10 000 signatures récoltées contre le projet de « Central Park »
Le projet de Central Park, initié par le gouvernement dans le cadre de son plan de mobilisation pour le logement ne passe toujours pas auprès du Collectif pour la défense et l'extension du Parc de la Courneveuve (Georges-Valbon).
« Il faut que le Premier ministre, Manuel Valls, revienne sur sa déclaration du 14 avril dernier. Il n'est pas question d'une OIN (Opération d'intérêt national) sur le parc. Il doit retirer ce projet, véritable désastre écologique s'il advenait », a déclaré Etienne Penissat, son porte-parole, à l'origine de la pétition qui a recueilli à ce jour 10 000 signatures d'opposants.
Sur le papier pourtant, le projet qualifié à plusieurs reprises de «Central Park » du Grand Paris semble séduisant. Pensé en 1983 par l'architecte Roland Castro pour attirer les classes moyennes, et initié vingt ans plus tard en 2013 avec Marc Rozenblat, ce projet permettrait de loger entre 50 000 et 90 000 habitants, dans un espace également pensé pour le travail et les loisirs. De plus, il serait imaginé pour devenir le plus grand éco-quartier au monde.
Mais selon ses détracteurs, ce projet de construction de 24 000 logements sur les franges du parc de la Courneuve, amputerait d'un quart de sa surface le « poumon vert » de ce département pauvre et urbanisé au nord de Paris. D'autant que le parc, classé Natura 2000 abrite de nombreuses espèces protégées.
Le choix d'une Opération d'intérêt national (OIN, au régime juridique particulier, qui voit l'Etat prendre aux communes les prérogatives de délivrance de permis de construire), jugée anti-démocratique, a particulièrement heurté les élus communistes des villes concernées comme Stains, La Courneuve et Saint-Denis.
Les autres priorités des communes franciliennes
Reçus mercredi soir à Matignon, le premier adjoint de Stains, les maires de La Courneuve et Saint-Denis ainsi que le président de Plaine Commune, la communauté d'agglomération, ont obtenu des assurances tant sur le fond que sur la méthode, selon une source proche du dossier.
« Le projet Castro, ils n'en parlent plus et il est clair qu'ils ne l'imposeront pas sous cette forme. Pour autant, l'idée d'urbaniser les franges du parc n'est pas abandonnée et c'est là-dessus que la bataille va s'engager », a déclaré cette source.
Les édiles ont plaidé pour que le parc, qui compte peu d'entrées, soit plus ouvert sur les villes qui le bordent et surtout mieux desservi par les transports en commun, a-t-elle ajouté. Alors que la ville de Stains, qui souffre d'un taux de chômage record, se bat depuis 40 ans pour avoir le métro, La Courneuve, desservie par la ligne 7, réclame elle que l'autoroute A1, qui longe le parc et traverse la commune, soit couverte. Quant à Plaine commune, l'agglomération affirme avoir largement pris sa part dans la construction de logements sociaux et estime que c'est aux autres communes franciliennes moins vertueuses de faire des efforts.
Parmi les signataires de l'appel réunis dans le Collectif figurent notamment le Parti communiste, Europe Ecologie Les Verts, le Front de Gauche et le Nouveau Parti Anticapitaliste ainsi que des syndicats, des associations écologistes locales et des collectifs de riverains. Mais le président socialiste du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel a lui aussi pris ses distances avec ce projet. Dans une lettre adressée fin mai au Premier ministre, il lui a demandé d'apporter « les clarifications qui s'imposent », à savoir : « il n'y aura pas de Central Park, le périmètre du parc sera respecté et tout projet d'aménagement sera concerté et co-construit avec la population et les élus locaux ».
Le parc Georges-Valbon (plus connu sous le nom de parc de la Courneuve, 410 hectares) est le troisième plus grand espace vert de la région parisienne, derrière les bois de Boulogne et de Vincennes. Il est pour l'instant toujours retenu comme l'un des sites susceptibles d'accueillir les travaux de la future métropole du Grand Paris.
C.T (avec AFP)