« Un hameau misérable » entouré de marécages. C’est ainsi que Voltaire avait décrit le Château de Ferney acquis en 1759 par l’écrivain et philosophe, un site qu’il s’était empressé de transformer pour en faire « le passage obligé d’une élite » qui affluait de l’Europe entière.

En effet, l’acte de vente conclu, Voltaire fit détruire l’ancien château pour en faire un domaine « prospère et florissant ». Puis dès 1765, il fit appel à l’architecte Racle afin de l’agrandir en adjoignant deux ailes et en faisait détruire les quatre tours ainsi que le mur d’enceinte.

Au-delà du monument en lui-même, l’écrivain développa les alentours. Ferney devint alors une bourgade commerciale et artisanale : la population s'y multiplia par dix, l'industrie horlogère s’y installa et Voltaire y développa la culture du ver à soie.

A sa mort, en 1778, le domaine fut vendu et passa entre de nombreuses mains avant que l’Etat ne s’en porte acquéreur en 1999. Le monument porte aujourd’hui les traces de ses propriétaires successifs et des modifications qu’ils ont apportées, notamment dans les dispositions intérieures du château et sur le parc du domaine. Une restauration s’est donc imposée pour redonner au château tout son lustre.

Un chantier d’envergure

Lundi dernier, les services du Centre des monuments nationaux ont présenté à la presse le chantier engagé en janvier et prévu pour se terminer au printemps 2018 avec un budget estimé à près de 9 millions d’euros. Les travaux coordonnés par François Chatillon, architecte en chef de monuments historiques, vise à offrir « une meilleure compréhension du monument et de son illustre propriétaire ».

Désormais entre les mains d’équipes de maçons, de tailleurs de pierre et de couvreurs, le château a bénéficié d’une opération de désamiantage, d’un traitement contre la mérule et de la mise en place d’un dispositif pour empêcher la propagation du plomb avant même le lancement des travaux de restauration en janvier dernier.

Ces travaux consistent en la restauration des toitures du corps central et des deux pavillons. La volumétrie ne sera pas modifiée puisqu’il s’agira uniquement de remplacer les ardoises ainsi que les éléments en plomb, afin d’améliorer l’étanchéité de la couverture. Les éléments de zinc seront remplacés par du cuivre entamé pour assurer une plus grande longévité à l’ouvrage. Les épis de faîtage seront restaurés et la charpente révisée.

Pour mener à bien ces travaux, un grand parapluie a été déployé sur les échafaudages qui entourent le château.


En ce qui concerne les façades, faites « d'une pierre à bâtir tirée d’un grés argileux utilisé en Suisse et facile à tailler, la molasse », elles présentent un grand nombre de pathologies et notamment une perte de matières importante, explique le Centre des monuments nationaux dans un communiqué. Les parties les plus altérées seront remplacées ou reconstituées et le reste des façades nettoyées de leurs parements et enduits.

Les menuiseries ne seront remplacées que lorsque leur état ne permet pas une restauration. Deux fenêtres du rez-de-chaussée, actuellement bouchées, seront ré-ouvertes et leurs menuiseries seront conçues sur le modèle existant. La véranda, déjà installée, sera restaurée.

Enfin, le parcours de visite va également être réaménagé : un ascenseur desservira notamment tous les niveaux et ce, pour permettre aux personnes à mobilité réduite de visiter le monument.

Le chantier impose la fermeture du château pendant deux ans. Le domaine reste néanmoins ouvert et les visiteurs peuvent profiter de l’orangerie restaurée et du parc. Dans le cadre de ce chantier, la ville de Ferney-Voltaire a acheté un terrain afin de faire des aménagements aux abords du château et de faciliter l’accès au monument.

R.C
© David Bordes