Crise énergétique : comparé au gaz, le granulé de bois tient bon
Ce n’est guère une suprise : la France comme l’Europe sont confrontées à une crise énergétique, aggravée par le conflit russo-ukrainien. En ligne de mire : les exportations de gaz russe, dont dépend à 40 % la consommation européenne.
À l’échelle française, l’inflation se gâte du côté du nucléaire, dont dépend 67 % de la production d’électricité. La production des réacteurs serait en suspens, tandis que « les fortes chaleurs du printemps et le manque de précipitations ralentissent la production d’hydroélectricité », indique Propellet.
L’occasion pour l'association nationale du chauffage au granulé de dresser un point de situation sur l’approvisionnement en granulés de bois.
Une augmentation du prix du granulé de bois inférieure à celle du gaz
En France, le marché du chauffage bois explose en 2021. « Entre 2020 et 2021, les ventes de poêles à granulé ont augmenté de 41 % et les ventes de chaudières à granulé de 120 %, avec respectivement 180 000 et 32 000 pièces. Le non renouvellement des appareils au fioul à partir du 1er juillet va continuer à booster la progression des appareils et notamment des chaudières au granulé qui fonctionnent comme les chaudières au fioul puisqu’elles fournissent l’eau chaude sanitaire », précise Propellet.
Ce qui a déjà amené l’association à estimer fin février l’impact de cette forte demande sur les hausses des prix du granulé de bois. Mais face au conflit russo-ukrainien, la filière a de quoi s’inquiéter. En effet, l’interruption des livraisons de granulé par la Russie, la Biélorussie et l’Ukraine, aurait provoqué un « manque de 3 millions de tonnes en Europe » selon l’association. D’autant que les hausses des coûts des matières premières, de l’électricité, du transport et de l’emballage peuvent accentuer cette inflation.
Néanmoins, en France, le prix du granulé augmente moins que les autres ressources énergétiques. En témoigne un graphique de SOES et Selectra, selon lequel cette hausse atteint à peine les 50 % pour le granulé bois, tandis qu’elle atteint les 300 % côté gaz, sans bouclier tarifaire.
Des efforts industriels, étatiques et utilisateurs à déployer pour le granulé bois
« La filière du chauffage au granulé de bois est certes jeune, mais elle est solide et possède une vision à long terme comme le montre son rythme de développement. Les fabricants et distributeurs offrent une large couverture sur l’ensemble du territoire », affirme Propellet. Il n’empêche que ce « contexte actuel anxiogène ne doit pas masquer la force d’une filière qui repose sur un modèle local, cohérent et vertueux », affirme l’organisation.
Et l’industrie française semble l’avoir bien compris, prévoyant des extensions de lignes de production et la construction de nouvelles usines de granulation. L'objectif ? Atteindre 1 million de tonnes supplémentaires réparties entre 2021 et 2024, et un doublement de la capacité de production d’ici 2028.
« En outre, la filière s’organise sur le terrain pour éviter les phénomènes de surstockage qui aggravent la situation. L’import est aussi un recours pour compenser le temps d’ajustement entre l’offre et la demande. La part de l’importation est aujourd’hui d’environ 16 % et selon la conjoncture, elle pourrait augmenter durant ce temps d’ajustement », ajoute Propellet.
Mais selon l’association, des efforts sont à déployer, notamment du côté de l’État. Si le gouvernement a fait un geste en augmentant le montant des aides MaPrimeRénov’ pour la PAC et les chaudières biomasse, l’organisation encourage à aller plus loin. Parmi les leviers évoqués par les professionnels du chauffage bois, on compte une valorisation du bois feuillu, qui représente les deux tiers de la forêt française.
À cela doivent s’ajouter la facilitation du développement des unités de fabrication de granulé, et la sensibilisation des citoyens et collectivités à la sobriété énergétique, tout en défendant la pertinence de l’isolation des bâtiments pour y répondre.
D’ailleurs, Propellet appelle à la responsabilité des utilisateurs (particuliers, entreprises et collectivités). L’association rappelle notamment que baisser de 2°C la température de consigne du chauffage « représente 14 % d’économie d’énergie », que l’entretien des appareils améliore le rendement et la performance. Aussi, il convient de réaliser un « approvisionnement juste et proportionné à ses besoins individuels ».
Virginie Kroun
Photo de Une : Propellet