Musée Aéroscopia : un cocon en zinc s'ouvre sur les fleurons de l'aéronautique
Sur le tarmac, une Caravelle 12 prend la pose aux côtés du célèbre Concorde devant un bâtiment tout en zinc à Toulouse Blagnac, berceau historique de l'aéronautique. Pas de doute, nous approchons du nouveau musée de l'aéronautique baptisé Aeroscopia, dont l'ouverture au public est prévue ce mercredi 14 janvier.
« Nous ne voulions pas encore concevoir un autre bâtiment industriel, explique l'agence Cardete Huet Architecte, d'où une volonté de se démarquer du bâtiment d'assemblage de l'A380 avoisinant avec sa parure rectiligne en inox, tout en conservant un aspect symbolique ».
A l'arrivée, le bâtiment achevé en décembre dernier se divise en un espace d'accueil de 1 000 m2 et un espace d'exposition de 6 000 m2 de forme ovoïdale, qui s'enroule autour d'un bassin formé en « place d'eau », à la fois reflet de l'édifice et espace de déambulation végétalisé qui anime près 4000 m2 d'espaces extérieurs.
Une charpente métallique revêtue d'une peau en zinc
Pour répondre à la physionomie spécifique de cet ouvrage d'envergure (100 X 72 X 23m) à double courbure, l'agence d'architecte a opté pour le zinc, « une matière vivante qui épouse les formes », avec une « colorimétrie égale sur l'ensemble du bâtiment » afin d'éviter notamment les réverbérations inhérentes aux habituelles couvertures métalliques et donner un aspect homogène à ce bâtiment où toiture et façade se confondent. Au total, 12 000 m2 de solutions sur-mesure VMZINC, fixées sur un treillis en acier tridimensionnel de 500 tonnes, ont été mises en oeuvre par l'entreprise Raimond SAS.
Pour les flancs du bâtiment, la pose des 2 000 m2 de zinc est réalisée à joint de bout à double sertissage. Une mise en oeuvre traditionnelle qui permet au couvreur une pose plus aisée et rapide de cette couverture froide.
Pour la partie supérieure du bâtiment, les architectes ont opté pour un système de couverture VMZ Toiture structurale sur 10 000 m2 . Cette solution se compose d'un Zinc Plus et d'un isolant en laine minérale rigide de 120 mm. L'ensemble est rapporté sur un support en bac acier avec pare vapeur. Cette toiture « chaude » (non-ventilée) est le seul système de couverture métallique qui dispose d'un Avis technique pour une application en double courbure.
« Cette charpente tridimensionnelle sublime le projet et le rend évolutif. Les façades de chaque côté du bâtiment sont démontables pour sortir ou rentrer les avions », explique l'agence d'architecture. Et le bâtiment peut également s'agrandir au fil du temps si la collection évolue.
Plus de 80 appareils dont trois gros porteurs
Sous ce cocon métallique s'épanouit déjà une belle collection d'avions et d'aéronefs tant civils que militaires. Actuellement, l'espace d'exposition en accueille une trentaine mais à terme elle devrait compter plus de 80 appareils, rénovés par Airbus Héritage ou l'association de passionnés « Les Ailes Anciennes ».
A l'intérieur de l'espace d'exposition, une vaste mezzanine oriente les visiteurs vers trois gros porteurs incontournables. Le cargo Super Guippy a été réaménagé en salle de projection qui revient sur les points forts de l'histoire de l'aviation, en complément de la gigantesque fresque apposée sur le mur. Deux appareils ont également été spécialement réaménagés pour les visites : un airbus A300 et l'un des tous premiers Concorde construits à Toulouse qui dévoilent à travers des vitrages leurs éléments techniques, les soutes, la cabine de pilotage et les compartiments passagers.
Enfin, d'autres modèles d'avion et d'aéronefs sont exposés au sol ou suspendus à la charpente pour les plus légers : Blériot XI, Falcon 10, Corvette, Cessna 337 Super Skymaster etc. Un simulateur de vol et des jeux d'assemblage d'avion sont proposés pour séduire tous les publics et apporter une dernière touche ludique à l'ensemble.
Pas qu'un musée
« Ce n'est pas qu'un musée, s'enthousiasme d'ailleurs Philippe Nau, président de Manatour et de Taxiway Airbus Visit, spécialisé dans le tourisme industriel et exploitant du site Aéroscopia. C'est un lieu de vie interactif, ludique qui ne propose pas qu'un regard vers le passé mais espère donner envie aux gens de faire de l'aéronautique ».
D'un coût total de près de 11 millions d'euros, ce projet, maintes fois retardé, ouvrira finalement ses portes au public ce 14 janvier. Le président de Manatour veut « jouer à fond la carte de la synergie entre les différents sites d'Airbus et Aéroscopia». Il table déjà sur la venue de 130 000 visiteurs par an et vise les 200 000 visiteurs d'ici deux ans.
Claire Thibault
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