Isolation : quels sont les travaux et isolants à privilégier ?
À une époque où le prix des énergies n’a de cesse de grimper et où les températures deviennent de plus en plus extrêmes, l'énergie utilisée pour se chauffer ou se rafraîchir doit être réduite au maximum, sans sacrifier le confort thermique. Ce dernier occupe une place de plus en plus importante parmi les préoccupations des Français. Mais comment faire pour atteindre un bon confort thermique ? Quels travaux sont à réaliser pour avoir suffisamment chaud en hiver, et pour limiter la chaleur en été ?
Privilégier l’isolation de la toiture avant de s’attaquer aux murs
Selon Nicolas Bretault, responsable marketing opérationnel chez Isover, marque du groupe Saint-Gobain spécialisée dans l'isolation en laine de verre, le premier geste à réaliser dans une maison est l’isolation du grenier. « L’isolation du grenier, ou des combles perdus, c’est le geste le plus facile, le moins cher, et celui qui rapporte le plus d’efficacité », explique-t-il.
Même raisonnement pour Vincent Marcolla, chef de produit chez Rockwool, spécialiste de la laine de roche. M. Marcolla justifie le fait de commencer par les combles par un pourcentage plus élevé de déperdition énergétique dans cette partie de la maison : « On a l’habitude de dire qu’on constate 30 % de déperditions énergétiques par le toit, 20 % par les murs, et 10 % par le sol. On conseille donc de faire un mix entre ces trois postes-là, et de commencer par les combles, pour avoir une bonne isolation chez soi, qu’elle soit thermique ou acoustique ».
« Pour le confort d’été, étant donné que le soleil arrive par le dessus, il est logique de commencer ses travaux d’isolation par la toiture », estime également Charles Kirié, président de l’Ecima, association représentant les fabricants de ouate de cellulose.
Une fois l’isolation de la toiture réalisée, il est maintenant l’heure de s’attaquer aux murs. Cependant, pour ces derniers, les travaux présentent quelques particularités qui peuvent décourager les particuliers. Une isolation par l’intérieur, en plus d’entraîner une perte d’espace habitable pour le résident, contraint ce dernier à déménager ses meubles, ce qui peut être dérangeant. À l’inverse, une isolation des murs par l’extérieur n’inclut pas tous ces désagréments, mais conduit à une facture bien plus élevée.
« À cause de tous ces facteurs, l’envie d’isoler ses murs pour le client est beaucoup moins forte. On leur explique donc qu’il est important de faire les deux, sinon on ne traite que la moitié du problème », explique Nicolas Bretault.
ITE versus ITI
Mais alors, que ce soit pour les murs ou pour la toiture, faut-il opter pour une isolation thermique par l’extérieur (ITE) ou pour une isolation thermique par l’intérieur (ITI) ?
Selon Vincent Marcolla, s’il est possible d’avoir le choix, mieux vaut privilégier l’isolation thermique par l’extérieur. Et ce, pour deux principales raisons : « La première, c’est la performance. Notamment sur des murs, où vous allez apporter plus d’inertie à la paroi. La chaleur et le froid vont être bloqués dès l’extérieur, avant de rentrer dans la paroi, plutôt que d’être bloqués une fois qu’ils sont dans la maison. Cela n’est cependant pas toujours possible selon le type de maison. La seconde raison est que l’isolation par l’extérieur vous permet de rester chez vous pendant les travaux ».
Au-delà de pouvoir rester confortablement chez soi, l’isolation par l’extérieur présente un autre atout majeur. Amaury Omnès, président de l’Association Française de l’Isolation en Polystyrène Expansé dans le Bâtiment (AFIPEB) et directeur général de Hirsch Isolation, explique ceci : « Il y a un gros point fort en faveur de l’isolation par l’extérieur, c’est que l’on empiète pas sur la surface habitable à l’intérieur. Et ça, dans certaines zones où les prix au mètre carré peuvent être exorbitants, le fait de perdre seulement quelques centimètres en épaisseur sur une pièce peut avoir un gros impact financier ».
Priorité à l’isolation
Une fois les travaux d’isolation des combles et des murs effectués, il est possible d’optimiser davantage sa consommation d’énergie, en installant des panneaux photovoltaïques sur les toits, ou en faisant l’acquisition d’une pompe à chaleur par exemple. Nicolas Bretault explique cependant qu’il est primordial de bien procéder dans cet ordre : « Quand on entame des travaux de rénovation énergétique, la priorité, c’est l’isolation thermique. Chez Isover, nous avons une petite phrase qui dit "Changer sa pompe à chaleur dans une maison non isolée, c’est comme rouler la fenêtre ouverte avec la climatisation en marche" ».
