Intrusion chez Lafarge : une manifestation à Rouen en soutien aux gardés à vue
« Libérez nos camarades », scandaient près de 200 manifestants réunis à Rouen dans la soirée du 9 avril. Ces derniers s’étaient rassemblés pour exiger la libération de 17 personnes suspectées d’intrusion et de dégradations dans une cimenterie Lafarge, à Val-de-Reuil (Eure), en décembre dernier. Interpellés le 8 avril, les suspects sont depuis gardés à vue.
« Les temps sont durs pour ceux qui travaillent à un autre monde. Il ne faut rien lâcher pour les copains en garde à vue », a lancé Stéphane Martot, secrétaire régional d’EELV en Normandie.
Les faits remontent au 10 décembre 2023. Lors d’une journée nationale de mobilisation de militants écologistes contre les cimentiers, une centaine d’individus s’étaient introduits sur le site industriel de Lafarge (groupe Holcim) à Val-de-Reuil. Vêtus de combinaisons blanches et le visage masqué, ils avaient, selon le parquet d’Évreux, empêché l’agent de sécurité de sortir du site de sortir de son local et avaient commis « d’importantes dégradations ». Les dégâts ont été estimés à plus de 450 000 euros.
« Lafarge est l’une des entreprises les plus toxiques au monde »
Le 8 avril, 17 personnes suspectés d’avoir fait partie de ce groupe ont été interpellés et placées en garde à vue, dans le cadre d’une enquête confiée à la Sous-direction-antiterroriste (SDAT) de la Direction nationale de la police judiciaire et à la Direction territoriale de la police judiciaire de Rouen.
« On envoie les services de police liés au terrorisme pour une action bon enfant alors que Lafarge est accusé de liens avec Daech », a fustigé durant la manifestation Alexis Vernier, conseiller municipal LFI de Sotteville-lès-Rouen et conseiller à la métropole de Rouen.
Même indignation du côté de Sam, un manifestant qui se dit proche des personnes interpellées, selon lequel « Lafarge est l’une des entreprises les plus toxiques au monde ». L’homme revendique par ailleurs « l’arrêt définitif de l’artificialisation des sols ».
Selon les aveux des professionnels du secteur, la production de ciment et de béton représente 8 % des émissions de co2 mondiales, soit plus que celles du transport aérien et du transport maritime réunis.
Jérémy Leduc (avec AFP)
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