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Politique énergétique : quel programme pour les candidats ?

Publié le 24 mars 2022

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La hausse des prix de l’énergie, liée à un contexte international de reprise économique, et la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui a éclaté le 24 février dernier, et menace l’Europe de nombreuses répercussions sur l’approvisionnement en gaz, posent nettement la question de la transition écologique en France. À l’aube de l’élection présidentielle, Batiweb s’est penché sur les programmes des candidats en matière d’énergie. Entre ceux qui ne jurent que par les énergies renouvelables, d'autres qui plaident pour une relance du nucléaire, et quelques-uns qui recommandent un « en même temps », le secteur de l’énergie suscite de nombreuses propositions. Décryptage.
Politique énergétique : quel programme pour les candidats ? - Batiweb

Alors que dans son dernier rapport d’évaluation publié le 28 février dernier, le GIEC indiquait que des efforts avaient été réalisés pour réduire les émissions de CO2, les auteurs dénonçaient toutefois une « inadéquation des moyens mis en œuvre face à la rapidité des changements », signe d’un « manque de volonté politique ». 

En 2019, 47 % du bouquet énergétique primaire français provenait de sources fossiles (pétrole, charbon et gaz). Ainsi, pour la plupart des acteurs majeurs du secteur de l’énergie tels que l’association Équilibre des Énergies, ou le Syndicat des Énergies Renouvelables (SER), cette part doit être réduite très rapidement pour atteindre la neutralité carbone en 2050 et contenir le réchauffement climatique sous la barre des 1,5 °C.

Vital pour l’activité économique, le secteur de l’énergie représente donc, pour le prochain quinquennat, et plus largement pour que la France tienne ses objectifs climatiques, un enjeu décisif. « L’urgence climatique impose en effet de mettre en place un véritable plan de bataille pour respecter la trajectoire fixée par l'Accord de Paris », déclarait le SER dans ses propositions adressées aux candidats. Mais alors quelle est la vision des candidats à l’élection présidentielle sur l’avenir énergétique français ? 

 

Atteindre la neutralité carbone 

 

Alors que l’urgence climatique s’accélère, le ou la prochaine présidente de la République française aura la lourde tâche de s’emparer de cet enjeu. La production massive et bon marché de l’énergie qui répond à la demande de l’industrie et des particuliers nécessite des ressources énergétiques ainsi que des matières premières disponibles, mais doit limiter l’impact environnemental, et notamment les émissions de gaz à effet de serre.

Pour Brice Lalonde, ancien ministre de l’Environnement et président d’Équilibre des Énergies : « La France ne doit pas manquer son rendez-vous avec la neutralité carbone. Il est primordial de trouver le bon équilibre afin de lancer la transition énergétique avec le soutien des Français ».

Sur cette question de neutralité carbone, les candidats à l’élection présidentielle sont plutôt unanimes. En revanche, la question de l’électricité, et plus particulièrement la question du mix énergétique entre nucléaire et énergies renouvelables occupe le débat public. Les hausses de prix de l’électricité et du gaz ont fait grimper les factures de millions de Français, et la question de la souveraineté énergétique a été remise en cause. Souffrant d’une mauvaise image depuis l’accident de la centrale de Fukushima en 2011, la filière du nucléaire a ainsi été remise sur le devant de la scène.

 

Investir dans le nucléaire 

 

Une majorité des candidats à l’élection présidentielle approuve le recours aux centrales nucléaires pour produire de l’électricité, ce qui permettrait, entre autres, à la France de remplir ses engagements internationaux de réduction de gaz à effet de serre. 

Valérie Pécresse, la candidate des Républicains, entend atteindre la neutralité carbone en relançant l’atome, et en promouvant l’innovation. Pro-nucléaire, elle mise sur le développement de la filière et désire construire « au moins » six nouveaux EPR, et prolonger la durée de vie des centrales existantes. La candidate LR défend également une taxe carbone aux frontières de l’Union Européenne pour se protéger contre « le dumping social et environnemental ».

Même constat dans le programme de Marine Le Pen (Rassemblement National) qui souhaite développer le nucléaire, l’hydrogène et l’hydroélectrique. Son principal objectif ? « Renforcer l’indépendance énergétique de la France ». La candidate du RN entend également mettre en place un moratoire sur les éoliennes et va même jusqu’à proposer de démanteler celles déjà installées. Elle souhaite ainsi « rendre aux ménages les 5 milliards de subventions versées aux éoliennes ». 

Jean Lassalle (Résistons !) déclare également vouloir prolonger de 25 ans les centrales nucléaires en fin de vie tout en stoppant l’éolien et le photovoltaïque. À l’instar d’Éric Zemmour (Reconquête), qui a pour ambition de développer le nucléaire en faisant construire quatorze nouveaux réacteurs. Ce dernier souhaite aussi interdire tout nouveau projet de construction d’éoliennes sur terre et en mer afin de « préserver nos paysages ».