Une façon d’expliquer qu’avant de procéder à l’installation d’une pompe à chaleur, il est primordial de bien isoler son logement. Une fois fait, la pompe à chaleur installée peut être dimensionnée de manière bien plus efficace. Cette dernière n’est pas faite pour tourner à plein régime. « On isole d’abord, et on change pour une pompe à chaleur ensuite seulement », résume clairement le responsable marketing opérationnel chez Isover.
Malheureusement, cette façon de procéder n’est pas encore connue de tous d’après Amaury Omnès : « Très concrètement aujourd’hui, on constate que le premier geste appliqué, c’est la pose d’équipements, ce n’est pas l’isolation. Alors que si on veut vraiment impacter la planète positivement, avec moins de consommation d’énergie, il faut privilégier l’isolation du logement avant les équipements ».
L’isolant miracle n’existe pas
Une fois la décision prise d’entamer des travaux d’isolation thermique, il faut se poser la question de savoir quel isolant utiliser. Car en effet, il existe plusieurs types d’isolant comme la laine minérale, qui regroupe notamment la laine de roche et de verre, la ouate de cellulose, qui est un isolant biosourcé, ou encore le polystyrène expansé, qui est un isolant issu de l’industrie pétrochimique.
À en croire Nicolas Bretault, chaque isolant a ses propres particularités, explique-t-il : « Notre philosophie chez Isover, c’est d’avoir le bon produit au bon endroit. La laine de verre est le meilleur matériau dans un grand nombre d'applications, en particulier en isolation par l'intérieur. Elle est best-in-class dans quasiment toutes les catégories : thermique - confort d'été et d'hiver - et acoustique. Elle est fabriquée à partir de 50 % de verre recyclé, et est 100 % recyclable. Quand on va vouloir un isolant sur lequel on va marcher ou sur lequel on va déposer un enduit, en façade par exemple, on va lui demander une certaine rigidité. La laine de roche peut donc être un meilleur compromis. À chaque usage son meilleur produit ».
Malgré ces particularités qui diffèrent selon les isolants, en termes de ventes, un type d’isolant domine le marché selon Vincent Marcolla, chef de produit chez Rockwool : « Ce qui se vend le plus en rénovation de maison individuelle, cela reste quand même les laines minérales, à savoir les laines de verre et laines de roche ». Des isolants qui se révèlent être un bon compromis entre la performance thermique, la protection au feu - c’est un produit incombustible - et le confort acoustique, souligne V. Marcolla.
Les isolants biosourcés ont le vent en poupe
Cependant, un type d’isolant est en plein essor. Bien soutenus par la RE2020, les produits biosourcés séduisent de plus en plus. Ces isolants ne représentent néanmoins qu’une petite partie de l’environnement global, comme le rappelle Nicolas Bretault : « Aujourd’hui, je crois que les biosourcés doivent représenter une dizaine de pourcent des isolants vendus en France ». Mais ce dernier souligne qu'il s'agit aujourd'hui du type d’isolant qui se développe le plus rapidement.
Au-delà de leur dimension écologique, les isolants biosourcés présentent de réelles atouts, comme l’explique le président de l’Ecima : « L’air traverse moins bien la ouate de cellulose que la laine de verre par exemple, car l’isolant biosourcé est plus dense que la laine minérale. C’est à la fois le poids, la densité et l’inextricabilité des fibres composant la ouate de cellulose, qui expliquent ces performances thermiques ». Des caractéristiques qui octroient également une bonne résistance acoustique.
Face à ce nouveau type d’isolant, la question de savoir si les isolants plus traditionnels vont pouvoir perdurer est légitime. Sur ce point, Amaury Omnès, président de l’AFIPEB, n'est pas inquiet : « Des sujets extrêmement importants vont arriver, comme la recyclabilité des produits et leur capacité à rester performants dans le temps. Beaucoup de produits sont en apparence de bons isolants, mais si on passe cinq ou dix ans après, il faut que la performance soit toujours là. Quand on isole une maison, c’est pour 50 ans. On sait que le polystyrène ne va pas s’affaisser, ne va pas moisir… Sa performance thermique sera la même dans 50 ans, du fait de sa structure physique. Et en plus c’est un produit qui est 100 % recyclable. On est donc tout à fait conscient que le polystyrène a sa carte à jouer dans les années à venir », estime-t-il.
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Propos recueillis par Jérémy Leduc
Photo de une : Adobe Stock