Un liant à base de coquillages testé sur les routes franciliennes

Le projet Libarot n’a jamais été aussi proche de rendre son verdict. Lancé en 2023 pour développer un liant hydraulique routier bas carbone à base de coproduits coquilliers, celui-ci doit permettre de réduire l’empreinte carbone des infrastructures routières.
Ladite solution a été mise en œuvre sur le site de Monthyon Enrobés, sur un chantier qui se compose d’une chaussée de 200 mètres de long et 5 mètres de large. Il s’agit ici de tester ce liant innovant en situation réelle et d’établir une comparaison avec un liant classique.
Avec le chantier expérimental mené sur le site de Monthyon Enrobés, et subventionné par la Région Île-de-France, le projet Libarot entre donc dans sa phase finale.
Proposer les mêmes performances mécaniques qu’un liant traditionnel
Breveté en novembre 2024, le matériau a été conçu par l’unité de recherche de Builders École d’ingénieurs, en partenariat avec les équipes de la Direction technique, recherche et innovation d’Eiffage Route. La solution est composée pour 80 % de co-produits et de matières recyclés (dont 40 % de coquilles Saint-Jacques broyées fournies par la société CSTB Environnement) et présente un impact carbone divisé par quatre par rapport à un ciment portLand classique.
La solution est utilisée ici dans le cadre d’un chantier de retraitement de chaussée zéro déchet marqué par le réemploi de la structure existante. Un retraitement en place et un exemple de revalorisation rendus possibles par l’intervention de l’atelier de retraitement de chaussée ARC 600 d’Eiffage Route.
Le chantier test de Monthyon a nécessité 10 tonnes de liant innovant, fabriquées en Normandie chez RSI-TP. Recouvert par deux couches d’enrobés bitumineux, le matériau retraité en place avec ce liant bas carbone présente les mêmes performances mécaniques que celles obtenues avec un liant conventionnel plus riche en clinker. Il supporte ainsi le passage intensif de poids lourds sur la chaussée retraitée.
Offrir une seconde vie aux déchets coquilliers non valorisés
Le projet Libarot (LIant BAs carbone pour l’infRastructure rOuTière) a pour vocation première de répondre aux enjeux de développement durable auxquels est confronté le secteur du BTP. En diminuant la consommation de ressources primaires, et en privilégiant des ressources renouvelables comme les coquilles Saint-Jacques présentes en grande quantité sur les côtes normandes, le projet participe à la réduction de l’impact carbone des infrastructures routières.
Initié en 2023, le projet co-financé par les régions Normandie, Île-de-France et l’Ademe dans le cadre du Contrat de Plan Interrégional Vallée de la Seine, s’achèvera à l’été 2025. Il ne restera alors plus qu’à mener l’analyse du cycle de vie (ACV) du matériau dans ses différentes applications (stabilisation des couches de fondation routière, béton de route pour les glissières de sécurité et les bordures).
Le projet Libarot s’appuie sur l’expertise reconnue de l’unité de recherche de Builders École d’ingénieurs dans le domaine de la valorisation des co-produits coquilliers comme matériaux alternatifs aux matériaux traditionnels.
Ce savoir-faire a permis de développer des pavés drainants à base de coquilles capables de restituer la fraîcheur en cas de fortes chaleurs.
Jérémy Leduc
Photo de Une : Adobe Stock