La relance, « l’étincelle qui déclenche la transformation écologique de notre économie », Barbara Pompili
Si le contexte sanitaire est plus que jamais incertain, Barbara Pompili aborde l’année 2021 de façon « positive ». Il faut dire que la prise de conscience autour de l’écologie semble bel et bien amorcée. « Le vent a définitivement tourné. Malgré la pandémie, jamais la question écologique n’a disparu de l’actualité et des préoccupations collectives », a souligné la ministre. « L’écologie aujourd’hui, c’est un motif d’espoir. Et comme le disait la chanteuse Joan Baez, l’espoir est contagieux comme le rire. C’est une perspective de progrès, de changement, et le pays a besoin de se remettre d’espoir. La planète en a besoin. Alors cette année, je compte bien continuer à matérialiser cet espoir dans la vie des Français ».
Ce combat écologique, « la France ne peut le remporter seule. C’est l’humanité qui est condamnée à agir », a-t-elle poursuivi. Saluant le retour « d’un allié de poids », les États-Unis dans l’Accord de Paris, elle s’est félicitée de l’engagement de la communauté internationale, et notamment de la France qui a été « la gardienne du temple ». Elle a rappelé l’organisation, en décembre dernier, du Sommet de l’ambition climatique qui a permis « de relancer la dynamique mondiale en faveur du rehaussement des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. L’Europe s’est distinguée en s’engageant à réduire d’au moins 55% ses émissions à horizon 2030 par rapport à la référence de 1990. Ce volontarisme est à l’image d’une Europe devenue une puissance écologique avec le pacte vert, ou le projet de mécanisme d’inclusion carbone aux frontières. Nous amplifierons cette dynamique, lors de la Présidence française de l’Union au premier semestre 2022, que nous allons préparer cette année ».
Loi Climat et Résilience
L’un des chantiers du Ministère pour 2021 est le projet de loi Climat et Résilience qui sera présenté le 10 février en Conseil des ministres, un texte qui doit permettre de faire entrer l’écologie « dans la vie démocratique », dans ce qu’elle a de plus ordinaire également (école, services publics, urbanisme, produits de consommation, justice, entreprise, etc.). « C’'est le cœur du modèle français, notre structure et notre culture que nous transformons ». L’objectif étant « d’enclencher dans tous les domaines, tous les secteurs, les ruptures qui feront de la société française une société écologique ».
Rénovation des logements
Pour « mener cette bataille », la mise en place de moyens pour investir est indispensable. « Longtemps, l’écologie a été le parent pauvre du budget de l’État. Avec un Plan de relance à plus de 30 mds d’euros, et une augmentation de plus d’un milliard d’euro annuel consacré au développement des énergies renouvelables, cette ère est révolue », a estimé la ministre.
Le Plan de relance, c’est « accompagner les ménages dans leur transition, parce qu’on ne réussira qu’avec tout le monde à bord. ». « Dans la rénovation des logements, en un an, nous avons enregistré plus de 190 000 demandes de MaPrimeRénov, et engagé près de 570 millions d’euros d’aides publiques pour ce dispositif. Le lancement du Plan de relance en septembre a mené à tripler le nombre de demandes mensuelles, et cette année, nous allons encore plus loin avec l’ouverture de la prime à tous sans conditions de revenus ».
Rappelant l’objectif de 400 000 et 500 000 rénovations de logements par an, Barbara Pompili a indiqué vouloir « passer à la vitesse supérieure. La rénovation énergétique et écologique des logements, on le sait, c’est un gisement très important de baisse des émissions de gaz à effet de serre, et en plus, à côté de ça, ça créé des opportunités économiques très intéressantes, ça fait travailler des artisans. On est sur du travail non délocalisable, donc tout est vertueux ».
Cette ambition, de donner les moyens à tous de participer à cet élan écologique, de « lever les freins », « les irritants », explique la mise en place de la mission Sichel « qui a trois mois pour essayer de mettre en place des mécanismes de financement, ce qu’on appelle du tiers-financement pour que le reste à charge ne soit pas quelque chose qui empêche un certain nombre de gens de faire leur rénovation ».
Construire plus durable
Les ambitions de réduction des émissions de CO2 visent aussi la construction neuve. Nous l’avons largement évoqué : la RE2020 va venir bouleverser le secteur du bâtiment qui, déjà, a exprimé ses inquiétudes. Interrogée sur la future réglementation environnementale, Barbara Pompili a indiqué : « Il est nécessaire qu’on repense la manière dont on construit des bâtiments. La première priorité pour la RE2020, c’est l’enveloppe. Deuxième chose, à partir du moment où on doit utiliser de l’énergie pour se chauffer ou pour se refroidir, il faut que cette énergie soit la plus décarbonée possible. Donc on a fait le choix de ne pas favoriser le gaz. Et troisième pilier, à partir du moment où on va avoir beaucoup d’énergie électrique, il faut qu’on se débarrasse de tout ce qui fait de l’effet joule ».
La ministre a ainsi déclaré : « Nous allons garder cet état d’esprit, et donc les annonces qui ont été faites sont des annonces qui seront suivies de faits ». Des ajustements seront néanmoins possibles si des obstacles étaient pointés lors des consultations, a-t-elle assuré.
5e vague des CEE
Autre élément clé de la lutte contre le changement climatique, les certificats d’économie d’énergie. Elle a précisé que le décret instituant la 5e vague des CEE devrait être publié dans les semaines qui viennent. « On est en train de faire les derniers arbitrages. On sait qu’il y a une attente très forte sur ce décret. On a vu que les CEE pouvaient être vraiment des facteurs d’impulsion ».
Des territoires engagés
Les collectivités ont bien sûr leur rôle à jouer. Là encore, la prise de conscience est totale. « 2021 marquera aussi un tournant dans la manière d’appréhender l’écologie territoriale avec la mise en place de contrats de relance et de transition écologique. Depuis le lancement du dispositif fin novembre, nous avons déjà 600 groupements de communes qui ont signalé leur volonté de s’engager dans des projets de territoires communs. Nous les accompagnerons ».
Rose Colombel