Un fonds pour lutter contre la précarité énergétique
Le fonds Énergie Solidaire naît au sein des Amis d’Enercoop, association elle-même rattachée à Enercoop, coopérative française et fournisseuse d’énergies renouvelables. Tout cet écosystème oeuvre à un même objectif : soutenir « une transition énergétique citoyenne, portée par les citoyens, pour les citoyens sur le territoire », nous expose Kevin Chaplais, délégué général d'Énergie Solidaire.
Si Enercoop s’était déjà emparé du sujet sous bien des aspects (sobriété, efficacité, renouvelable), la question de la précarité énergétique dans le logement, était encore à explorer. « On sait que le logement, est à la fois une source d’émissions de gaz à effet de serre non négligeable, et qu'en plus de cela, plus de cela 12 millions de personnes se trouvaient en situation de précarité énergétique il y a cinq-huit ans », nous rapporte Kevin Chaplais.
Les Amis d’Enercooop ont ensuite rencontré des associations, issues notamment du réseau RAPPEL. Luttant contre la pauvreté, ces structures avaient des idées, mais pas forcément les moyens de les accomplir.
Un double mécanisme de dons financiers
De là est venu le lancement du fonds Énergie Solidaire, qui repose sur un double mécanisme de dons. On relève d’abord un système de micro-don. Aujourd’hui, 4 200 particuliers sur les 90 000 ayant souscrit à l’abonnement Enercoop acceptent de donner 1 centime par KWh consommé. À cette collecte s’ajoute un versement tiré d’excédent d’énergie - notamment photovoltaïque - produite par des collectivités, en autoconsommation.
« Mais comme elles avaient des subventions publiques, notamment nationales/européennes, pour investir dans ces moyens de production, elles n’avaient pas le droit de revendre le surplus », nous explique Kevin Chaplais. Enercoop propose maintenant aux collectivités de lui reverser ce surplus, dont elle reverse ensuite la valeur à Énergie Solidaire. Le fonds, lui, s’engage à reverser ces montants à une association accompagnant les ménages contre la précarité énergétique, proche du producteur d’EnR, favorisant ainsi le circuit-court.
Parmi ces donateurs, Enercoop compte une forte concentration de collectivités du sud de la France, dont les communes Prémian (34) ou Itzac (81). La coopérative a toutefois également collaboré avec le bailleur social parisien RIVP, et a récemment signé des contrats avec les mairies de Bordeaux et de Tours.
Elle prévoit également un rapprochement avec les producteurs d’énergie éolienne. Un autre pas vers le renouvelable, alors que la loi visant à accélération les projets EnR a été adoptée à l’Assemblée nationale début février. Pour le délégué général d'Énergie Solidaire, « c’est un pas en avant non négligeable pour contribuer à augmenter la part d'énergie décarbonée dans notre mix énergétique. Cependant, on peut regretter le manque de nouveaux moyens et d'objectifs réalistes pour appuyer les grands principes d'action exposées ». D’où le programme déployé depuis janvier dernier avec la région Occitanie, qui consiste à sonder les besoins du territoire en actions et outils pour accompagner sa transition énergétique. C’est dans cette démarche qu’Énergie Solidaire appelle aux dons, aussi bien de producteurs d’EnR que d’entreprises occitanes, dont les industriels du bâtiment.
Un appel à projets 2021 consacré à la rénovation performante
D’autant que le dernier appel à projets d’Énergie Solidaire, lancé en 2021, se concentrait sur la rénovation globale. Au lancement, l'objectif annoncé était de réaliser 27 rénovations complètes et performantes à l’issue de la réalisation des actions. Dans ce sens, 100 000 euros ont été redistribués à quatre associations (Soliha Drôme, Créaq, Alisée, ALEC 07), visant à accompagner les ménages dans la rénovation de leur logement.
« L’accompagnement consiste à faire, par exemple, une visite socio-technique au domicile d’un ménage qui rencontrerait des problèmes de précarité énergétique, d’évaluer le besoin, et ensuite de proposer un accompagnement adapté. Un peu comme un tiers de confiance, où l’idée va être de monter les dossiers de financements », nous détaille Kevin Chaplais.
Tout un parcours permettant à ces foyers d’aller jusqu’au bout de leur projet de rénovation, alors que la plus part manquent de moyens. D’ailleurs, en novembre, les débats à l’Assemblée nationale visaient à rehausser le budget étatique accordé à la rénovation énergétique. Mais le projet a été évincé par le gouvernement. « C’est quand même des montants astronomiques. Néanmoins quand on se rend compte de l’étendue des besoins, on se dit il faut moins cela », commente Kevin Chaplais.
Mais selon le délégué général d’Énergie Solidaire, ce n’est pas tout de « pondre » les aides, encore faut-il les rendre accessibles auprès des ménages, souvent démunis face à la complexité des démarches. Car si les ménages modestes constituent « 70 % des bénéficiaires de MaPrimeRénov’ et des dispositifs de l’Anah », « la plupart ont fait des petits travaux et n’ont pas été en mesure de faire des travaux plus ambitieux. Quand on regarde MaPrimeRénov’ Sérénité, qui est davantage pour les ménages modestes et des rénovations ambitieuses, on se rend compte que ça n'est même pas 5 % de tout cela », constate-t-il.
Au-delà de l’accompagnement des dossiers, Énergie Solidaire finance des associations comme Dorémi, qui forme les artisans à la rénovation globale, et ainsi complète le circuit.
Peut-être que le prochain appel à projet national, démarrant en juin 2023 et dont le thème n’est pas encore connu, apportera également sa pierre à l’édifice…