Rénovation performante : le succès de la pompe à chaleur (PAC)
L’association Énergies et Avenir a mené une étude avec le bureau d’études Tribu Énergie pour mieux cerner les bouquets de travaux les plus fréquemment réalisés, et identifier les leviers pour parvenir à des rénovations performantes.
La PAC privilégiée pour les rénovations performantes
Les résultats de l’étude montrent une prédominance de bouquets de travaux où l’installation d’une pompe à chaleur (PAC) est privilégiée. Ces dernières connaissent un succès croissant ces dernières années, notamment dans l’individuel. En février dernier, le syndicat Uniclima notait une nouvelle hausse des ventes de PAC, et notamment des PAC Air/Eau, avec un bond de 52,5 % entre 2020 et 2021.
Il faut dire que les pompes à chaleur sont de plus en plus soutenues par les aides à la rénovation, notamment via MaPrimeRénov’. Une revalorisation de 1 000 € a en effet été actée pour les PAC et les chaudières biomasse depuis le 15 avril dernier, et ce jusqu’au 31 décembre 2022.
Énergies et Avenir reconnaît que les travaux de rénovation incluant l’installation d’une PAC sont particulièrement utiles pour atteindre une rénovation performante, telle que définie dans le cadre de la loi Énergie et Climat.
« Ce sont les scénarios les plus performants dans le cadre du DPE en termes d’atteinte des seuils énergie (< 110 kW/m2/an) et carbone (< 11kgeqCO2/m2/an). A contrario, les systèmes gaz sont majoritairement exclus par ce seuil carbone (notons que les biogaz, biobutane et biopropane n’ont pas été intégrés dans l’étude), tandis que le seuil énergie exclut l’effet Joule, le poêle à bois et la chaudière bois », précise l’association.
Des conséquences sur le mix énergétique
Toutefois, elle s’interroge sur les conséquences de cette généralisation de la PAC sur le mix énergétique. En effet, l’installation de pompes à chaleur va de pair avec une électrification du parc de logements.
Dans ce contexte, Énergies et Avenir rappelle que cela ne doit pas freiner l’essor des autres énergies renouvelables. L’association évoque également les contraintes de la PAC, prenant l’exemple des contraintes patrimoniales ne permettant pas toujours d’installer une unité extérieure, ou des logements collectifs, pour lesquels la puissance d’une PAC n’est pas toujours suffisante.
L’association note que les PAC hybrides gagneraient également à être davantage soutenues pour réduire les consommations d’électricité, dans un contexte tendu, notamment lors de la pointe électrique hivernale : « En effet, l’installation d’équipements hybrides représente une solution aussi intéressante que la pompe à chaleur électrique en termes de décarbonation, mais à l’inverse des solutions 100 % électriques, dont la performance se dégrade en hiver, ces systèmes contribuent à réduire la pointe électrique hivernale et donc évitent à la collectivité les surcoûts importants associés à cette pointe – un enjeu d’autant plus crucial dans le contexte actuel de tension sur l’approvisionnement électrique », estime Benjamin Haas, porte-parole de l’association.
Outre l’intérêt des PAC hybrides, Énergies et Avenir souligne également celui des biocombustibles, qui, selon elle, devraient être encouragés via le fonds chaleur et des stratégies territoriales.
L’association relève également un frein à ces rénovations performantes : un budget et un reste à charge important, de plusieurs milliers d’euros, pour ces bouquets de travaux, et ce malgré le recours à MaPrimeRénov’ et aux Certificats d’Économies d’Énergie (CEE). Elle préconise donc ne pas opposer rénovation par étape et rénovation globale, et d’accorder des primes pour les gestes en plusieurs étapes qui permettent de réduire la consommation d’énergie primaire, et donc les émissions de CO2.
« Ce reste à charge trop élevé peut s’avérer dissuasif et questionne l’atteinte des objectifs ambitieux de rénovation du gouvernement alors que le pouvoir d’achat est en tension. Pour y remédier, nous proposons des parcours de rénovation énergétique qui n’opposent pas rénovation par étape et rénovations globales, mais permettent d’inscrire les ménages dans une trajectoire », précise ainsi le représentant de l’association.
Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock