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La végétalisation, une nouvelle ère pour la construction neuve ?

Publié le 05 juin 2024

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La végétalisation s'impose comme une solution écologique dans le cadre de la transition écologique du bâtiment. Que ce soit sur les toitures ou les façades, cette pratique offre de nombreux avantages. Mais elle s'accompagne de son lot de défis et d'obstacles.
La végétalisation, une nouvelle ère pour la construction neuve ? - Batiweb

La végétalisation du bâti est en train de transformer la manière dont les acteurs du secteur conçoivent nos villes et nos bâtiments. Cette pratique, qui se développe rapidement, est d'ailleurs de plus en plus plebiscitée par les promoteurs immobiliers, contraints de respecter des exigences environnementales croissantes.

 

De multiples avantages

 

Le principal atout de la végétalisation est avant tout son impact positif sur la biodiversité. En intégrant des espaces verts dans les structures bâties, la végétalisation crée des habitats pour une variété d'espèces animales et végétales. « Les toitures et murs végétalisés offrent des refuges pour les oiseaux, les insectes pollinisateurs », contribuant ainsi à la biodiversité en milieu urbain, souvent dépourvu de tels espaces, introduit Julien Serri, directeur technique du Pôle Habitat FFB.

De plus, ces installations végétalisées jouent un rôle important dans la régulation des écosystèmes locaux. « Elles aident à maintenir la santé des sols, favorisent la pollinisation, et peuvent même contribuer à la lutte contre les espèces invasives en offrant des habitats à la faune locale. En recréant des micro-écosystèmes, elles participent à la résilience écologique des villes », poursuit-il.

Les toitures végétalisées, par exemple, agissent comme des isolants naturels. En été, elles réduisent la chaleur absorbée par les bâtiments en réfléchissant une partie des rayons solaires et en utilisant l'évapotranspiration des plantes pour refroidir l'air ambiant. En hiver, elles offrent une couche supplémentaire d'isolation qui aide à conserver la chaleur à l'intérieur des bâtiments. « Cette double fonction permet de réduire les besoins en climatisation et en chauffage, générant des économies d'énergie significatives et améliorant le confort thermique des occupants », détaille Julien Serri.

En effet, certaines études montrent que les bâtiments dotés de toitures végétalisées peuvent bénéficier d'une réduction de la consommation énergétique pouvant atteindre jusqu'à 75 % en été. Cette performance énergétique se traduit non seulement par des économies financières pour les propriétaires et les gestionnaires de bâtiments, mais aussi par une diminution de l'empreinte carbone.

Les toitures végétalisées sont capables d'absorber une grande quantité de précipitations, réduisant ainsi le volume d'eau qui atteint les systèmes de drainage urbain. Cela diminue les risques d'inondations et d'engorgement des égoûts pendant les épisodes de fortes pluies. Un véritable atout quand on sait que 2 035 communes ont été victimes d'inondations en 2022, selon les derniers chiffres de France Assureurs.

« En absorbant et en stockant l'eau de pluie, ces toitures contribuent à la recharge des nappes phréatiques et à la réduction des îlots de chaleur urbains. De plus, elles peuvent être intégrées à des systèmes de récupération d'eau de pluie pour des usages non potables tels que l'irrigation des espaces verts ou le nettoyage des voiries », souligne le directeur technique du Pôle Habitat FFB.

 

Un coût élevé et une réglementation spécifique

 

L'un des principaux obstacles à la végétalisation des bâtiments est son coût initial. Les installations de toitures et murs végétalisés nécessitent des investissements substantiels pour leur conception et leur mise en place. Cela inclut les coûts des matériaux, des systèmes d'irrigation, et de la main-d'œuvre spécialisée. Bien que ces coûts puissent être partiellement compensés par les économies d'énergie et les avantages environnementaux à long terme, pour Julien Serri, « ils représentent encore un frein significatif pour de nombreux projets ».

En outre, l'entretien des installations végétalisées est crucial pour leur succès à long terme. Les plantes nécessitent des soins réguliers, notamment l'arrosage, la fertilisation, et la taille. « L’absence de maintenance adéquate peut conduire à la détérioration des plantes, compromettant ainsi les bénéfices esthétiques et fonctionnels des toitures et murs végétalisés », développe-t-il, malgré que cet entretien représente « un coût supplémentaire » et « nécessite souvent l'intervention de professionnels formés ».  

L’installation de ces systèmes peut également exiger des compétences spécialisées et des technologies spécifiques, ce qui peut allonger les délais de construction, et encore une fois, augmenter les coûts

D'un point de vue réglementaire, les projets de végétalisation doivent souvent se conformer à des normes et des restrictions locales. « Par exemple, certaines municipalités peuvent imposer des limitations sur l'apparence des façades ou les types de végétation autorisés, rendant le processus de planification et d'approbation plus complexe. Ces contraintes peuvent dissuader certains promoteurs et architectes de se lancer dans des projets de végétalisation, malgré leurs avantages potentiels », explique le directeur technique.

Quant à leur acceptation sociale, elle peut varier en fonction des préférences esthétiques des individus et des communautés. « Bien que de nombreuses personnes apprécient les espaces verts, d'autres peuvent percevoir les toitures et murs végétalisés comme non conventionnels ou même inesthétiques ». De plus, les installations mal entretenues peuvent rapidement perdre de leur attrait visuel, suscitant des réactions négatives de la part des résidents, et parfois des passants.

 

Quelles perspectives ?

 

Pour surmonter ces défis, de nombreuses innovations technologiques et pratiques commencent à voir le jour, comme des systèmes d'irrigation intelligents capables de réguler automatiquement l'arrosage en fonction des besoins des plantes. De plus, « les matériaux légers et les substrats de culture avancés permettent de réduire le poids des installations, les rendant accessibles à un plus grand nombre de structures », ajoute M. Serri.

Pour cela, « les pouvoirs publics doivent jouer un rôle essentiel dans la promotion de la végétalisation des bâtiments », explique-t-il, notamment avec « des incitations financières, telles que des subventions, des crédits d'impôt, et des réductions de taxes » qui peuvent aider à compenser les coûts initiaux élevés et encourager davantage de projets de végétalisation. « En outre, l'intégration de la végétalisation dans les réglementations urbanistiques et les plans d'aménagement peut favoriser son adoption à grande échelle », insiste le directeur technique. 

La sensibilisation des propriétaires, des gestionnaires de bâtiments, et des résidents aux avantages de la végétalisation est également « fondamentale » pour son acceptation et sa prospérité. C’est pourquoi, des campagnes d'information et des programmes de formation « peuvent aider à dissiper les préjugés et à promouvoir les bonnes pratiques en matière de conception, d'installation, et d'entretien des toitures et murs végétalisés », conclut-il.

 

> Consulter le dossier spécial Végétalisation du bâti

 

Propos recueillis par Marie Gérald

Photo de une : Adobe Stock

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