Nudge, ou comment influencer les comportements dans le bâti ?
Initialement inspirée des recherches poussées en psychologie mais aussi en économie comportementale, développée par l’économiste américain Richard Thaler à la fin des années 2000, la théorie du « Nudge » (ou « coup de pouce » en français) a été appliquée à Paris par Catherine Dormoy et Vincent Parreira à travers un immeuble mixte qui a reçu plusieurs labels de durabilité.
Lier l’architecture aux sciences comportementales
C’est une volonté commune entre deux architectes qui a été accompagnée par deux maîtres d’ouvrages, Ogic et Cogedim, et a engendré un immeuble parisien aux traits reconnaissables de tous. Une réalisation qui lie architecture et sciences comportementales, une méthode douce qui est censée « inciter les gens à adopter des comportements meilleurs pour eux‐mêmes, la société et la planète ». Situé au 61-75 avenue de France, dans le 13ème arrondissement de Paris, le projet, savamment manipulé, favorise au quotidien le confort et le bien‐être ainsi que la rencontre et la convivialité. L’immeuble de 133 logements est réalisé complètement en bois. Il se hisse sur un socle constitué de commerces solidaires qui se déploient en cœur d’îlot. Ce dernier est accessible de l’espace public à travers trois venelles.
Comme un espace public amélioré
Les habitants accèdent à leur logement en empruntant une promenade extérieure, ponctuée de véritables espaces de rencontres qui abritent plusieurs lieux d’attractivités. Un chemin qui débute dans le cœur d’îlot. Par ici une salle de sport, par-là des ateliers de bricolage et de jardinage, plus loin une grande cuisine, un potager, un cinéma en plein air ou encore un pont habité à l’échelle des enfants et d’autres espaces ludiques ouverts aux habitants. Il s’agit d’espaces aménagés où les utilisateurs des lieux peuvent se prélasser, méditer ou rencontrer autrui dans un écrin ressemblant fortement à un espace public amélioré.
Un ensemble ouvert sur la ville
Côté appartement, ils sont tous traversants ou bien dotés d’une double orientation. Ils se prolongent par des balcons filants donnant sur l’espace public mais aussi par des parties semi‐privatives ayant une vue sur l’intérieur de l’îlot. Soulignons que les architectes ont pensé également à la flexibilité des intérieurs. En effet, les diverses unités sont modulables et peuvent être facilement adaptées aux différents besoins actuels ou futurs des habitants. Un grand atout qui prend en compte l’évolution démographique, sociétale et budgétaire de chaque famille. Par ailleurs, l’ensemble prône la sobriété énergétique, et facilite les échanges intergénérationnels tout en conservant le lien social. À l’intérieur, les divers espaces sont généreux, à la fois lumineux et confortables. Ils répondent à des hauts standards de durabilité. L’édifice aux façades rythmées, finement drapées de bois de teinte sombre, s’ouvre largement sur la ville. A Paris, Catherine Dormoy et Vincent Parreira ont signé un projet remarquable qui fait la différence.
Sipane Hoh
Crédit photo : Nicolas Trouillard