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Mal-logement en France, la Fondation Abbé Pierre attend plus des collectivités

Publié le 31 janvier 2014

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La Fondation Abbé Pierre vient de dévoiler son 19e rapport sur le mal-logement en France ce vendredi. Ce rapport qui explore le lien entre logement et emploi souligne les avancées du gouvernement en matière de logement mais souhaite, face à une situation « sans précédent », que les collectivités locales réagissent davantage pour apporter des « réponses immédiates ».
Mal-logement en France, la Fondation Abbé Pierre attend plus des collectivités - Batiweb

Il y a 60 ans, l'Abbé Pierre lançait un appel pour venir en aide aux sans-abris. Aujourd'hui sa Fondation qui a repris le flambeau, sort son 19e rapport sur l'état du mal-logement en France. Cet état des lieux, nécessaire pour évaluer les avancées et les insuffisances en termes de politique du logement par le gouvernement, souligne notamment l'aggravation des situations de mal-logement.

« [Cela] témoigne d'un élargissement et d’une accentuation de la crise du logement. une crise qui apparaît comme sans précédent, à la fois parce qu’elle ne ressemble pas à celles qui ont pu sévir à d’autres périodes (notamment dans les années 1950), mais aussi parce qu’elle est d’une ampleur et d’une intensité inédites, » alerte le rapport.

Plus de 10 millions de personnes touchées

En France, 3,5 millions de personnes seraient mal-logées selon les chiffres de la Fondation qui s'appuie sur des données de l'Insee. Plus de 690 000 personnes seraient notamment privées de domicile personnel, une forte majorité étant contrainte de vivre chez des tiers (411 000) et l'autre partie étant sans-abris (141 500). Enfin, 85 000 personnes vivent dans une habitation de fortune (cabanes, construction provisoire, camping, mobil-home à l'année) en France.

Au total, la Fondation estime à plus de 10 millions le nombre de personnes touchées par la crise du logement. Plus de la moitié est considérée comme « fragilisée » par rapport au logement. Il s'agit des propriétaires occupant un logement dans une copropriété en difficulté, de locataires en impayés de loyers, de personnes en situation de surpeuplement dans leur logement ou de personnes en hébergement résigné.

Ainsi, au 1er septembre 2013, 1,7 millions de ménages avaient déposé une demande de logement social d'après les données du système national d'enregistrement. Pour expliquer ces chiffres du mal-logement, le rapport pointe notamment les insuffisances de la politique de logement.

Tout d'abord, en matière de construction de logement sociaux. Si la Fondation note une légère progression de la construction en 2013, elle rappelle que « ce niveau reste toutefois bien en-deçà de l'objectif de 150 000 logements sociaux que s'est fixé le Gouvernement pour la période 2013-2017 ».

D'autre part, la plupart des mal-logés se trouvent confrontés au problème de la hausse des loyers et des charges. D'après les données fournies par l'Observatoire des loyers de l'agglomération parisienne (Olap), les niveaux de loyers moyens du parc privés a augmenté de 55 % dans les grandes agglomérations entre 2000 et 2013. « Les aides personnelles au logement ne permettent plus aujourd’hui de couvrir suffisamment le poids des dépenses de logement réellement supportées par les ménages, » déplore la Fondation.

«La question de l’emploi est en filigrane derrière la question du logement », souligne Christophe Robert, délégué général adjoint, déplorant «l’augmentation du nombre de personnes menacées d’expulsions en lien avec la perte de leur emploi».

Mais «le logement peut également devenir un obstacle à l’emploi», dit-il, notamment s’il constitue un frein au recrutement ou à la mobilité.

Plus de 3 appels sur 4 au 115 restent sans réponse

Si le rapport reconnaît que « 2013 a été riche en mesures concernant le logement », avec le plan quinquennal contre la pauvreté et le projet de loi Alur, il déplore aussi un manque de «réponses immédiates » notamment en termes de gestion de l'hébergement des sans-abris.

« Plus de 3 appels sur 4 au 115 » sont restés sans réponse avec une augmentation de 15 % des demandes en un an. Le nombre d'hébergement est encore « insuffisant » selon la Fondation, même si elle se félicite de la création de 7000 places d'hébergements en plus en 2013.

Elle souligne aussi l’ambition de construire 500 000 logements par an, dont 150 000 logements sociaux, mais « les conditions ne semblent pas remplies pour qu’elle se réalise rapidement ». La production annuelle de 2013 s’est élevée à 335 000 logements. 

La Fondation déplore aussi l’absence de moratoire sur les expulsions locatives, les ménages prioritaires Dalo (droit au logement opposable) toujours sans solution de relogement ou le démantèlement des bidonvilles.

Enfin, alors qu’approchent les élections municipales, la Fondation dénonce « un effort insuffisant de la collectivité en faveur du logement » . Elle invite les collectivités territoriales à respecter la loi SRU du 13 décembre 2000 qui impose aux communes de plus de 3 500 habitants d’avoir 20% de logements sociaux - un taux relevé à 25% par la loi Duflot du 18 janvier 2013.

Claire Thibault (avec AFP)

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