs d’activité des travaux de construction spécialisés (source Anses).
« Cette démarche montre que nous sommes déterminés à agir et que nous ne transigerons pas sur la santé des travailleurs », déclare Nicolas Schmit, commissaire à l’emploi et aux droits sociaux.
Stella Kyriakides, commissaire à la santé et à la sécurité alimentaire, ajoute : « Avec ce plan, nous visons à combattre les principaux facteurs de risque pour tout un chacun, mais également à guider les patients à chaque étape de leur parcours et à améliorer autant que possible la vie des personnes atteintes de cette maladie ».
Les propositions de la Commission seront étudiées par le Parlement européen et le Conseil.
Une stratégie ambitieuse en matière de sécurité et de santé
En janvier dernier, la Commission s’est engagée à réexaminer la stratégie de l’Europe en matière de santé et de sécurité au travail. Dans un document intitulée « Une Europe sociale forte pour des transitions justes », elle expose une série de mesures pour « des conditions du travail équitables ». Parmi les priorités, « renforcer la confiance dans la transformation numérique et exploiter pleinement son potentiel ».
La commission explique en effet que la numérisation est les nouvelles technologies font évoluer le lieu de travail. Les robots et autres outils numériques « peuvent remplacer les humains dans des tâches dangereuses et monotones ». Un changement qui « peut aussi donner naissance à de nouvelles préoccupations ». L’instance évoque les nouveaux modèles de travail qui peuvent générer une hausse de la productivité mais également créer de nouvelles formes de discrimination ou d’exclusion ou de nouveaux risques pour la santé physique et mentale des travailleurs (par ex. Surveillance, recrutement et gestion via des algorithmes).
Ainsi, si les travailleurs de l’UE bénéficient de normes élevées en matière de santé et de sécurité, la Commission réexaminera sa stratégie afin d’évaluer ces nouveaux risques « parallèlement aux risques plus classiques, tels que l’exposition à des substances dangereuses et le risques d’accidents du travail ». |
R.C
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