Gustav lèche la côte américaine
La Nouvelle-Orléans est devenue hier une "ville-fantôme". Seuls 10.000 de ses habitants ont bravé l'ordre d'évacuation et sont restés sur place. La police patrouille les rues et a reçu le soutien de 2.000 gardes nationaux pour faire respecter le couvre-feu. Les pillards iront "directement" en prison, a averti le maire.
Une marée de voitures fuyant la ville a envahi dimanche les autoroutes entourant la Nouvelle-Orléans. De même, les gares et gares routières ont été prises d'assaut. Près de deux millions de personnes ont fui la Louisiane, dans ce qui est décrit comme la plus vaste évacuation de l'histoire américaine.
L'ouragan, classé alors en catégorie 4, est passé samedi sur Cuba, avec des vents poussant jusqu'à 240 km/h. Des rafales sont montées jusqu'à 340 km/h. Le cyclone a provoqué de vaste dégâts sur l'île, inondant commerces et maisons et coupant les routes. Les provinces occidentales de Pinar del Rio et de La Havane ont été les plus touchées mais aucun mort n'a été déploré. Gustav a été le plus meurtrier dans les Caraïbes laissant au moins 66 morts et dix disparus en Haïti, 7 en Jamaïque et 8 en République dominicaine.
Gustav interrompt la production de pétrole La production de pétrole était presque totalement interrompue dimanche dans le golfe du Mexique, région cruciale pour l'approvisionnement américain en or noir, avant l'arrivée lundi du redoutable ouragan Gustav, risquant de faire flamber les cours du brut. "Environ 96% de la production dans le golfe a été interrompue", a indiqué le ministère de l'Intérieur américain sur son site internet. De même, "environ 82% de la production de gaz naturel dans le golfe a été interrompue". La production normale dans le golfe du Mexique est de 1,3 million de barils de pétrole par jour, et 210 millions de mètres cubes de gaz naturel par jour. Selon un expert du marché pétrolier, Andrew Lipow, onze raffineries ont également été arrêtées, totalisant une capacité de 2,4 millions de baril par jour soit 13% de celle des Etats-Unis, un pourcentage qui devrait grimper. Une société de consultants en gestion des risques liés aux catastrophes naturelles, Risk Management Solutions, a estimé que les pertes pourraient atteindre au pire 2 à 7 milliards de dollars, en additionnant les dommages sur les structures, la perte de production, et la possibilité de fuites de pétrole. Les compagnies pétrolières ont commencé dès vendredi leurs opérations d'évacuation du personnel, suivant des procédures mises en place en tirant les leçons de Katrina. Ces dernières années, les groupes pétroliers ont mis au point des procédures pour déplacer leur matériel de forage à l'abri, protéger leurs installations des inondations ou encore préparé des systèmes d'alimentation électrique de secours en cas de coupures de courant. En trois ans, les compagnies pétrolières ont préparé leur riposte à un ouragan de cette ampleur afin de retrouver au plus vite une production normale après son passage. |
Laurent Perrin (source AP & AFP)