800 ponts français vont faire l’objet d’importants travaux de sécurisation
En France, on dénombre entre 200 000 et 250 000 ponts, dont 100 000 communaux. Et comme n’importe quel ouvrage, ceux-ci sont amenés à se détériorer avec le temps. En 2018, à la suite de l’effondrement du viaduc autoroutier Morandi à Gênes, en Italie, un rapport du Sénat avait dressé un état des lieux alarmant de la condition des ponts français. Le pays comptait « au moins 25 000 ponts » en « mauvais état structurel et posant des problèmes de sécurité ».
Lors d’une table ronde au Sénat, la question de l’état des ponts appartenant aux collectivités territoriales a été posée. Sur les 100 000 ponts communaux que compte le pays, « 25 000 ponts nécessitent des travaux, dont 10 000 ont besoin de mesures de sécurité immédiates, parmi lesquels 4 000 font l’objet d’un désordre grave de structure, tandis que 25 000 sont globalement en bon état et 50 000 sont entre les deux », a résumé Pascal Berteaud, directeur général du Cerema, devant la commission de l’aménagement du territoire.
Des ponts qui se dégradent et des communes en manque de moyens
Les causes derrière la détérioration de l’état des ponts sont multiples. Les ouvrages vieillissent et sont soumis aux aléas climatiques, d’autant plus quand ils se trouvent en Outre-Mer. Par ailleurs, les communes manquent cruellement de moyens financiers pour entretenir et réparer leurs édifices.
Pour tenter de pallier ce manque de fonds, les sénateurs avaient appelé à un « plan Marshall » et réclamé 130 millions d’euros par an pendant 10 ans pour les collectivités locales. La réalité est tout autre, puisqu’entre 2021 et aujourd’hui, seulement 110 millions d’euros ont été versés aux collectivités. « Nous sommes donc encore très loin du compte », déplore Hervé Maurey, sénateur de l’Eure.
Un premier programme à destination des communes a tout de même été lancé par le gouvernement en 2020. Le second a suivi en septembre dernier. « Au total, 55 millions ont été débloqués pour réaliser des diagnostics et 55 millions pour des travaux », précise Pascal Berteaud.
Cet argent doit permettre à 60 000 ponts d’être audités et faire l’objet d’un diagnostic. Un service « SOS Ponts » a également été mis en place pour mieux accompagner les élus. Des initiatives qui vont dans le bon sens, mais visiblement encore insuffisantes puisque depuis septembre 2023, seules une centaine de demandes de subventions ont été reçues.
La restauration des ponts peine à trouver son rythme
« Environ 800 ponts vont pouvoir bénéficier de subventions pour la réalisation de travaux », a indiqué M. Berteaud. « Est-ce que les moyens sont suffisants ? Oui. Est-ce que ça marche ? Non », a-t-il reconnu devant les sénateurs. « On est au début du processus et il n’est pas illogique que ça démarre lentement », a-t-il toutefois nuancé.
« Depuis le rapport du Sénat, on observe une dégradation avec 25 % d’ouvrages en état structurel dégradé contre 18 à 20 % en 2019 », a relevé Éric Ollinger, de la Direction générale des infrastructures (DGITM).
« La situation s’améliore un peu et le temps nous rattrape parce que les ouvrages étant de plus en plus anciens, de nouvelles dégradations apparaissent », a constaté Sylvain Laval, de l’Association des maires de France. « On en revient toujours à la question de l’arbitrage budgétaire. Dans une petite commune rurale, quand il faut choisir entre l’école et le pont, le choix est vite fait », a-t-il reconnu.
Jérémy Leduc
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