Les ministres européens se mobilisent pour un logement durable, abordable et inclusif
Les 7 et 8 mars, les ministres du Logement des 27 États-membres de l’Union européenne, des représentants de la Commission européenne, ainsi que des acteurs du logement et de la construction se sont réunis à Nice (06).
Au coeur de cette rencontre : la déclaration de Nice, proposée par la France, identifiant divers leviers d’actions pour mieux aborder la question du logement à l’échelle européenne.
Après deux jours d’échanges, l’ensemble des ministres européens ont adopté unanimement cette déclaration de Nice. « Cette déclaration porte l’importance du logement pour chacun d’entre nous, la volonté de travailler ensemble, la volonté de continuer les échanges de bonnes pratiques, la demande à la Commission qui a accepté de soutenir ce travail en commun, de continuer à analyser la situation des différents marchés du logement, partout dans les différents pays européens, et bien évidemment de soutenir la rénovation énergétique et la construction durable », s'est réjouie la ministre Emmanuelle Wargon, à l’issue de cette réunion mardi.
« Nous sommes donc tous mobilisés pour travailler ensemble au service du logement durable, abordable et inclusif. L’adoption de cette déclaration est une première étape sur un chemin que je trouve extrêmement prometteur », a-t-elle ajouté. Un chemin sur lequel se croisent différents enjeux transversaux tels que l'énergie, le développement urbain, et la cohésion sociale.
Abolir les inégalités d’accès au logement
On le sait, la pandémie liée à la crise sanitaire et les confinements ont renforcé l’importance du logement dans la qualité de vie des populations.
Or, elle a également renforcé les tendances inflationnistes sur les loyers et les prix de l'immobilier. Ainsi, selon la déclaration de Nice, 82 millions de ménages sont confrontés à des difficultés pour financer leur loyer dans l’UE, 17,1 % de la population vit dans des logements surpeuplés, et 10,3 % de la population dédie plus de 40 % de ses revenus au loyer.
Le document conclut donc que, dans l’UE, « les politiques nationales de logement doivent être adaptées à l'évolution des modes de vie et de travail, tout en s'attaquant mieux à l'exclusion des groupes les plus vulnérables en matière de logement, conformément au principe 19 du pilier européen des droits sociaux, relatif au logement et à l'aide aux sans-abri ».
Les ministres européens encouragent de surcroît la Commission européenne à soutenir le développement d’un vivier d’échanges de solutions de logements abordables, entre États-membres, en misant par exemple sur les trusts fonciers communautaires. Il convient également pour les représentants du Logement de réaliser, dans les prochains mois, une étude comparative des différents mécanismes en place dans l'Union européenne pour freiner l'augmentation des loyers et des prix de vente des logements. Un large éventail d’actions dont chaque État-membre pourrait s’inspirer selon l’évolution de son marché.
Et ce, sans compter la guerre en Ukraine, déclenchant une nécessité d’accueillir des réfugiés, qui bouleverse déjà le visage de l’immobilier en Europe. Sur le sujet, Emmanuelle Wargon évoque une « solidarité » durant la conférence ministérielle à Nice. Elle confirme par ailleurs la disponibilité de 11 000 places d’hébergement pour les réfugiés ukrainiens, annoncées par le Premier ministre Jean Castex ce mardi.
Protéger contre la précarité énergétique
La déclaration de Nice rappelle en outre que la lutte pour le logement abordable doit aller de pair avec celle pour le logement durable. Une problématique soutenue par tout un attirail d'initiatives européennes : Green Deal européen, plan d'action en faveur de l'économie circulaire, vague de rénovation, nouveau Bauhaus européen...
Initiatives qu’il convient donc de soutenir, en plus de nouveaux outils et axes favorisant la durabilité d’un logement, voire la zéro-artificialisation nette des sols. On compte notamment la reconversion des friches industrielles ou fonctionnelle d’un bâtiment, et la formation des professionnels aux filières d’innovation, comme la construction hors-site, technique qui reste cependant mal maîtrisée.
Autant de leviers vantés pour leurs qualités environnementales, mais aussi économiques, nous rappelle la déclaration de Nice. D’un côté car ces nouvelles filières représentent un vivier d’emplois, de l’autre car elles permettent de désamorcer des problématiques conjoncturelles telles que les pénuries de matières premières, mais aussi de main d'œuvre.
Reconnaissant que beaucoup d’actions de rénovation et d’économie circulaire dans l’Union européenne se déroulent au niveau local, les ministres européens appellent à une collaboration entre États-membres et autorités territoriales. Une manière d’adapter la politique du logement durable, abordable et inclusif aux spécificités sociales, culturelles, historiques, géographiques ou climatiques de l’environnement du bâti.
Afin de mieux définir les actions découlant de ces points d’entente, différents événements se tiendront dont la réunion annuelle de Housing Europe à Helsinki ou bien celle de la Commission européenne sur le New Bauhaus, toutes deux prévues en juin.
Virginie Kroun
Photo de une : Damien Carles / MTE