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Matériau biosourcé : une croissance forte pour une solution d’avenir

Publié le 26 mars 2025

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L’Association des Industriels de la Construction Biosourcés (AICB) vient de dévoiler les résultats de son premier baromètre des matériaux de construction biosourcés. Le secteur connaît une croissance soutenue depuis plusieurs années, confirmant ainsi le rôle clé des matériaux biosourcés dans la transition écologique du bâtiment.
Matériau biosourcé : une croissance forte pour une solution d’avenir - Batiweb

Dans le monde du BTP, rares sont les secteurs dont tous les voyants sont au vert. Le secteur des matériaux de construction biosourcés fait partie de ceux qui, malgré un contexte économique et géopolitique tendu, a su dynamiser ses activités et révéler une croissance soutenue.

En témoignent les résultats du premier baromètre des matériaux de construction biosourcés, réalisé par l’Association des Industriels de la Construction Biosourcée (AICB).

Un marché en plein essor

 

En 2023, le marché des biosourcés atteint un chiffre d’affaires de 91,6 millions d’euros. En volume, cela représente 28 millions de m² de produits biosourcés mis en œuvre, soit une part de marché de 11 % sur un marché global de l’isolation en baisse, qui compte 260 millions de m² annuels.

« À titre de comparaison, en 2009, l’estimation du biosourcé dans le marché de l’isolation représentait 1 % du marché global. C’est une sacrée progression en pratiquement 15 ans  », souligne Vincent Hannecart, président de l’AICB.

En 2016, le marché était principalement porté par le vrac. Les choses ont évolué depuis, puisqu’en 2023, deux familles de produits réalisent 91 % du volume : les isolants semi-rigides (47 %), que l’on retrouve essentiellement en isolation intérieure des bâtiments (murs, cloisons, rampants de toitures) et les isolants vrac (44 %), utilisés le plus souvent pour l’isolation des combles perdus. Les isolants rigides et les bétons biosourcés restent minoritaires mais se font peu à peu une place sur le marché.

Évolution de la répartition par famille de produits

Cette croissance notable profite à toutes les familles de produits : les panneaux rigides (+268 %) et semi-rigides (+282 %) sont de plus en plus utilisés pour l’isolation verticale, tandis que les bétons biosourcés (+168 %) se développent beaucoup dans la fabrication de murs extérieurs, notamment en construction hors-site. Les isolants vracs, quant à eux, maintiennent une croissance continue (+20 %).

Le biosourcé pour répondre aux enjeux environnementaux et réglementaires

 

Si les matériaux biosourcés ne cessent de progresser sur le marché, c’est avant tout parce qu’ils représentent une alternative durable aux matériaux de construction traditionnels. De plus, « toutes ces solutions constructives entrent aujourd’hui dans le cadre normatif et réglementaire du bâtiment », déclare Yves Hustache, directeur général de l’AICB.

« On a des solutions constructives qui sont sous DTU, qui sont certifiées dans le cadre des certifications Acermi, ou d’autres qui sont sous avis technique. Cela signifie qu’il existe aujourd’hui des solutions biosourcées qui permettent de rénover dans des conditions sécurisées, avec des techniques dites courantes », ajoute-t-il.

Par ailleurs, la capacité de production annuelle actuelle (60 millions de m²) des biosourcés n’utilise que 2 % du gisement de bioressources disponibles en France, préservant ainsi les ressources naturelles tout en limitant l’empreinte carbone du secteur et en favorisant un modèle de construction plus circulaire et respectueux de l’environnement.

Autre point non négligeable, le bilan carbone positif des matériaux biosourcés. Comme l’explique Vincent Hannecart, ces matériaux présentent l’intérêt d’être vertueux tout au long de leur existence. « La matière première, avant qu’elle ne soit transformée, capte du carbone grâce à la photosynthèse. Une fois transformée en isolant, cela va créer de l’évitement carbone, puisque l’isolation va nous permettre d’économiser de l’énergie », explique le président de l’AICB.

 

Stockage du carbone biogénique

Un label produit biosourcé pour éviter le greenwashing

 

Autant d’atouts qui peuvent séduire la maîtrise d’ouvrage comme les maîtres d’œuvre. Malheureusement, certaines entreprises peu scrupuleuses peuvent décider de jouer avec les caractéristiques de ces solutions, en jouant avec la définition imprécise du biosourcé.

Selon la définition, le biosourcé est un produit qui intègre une partie de biomasse. Seulement, cette définition ne précise pas de pourcentage minime. Une faille qui peut favoriser le greenwashing, car certaines entreprises ont compris qu’en mettant sur le marché un produit biosourcé comportant seulement 1 % de matière première biosourcée intégrée, elles rentraient parfaitement dans les clous.

Pour pallier cela, les industriels de l’AICB se sont inscrits dans la démarche du label produit biosourcé, qui permet d’afficher de façon transparente le contenu biosourcé de leurs produits.

« Prenons l’exemple d’un produit isolant qui aurait moins de 70 % de contenu biosourcé. Celui-ci ne pourrait être considéré comme un produit d’isolation labellisé produit biosourcé, puisque le minimum est à 70 %. C’est une vraie transparence qui est voulue à la fois par les industriels de l’AICB, mais également par les utilisateurs », nous explique Yves Hurtache.

Quelles perspectives pour l’avenir ?

 

Si les dernières années ont été bonnes pour le secteur, tout l’intérêt est désormais de maintenir cette dynamique. C’est pourquoi la filière a l’intention de continuer à investir, comme elle l’a fait depuis 2020, date depuis laquelle elle a investi près de 150 millions d’euros, et s’est organisée en une industrie structurée, bien implantée sur l’ensemble du territoire.

L’industrie prévoit de nouveaux investissements à hauteur de 80 millions d’euros dans les cinq prochaines années, dans le but d’augmenter davantage la capacité de la filière. L’objectif étant de répondre aux enjeux de la stratégie nationale bas-carbone d’ici 2050.

Une contribution essentielle en vue de répondre aux objectifs de la RE2020 et de la loi Climat et Résilience, qui imposera, dès 2030, l’utilisation de matériaux biosourcés ou bas-carbone dans au moins 25 % des rénovations lourdes et des constructions publiques.

 

Jérémy Leduc

Photo de Une : Adobe Stock

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