Crise du logement : l’Alliance pour le logement Île-de-France propose ses solutions
Regroupés autour d’une table, les membres de l’Alliance pour le logement d'Île-de-France ont tiré la sonnette d’alarme et proposé un ensemble de mesures censées relancer la construction de logements dans la région.
Un secteur capital en tous points
La crise du logement impacte le pays depuis de nombreux mois maintenant. Relancer l’activité est primordial, au regard du poids économique de la filière dans l’économie française. Rien qu’en Île-de-France, la construction de logements représente 10,5 % du PIB de la région, soit la 1ère industrie contributrice. Dans la région, en 2023, ce sont 17,6 milliards de chiffre d’affaires pour les seules entreprises du bâtiment, et 17,2 milliards pour les entreprises de promotion immobilière.
Par ailleurs, le secteur emploie jusqu’à 2,3 millions de personnes, soit 9% de l’ensemble de la population francilienne. Une population qui est d’ailleurs amenée à croître, comme le rappelle Emmanuel Dezellus, chef de file de l’Alliance pour le logement Île-de-France. Selon une étude de l’INSEE, plus de 3,6 millions de nouveaux ménages sont attendus dans la région entre 2020 et 2050. D’où la nécessité de tout faire pour relancer la construction, afin de pouvoir accueillir au mieux ces nouvelles populations.
Si la population est amenée à grandir dans la région, paradoxalement, les habitants des grandes villes perdent en confort, et de plus en plus de jeunes doivent revoir leurs projets du fait de difficultés à trouver un logement qui leur conviennent. En effet, 26 % des moins de 35 ans affirment avoir été obligés de retarder leur reconversion professionnelle, 14 % de refuser un emploi ou 12 % de renoncer à poursuivre leurs études.
Débloquer les projets et modérer les exigences
Devant ce constat alarmant, la relance de l’activité du secteur dans la région francilienne apparaît comme primordiale. C’est en ce sens que l’Alliance pour le logement Île-de-France a dévoilé un ensemble d’actions à prioriser pour endiguer cette crise qui paralyse la filière depuis trop longtemps maintenant.
Il s’agit dans un premier temps de débloquer les projets. Nombre d’entre eux font l’objet d’un blocage, qu’il soit administratif, environnemental, judiciaire ou politique. Désignés par le préfet de la région, des correspondants départementaux ont été nommés afin de réunir les parties prenantes autour de ces projets pour analyser et tout faire pour trouver des solutions et débloquer ces projets.
Pour que les projets de construction ne fassent plus l’objet de blocages, l’Alliance pour le logement IdF prône un appui fort de l’État face aux refus de permis de construire de tout ordre et aux recours abusifs.
L’Alliance appelle également à modérer les exigences des Établissements publics d’aménagement et les aménageurs type SEM. Ces derniers sont aujourd’hui porteurs d’un grand nombre d’opérations qui doivent représenter plus de 30 % de la production annuelle de logements neufs en IdF grâce aux maîtrises foncières données par les collectivités.
L’Alliance demande également aux Conseils d’administration de ces établissements de présenter des cahiers des charges moins contraignants. Un élan qui a déjà été amorcé par Grand Paris Aménagement et son président. L’organisation souhaite également que soit stoppé les surenchères normatives des Établissements Publics d’Aménagement et des Sociétés d’Économie Mixte. Au cours de la conférence de presse donnée par l’Alliance, il a aussi été question d’installer un observatoire, associant les professionnels, permettant de constater les réelles mises en chantier de ces établissements.
Le rôle des élus locaux et du Comex logement régional
Emmanuel Dezellus et ses pairs appellent également à la mobilisation des élus locaux, afin que ces derniers puissent délivrer des permis de construire pour les projets conformes au PLU ou PLUi. « Trop d’exemples nous parviennent sur son non-respect », souligne le chef de file de l’Alliance pour le logement Île-de-France. Les élections municipales ne peuvent plus être des arguments de blocage quand il y a urgence à construire (à chaque élection municipale, la production de logements chute de 20 %).
Pour y remédier, l’Alliance appelle à supprimer chaque fois que possible les chartes communales ou intercommunales, souvent sources d’augmentation du prix de sortie. L’organisation souhaite également que soit délivrés les permis de construire lorsqu’ils sont conformes aux PLU/PLUi, et que soient mises entre parenthèses les chartes d’urbanisme inflationnistes. Il peut également s’avérer pertinent d’inciter financièrement les maîtres bâtisseurs.
Enfin, l’Alliance pour le logement Île-de-France appelle à réunir le Comex logement régional, animé par le préfet de région au moins cinq fois par an et à consacrer une partie de la réunion au suivi des actions des correspondants départementaux, à l’observatoire des Établissements Publics Expérimentaux et SEM sur leur réelle production de logements et à l’évolution et la mise en application au niveau du terrain des mesures de simplifications demandées.
Jérémy Leduc
Photo de une : Adobe Stock