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Marseille : un marchand de sommeil condamné à un an de prison ferme

Publié le 16 janvier 2025

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Un propriétaire de 79 ans a été condamné à une peine de prison, mais aussi une amende et l'indemnisation de deux locataires logés dans des habitats indignes. Le prévenu « coche toutes les cases du marchand de sommeil », selon l’avocat de la partie civile.
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Ancien universitaire titulaire d'un doctorat en biologie, Abou Bacir Benzair a été reconnu coupable dans une affaire d’habitat indigne, par le tribunal correctionnel de Marseille, le 15 janvier. Le prévenu louait deux petits studios au sein de sa savonnerie, à La Maurelette dans le 15e arrondissement de la cité phocéenne. 

Loués respectivement 390 et 450 euros, les habitats sont rongés par l'humidité en raison du rafistolage d'un trou dans le toit et exposés à des risques d'électrocution. L’un d’entre eux était dépourvu de fenêtre. Une arrêté de péril grave et imminent avait frappé les studios en 2018 et 2021, suivi d’un arrêté de salubrité en 2023.

Le propriétaire « coche toutes les cases du marchand de sommeil »

 

Le tribunal a également reconnu la vulnérabilité des deux locataires. La première est une femme hébergée depuis 2014, qui avait été recueillie par la Fondation Abbé Pierre. Le deuxième, un homme contraint de dormir dans sa voiture suite à une séparation conjugale, avait dû « accepter le premier truc venu ». 

Quand la Caisse d'allocations familiales a cessé de verser les APL, les deux locataires ont été harcelés, de manière à ce qu’ils quittent les lieux. Plus précisément, le propriétaire a été jugé pour des violences, quand il s’est présenté accompagné de trois hommes en mars 2023, afin d'obtenir le départ des locataires. 

Le prévenu s’est défendu, lors de débats le 4 novembre 2024, en évoquant une tentative de médiation et non des menaces. Et de se justifier du mauvais état des lieux par des dégradations commises par les locataires. Il s’est également décrit comme un « sauveur », en permettant l'hébergement de « cas sociaux ». Le tout en déplorant « les lois anti-petits bailleurs ». 

Il n’empêche que M. Benzair « coche toutes les cases du marchand de sommeil », a estimé Me Aurélien Leroux, avocat des locataires. Même son de cloche du côté du tribunal, qui relève chez l’accusé « son objectif de gagner de l'argent avec des logements qui n'auraient pas dû être loués ». L’instance judiciaire a ainsi décidé la confiscation de son bien immobilier et d'une somme de 29 000 euros saisie sur ses comptes.

L’homme de 79 ans, reconnu marchand de sommeil, a été condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis et avec mandat de dépôt différé. Une peine rehaussée d’une amende de 50 000 euros, d’une remboursement aux locataires des loyers indûment perçus - d’environ 19 000 euros -, ainsi que d’une indemnisation de leur préjudice moral, de 8 000 euros pour l'une, 4 000 euros pour l'autre. 

« Ce dossier est une construction basée sur des mensonges », a lancé M. Benzair au tribunal correctionnel de Marseille, après l'énoncé du jugement, évoquant son intention de faire appel. 

Virginie Kroun (avec AFP)
Photo de Une : Adobe Stock 

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