Des volontés communes qui vont à l’encontre des recommandations de RTE, qui indique que l’objectif de neutralité carbone sera « impossible à atteindre sans un développement significatif du renouvelable ». 

 

« En même-temps »

 

Emmanuel Macron (La République en Marche) prône quant à lui le « en même-temps ». En effet, le président sortant souhaite que la France réinvestisse dans l’énergie nucléaire « par souci de transition écologique » et de « souveraineté industrielle ». Il entend par là la construction de six EPR2 d’ici à 2050, et des études pour huit réacteurs supplémentaires. En parallèle, il mise sur le développement des énergies renouvelables puisqu’il indique vouloir construire cinquante parcs éoliens en mer. Enfin, pour atteindre l’objectif de neutralité carbone, qu’il considère comme une « priorité de la politique énergétique », l’actuel président de la République annonce vouloir engager une « rupture profonde » avec la consommation d'énergies fossiles. « Je veux que la France soit la première grande nation à atteindre la neutralité carbone », déclare-il. 

De son coté, Fabien Roussel (Parti Communiste Français) est le seul candidat clivant à gauche souhaitant relancer le nucléaire français en construisant au moins six nouveaux EPR. Il appelle à constituer « un mix énergétique 100 % public et 100 % décarboné ». Une idée partagée par le syndicat Équilibre des Énergies, qui demande aux candidats d’opter rapidement pour un mix électrique équilibré entre nucléaire et énergies renouvelables, de façon à « faire face à la croissance prévisible des besoins, à assurer la robustesse du réseau et à préserver l’indépendance de notre approvisionnement électrique ». 

Par ailleurs, le candidat communiste réclame une loi pour rendre obligatoire la « rénovation énergétique des logements d’ici à 2040 » sans reste à charge pour les plus modestes, en y consacrant 10 milliards d’euros par an.

 

Tout miser (ou presque) sur les énergies renouvelables 

 

Les énergies renouvelables représentent aujourd’hui près de 166 000 emplois. Dans ses propositions adressées aux candidats à la présidentielle, le Syndicat des Énergies Renouvelables (SER) indique même que ce secteur d’activité pourrait générer près de 100 000 emplois supplémentaires d’ici 10 ans. Pour cela, le syndicat considère qu’il est « urgent d’agir ». « Ce dont nous avons besoin est l'expression d'une volonté politique claire et sans équivoque », explique Jean-Louis Bal, président du SER, soulignant qu’il est temps de « se placer sur la trajectoire fixée ». 

C’est pourquoi Anne Hidalgo (PS) veut présenter « un pacte énergétique pour la France » dans les premiers mois de son mandat, et compte définir « une politique énergétique européenne ». Contrairement à ses adversaires de droite, la candidate socialiste entend atteindre 100 % d’énergies renouvelables « aussi rapidement que possible » et veut progressivement en terminer avec le nucléaire. Elle le considère comme une « énergie de transition » pour ne pas faire « flamber le prix de l’énergie ». 

Comme Anne Hidalgo, le candidat d’Europe-Écologie Les Verts (EELV), Yannick Jadot souhaite une « sortie progressive et responsable » du nucléaire « d’ici 2035 » en fermant dix réacteurs. Il propose également de développer les énergies renouvelables par un « aménagement décentralisé » avec 3 000 éoliennes, et 25 GW d’énergie solaire supplémentaires sur le quinquennat, à savoir 340 km² de panneaux photovoltaïques. Le candidat écologiste entend également nationaliser EDF « afin d’éviter les hausses des prix de l’électricité », et souhaite créer un « impôt sur la fortune climatique », de même qu’Anne Hidalgo. 

Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise) a quant à lui pour objectif d’atteindre 100 % d’énergies renouvelables en 2050. Il entend arrêter les subventions aux énergies fossiles, même à l’étranger, et planifier la sortie du nucléaire, en abandonnant les projets d’EPR et en planifiant la reconversion des sites actuels. Il a aussi pour projet de faire des territoires d’Outre-mer « des territoires pilotes de la planification écologique et des circuits courts » en assurant « leur autonomie énergétique », basée à 100 % sur du renouvelable. Engagé dans un programme énergétique ambitieux, le candidat d’extrême-gauche prévoit notamment de baisser de 65 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, soit davantage que l'objectif de 40 % fixé actuellement par la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC). 

Autant d’idées et de propositions qui n’empêchent pas le secteur de l’énergie d’interpeller les pouvoirs publics afin de « garantir la souveraineté énergétique de la France ». Car une transition énergétique construite de façon efficace dans la durée pourrait permettre à la France de supprimer sa dépendance au pétrole et, pourquoi pas, au gaz. Une réflexion qui fait sens, aujourd’hui plus que jamais, en raison de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui bouleverse déjà la stratégie énergétique européenne - et française.

 

Marie Gérald
Photo de une : Adobe Stock
 

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