Instabilité politique et immobilier ne font pas bon ménage, rappelle la FNAIM
En cette mi-juin, la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM) dressait le bilan du premier semestre 2024.
La menace d’une instabilité politique
En introduction, Loïc Cantin, son président, a fait référence au contexte politique actuel, rendant très incertaines les perspectives de reprise du marché immobilier.
Selon lui, cette instabilité politique menacerait la légère reprise esquissée depuis le mois de mars, risquant de ralentir les acquisitions et investissements des Français.
« Les crises politiques se sont souvent traduites par des crises financières, et ces crises financières ont aussi amené une crise du logement(…) Nous sommes à chaque fois les victimes, je dirais, de cette instabilité », a-t-il déploré.
Pour l’heure, de nombreux projets de loi concernant le logement sont suspendus en raison de la dissolution de l’Assemblée nationale, que ce soit sur la rénovation énergétique, le rééquilibrage fiscal du marché locatif ou la portabilité des prêts. Seule la loi sur les copropriétés dégradées a eu le temps d’être adoptée.
Selon Loïc Cantin, le prochain défi de la majorité sera donc de mettre en œuvre une véritable politique contre la crise du logement.
« Trois ministres délégués au logement en 18 mois, c'était beaucoup déjà pour exprimer une stabilité politique et une vraie vision de la politique du logement », a par ailleurs taclé le président de la FNAIM.
Le défi de la rénovation énergétique
Autre défi : celui de la rénovation énergétique, alors que 4,8 millions de logements français sont aujourd’hui classés F ou G, et donc à rénover. La FNAIM estime que ces logements nécessitent en moyenne 40 000 euros de travaux. Pour atteindre les objectifs fixés, il faudrait donc 55 milliards d’euros de travaux par an d’ici 2018.
Or, comme le rappelle la fédération, le nombre d’entreprises du bâtiment labellisées « Reconnu Garant de l’Environnement » (RGE) est en baisse, alors même que ce label est indispensable pour bénéficier des aides à la rénovation énergétique. À ce jour, seules 11 % des entreprises du bâtiment détiendraient ce label, soit environ 62 000.
Des prix qui devraient continuer de baisser
Au premier trimestre, la baisse des volumes et des prix s’est confirmée. Ainsi, les prix ont baissé de 3,8 % sur la France entière sur un an au 1er juin 2024, et même de 7,7 % à Paris, de 6,1 % dans le top 10 des villes de province, et de 5,3 % en Île-de-France. La FNAIM souligne qu’il s’agit de « la plus forte baisse depuis 15 ans ».
Évolution des prix dans l'immobilier ancien. Source : FNAIM
Côté crédits immobiliers, les taux d’intérêts sont passés de 4,21 % en décembre 2023 à 3,73 % en mai 2024.
Pour la suite de l’année, la FNAIM estime que les taux de crédits devraient se stabiliser autour de 3,5 %, les prix continuer de baisser de 5 à 7 %, et que la baisse des transactions devrait atteindre un plateau autour de 800 000 (-32 % en 3 ans).
Pour relancer le marché immobilier, la FNAIM soutient plusieurs mesures, à commencer par la portabilité et la transférabilité des prêts, la suspension à titre expérimental des normes du HCSF pendant un an, le retour de l’APL Accession pour les primo-accédants, ou encore la Vente en État Futur de Rénovation Énergétique (VEFRE), visant à inclure les futurs travaux dans le prix de vente.
Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock