Deux ans après, le Plan climat revoit ses budgets
Le Plan climat, co-lancé par la Banque des Territoires et Bpifrance en septembre 2020, a deux ans. Anne Guérin, Directrice Exécutive de la direction Financement et Réseau de Bpifrance, s’en réjouissait d’ailleurs sur Twitter ce mardi 6 septembre.
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C’est à cette date que se tenait un point de mi-parcours sur ce vaste déploiement financier, visant à accompagner la transition verte des entreprises.
Premier chiffre, daté du 30 juin dernier : 17 milliards d’euros ont été mobilisés, soit 43 % du montant total des financements, en prêt, comme en investissement. A savoir que le Plan climat, déployé de 2020 à 2024, prévoit d’assembler un budget total de 40 milliards d’euros.
Coup d’accélérateur nécessaire sur les projets EnR
A son échelle, la Banque des Territoires a déjà mobilisé 42 % de ses enveloppes, qui ont contribué à différents projets. On compte notamment par la rénovation thermique de 210 000 logements sociaux et 1,1 million de m2 de bâtiments publics, fin juin dernier.
« Les logements sociaux en France sont très performants thermiquement, sont très rénovés par rapport au parc privé », assurait Olivier Sichel, directeur de la Banque des Territoires. Appartenant au groupe Caisse des dépôts, la banque considérait déjà en septembre 2021 les logements sociaux comme un modèle de relance, en particulier dans la rénovation. Sans compter le récent coup de fouet financier donné par le gouvernement à la rénovation énergétique des bâtiments publics.
Bpifrance, de son côté, a consacré 45 % de son enveloppe, avec 2 millions de m2 de locaux d’entreprises rénovés. La banque d’entreprise se félicitait également de pousser la mise en transition de 900 PME et ETI, ou la sobriété énergétique de 1000 entreprises par des diagnostics ciblés.
Autre volet évoqué : les énergies renouvelables (EnR). La Banque des Territoires a financé en deux ans 2,358 GW de puissance nouvelle d’énergie renouvelable. Bpifrance a de son côté engagé 3,5 milliards d’euros, répartis entre 360 projets EnR. Ce qui représente seulement un financement conjoint de 4,5 milliards d’euros.
Bpifrance a dû revoir à la baisse ses dépenses consacrées sur quatre ans à ce secteur, passant de 13,6 milliards d'euros de prêts à 8,6 milliards. « En mai 2021, Bercy a décidé de revoir à la baisse les prix garantis par l'Etat d'achat d'électricité » pour le photovoltaïque et l'éolien, justifiait Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, cité par l’AFP.
De quoi freiner le marché des renouvelables « incertain et attentiste » selon les financeurs du Plan climat, avec une « instabilité de l'environnement réglementaire français », abondait Nicolas Dufourcq. L’intéressé attend beaucoup du coup d’accélérateur législatif consacré aux EnR, censé simplifier les autorisations de projets éoliens et solaires, par exemple.
La Banque des Territoires met l’accent sur la TEE des collectivités
A l'inverse, les financements pour verdir la production des entreprises sont rehaussés. Cela résulte notamment de la révision de l'État sur le cautionnement des prêts verts, dont 1,5 milliard d'euros ont été distribués en deux ans. Le budget alloué aux diagnostics de sobriété et à la rénovation d’immobiliers d’entreprises, grimpe des 3,8 milliards d'euros initialement prévus à 7 milliards. L’innovation dans les greentech, autre levier activé pour la transition écologique et énergétique (TEE) des entreprises, voit ses financements gonfler de 2,5 milliards à 4,2 milliards d'euros.
« Nous croyons dans le potentiel de la technologie, de l'innovation et de la capacité d'adaptation des entrepreneurs et de l’ensemble des acteurs économiques », défendait le directeur général de Bpifrance dans un communiqué. C’est pour cette raison que la banque publique compte soutenir financièrement les solutions de TEE. Son objectif serait de tripler le nombre d’entreprises - notamment industrielles - en transition d'ici 2024, pour arriver à 20 000.
Mais un point sur lequel la Banque des Territoires insiste particulièrement, c’est l’accompagnement des collectivités. « C’est forcément au sein des territoires que les projets de transformation se décident et se concrétisent. Et il y aura nécessairement des besoins de financements nouveaux pour faire changer d’échelle la transformation écologique : nous donnerons aux porteurs de projets les moyens de les mener à bien », appuyait Olivier Sichel, directeur de la Banque des Territoires dans un communiqué.
Le spectre de sujets sur lequel le financeur entend soutenir les territoires est large : sécheresse (réseaux de chaleur...), économie circulaire (recyclage...) ou encore la protection de la biodiversité (lutte contre l’artificialisation des sols...).
Virginie Kroun
Photo de Une : Twitter @Anne__Guerin