Brick Award 2022 : les lauréats dévoilés
En novembre dernier, Wienerberger annonçait les 50 projets nominés pour la dixième édition de son concours Brick Award, organisé tous les deux ans. 50 projets sélectionnés parmi 789 projets candidats, répartis dans 53 pay, et parmi lesquels cinq lauréats sont ressortis
La compétition tend, à travers cette édition 2022, affirmer son rôle de « plateforme indépendante pour l’architecture en briques innovante et contemporaine en mettant l’accent sur la construction économe en ressources et durable ».
« Les projets lauréats ont mis en évidence en particulier comment les architectes peuvent faire face aux exigences croissantes et au cadre juridique d’une culture du bâtiment écologique, de l’efficacité énergétique, de la durabilité et de la protection des monuments historiques », explique Heimo Scheuch, directeur général Wienerberger.
De la brique pour rendre hommage à la tradition chinoise
Première chose à noter concernant le palmarès du Brick Award 2022 : deux projets lauréats sur cinq viennent de Chine.
Ainsi, le projet Jingdezhen Imperial Kiln Museum, conçu par le studio Zhu Pei, remporte le prix de la catégorie « Partage d’espaces publics », mais aussi le Grand Prix. Ville-pivot de la production de porcelaine chinoise, Jingdezhen a lancé la construction, à proximité des ruines du four impérial de la dynastie Ming. Le clin d’œil de l’établissement à la céramique typique de la ville se fait dès les voûtes, constituées de murs de briques à doubles coques puis remplies avec du béton.
Au total, 2,8 millions de briques ont été utilisées, dont une partie neuve et l’autre issue de la démolition des fours. Le tout pour former huit voûte paraboliques qui forment le complexe du musée, composé de deux salles d’exposition au rez-de-chaussée et cinq salles d’exposition souterraines. Autre aspect durable de la construction : les bâtiments sont agencés de manière à ce que la lumière du jour inonde les sous-sols. Celle-ci traverse les fentes lumineuses horizontales au-dessus du sol, des murs et des extrémités ouvertes ou vitrées de la voûte des étages supérieurs, rappelant les « trous de fumée de four ».
Le Tsingpu Yangzhou Retreat gagne quant à lui la catégorie « Construire en dehors des sentiers battus ». Le site était autrefois un ensemble d’entrepôts et de petits chalets pour pêcheurs et agriculteurs, avant que les logements ne fusionnent avec un hôtel de luxe. « Une grille a été posée sur le site, faisant écho aux maisons traditionnelles chinoises et intégrant les bâtiments existants », développe Wiernerberger. Hormis une maison de cour de deux étages consacrée à la bibliothèque et quelques chambres d’hôtes, tous les bâtiments sont de plain-pied.
Les murs de briques parent l’ensemble des zones fonctionnelles, dont les quatre jardins. La maçonnerie mi-fermée, mi-ouverte, s’ouvre sur les différents patios de la réception, du restaurant et des chambres d’hôtes. Au-delà du respect de la tradition architecturale chinoise, le réaménagement dessiné à Yangzhou par le Neri&Hu Design and Research Office, basé à Shanghai, tend vers la construction durable, recyclant et réutilisant également les briques récupérées.
La brique, matériau tourné vers le social en Équateur
Mais la durabilité d’un bâtiment ne se résume pas qu’à l’impact carbone de ses matériaux, mais peut porter également un message social.
C’est en tout cas le parti pris par Natura Futura, collectif d’architectes qui signe La maison qui habite, lauréat du Brick Award 2022 dans la catégorie « Se sentir chez soi ». Située à Babahoyo, en Équateur, la construction est imaginée comme « une déclaration qui non seulement s’oppose à la commercialisation de la ville, qui marginalise de nombreuses personnes, mais aussi à celle qui donne à la brique une fonction symbolique ainsi qu’un matériau de construction », résume l’organisateur du concours.
Ainsi, la brique, vue comme un matériau « pauvre » - souvent dissimulé, plâtré et repeint -, cherche à répondre aux enjeux d’une « ville dynamique et habitable ». Elle structure la bâtisse de Natura Futura, hommage aux maisons traditionnelles de la ville latino-américaine. Un espace commercial au rez-de-chaussée est surmonté à l’étage supérieur d’un appartement et de cinq chambres. Le tout couvert d’un toit en bois, autre matériau associé à la pauvreté et ici revalorisé.
De la mixité esthétique grâce à la brique
Les architectes espagnols d’Avenier Cornejo ont davantage envisagé la brique comme un outil de mixité esthétique dans leur projet de 88 logements situé rue Danton, à Pantin (93), lauréat dans la catégorie « Vivre ensemble ». Bordant le canal de l’Ourcq, les habitats sont répartis entre trois bâtiments, de proportion à peu près similaire. Le troisième bloc situé du côté ouest de la rue dispose en effet d’un étage supplémentaire et d’un espace commercial au rez-de-chaussée.
La plus grande variation est au niveau des couleurs, car un bâtiment est en brique rouge, un deuxième en brique grise, ainsi qu’un troisième en brique dans la teinte gris foncé. Une palette couleur qui tranche avec le jaune pâle des moulins à farine des Grands Moulins de Pantin, construits en 1884. « Le métal utilisé pour les cadres de fenêtres et les balustrades est également d’une couleur différente sur chaque bloc : la brique rouge est complétée par des détails métalliques gris, les briques gris clair par le vert et les briques gris foncé par le brun. Les mêmes briques ont également été utilisées pour paver le chemin qui serpente à travers les vieux arbres du jardin », précise Wienerberger.
La brique, outil de stabilité atmosphérique dans les bureaux suisses
Le 2226 Emmenweid, ensemble de bureaux à Emmenbrücke, en Suisse, et gagnant du prix « Travailler ensemble », de son côté, pousse le concept de stabilisation de la température intérieure. Le Baumschlager Eberle Architekten, cabinet à l’origine du nouveau bâtiment de quatre étages, a diversifié ses matériaux pour maintenir la température entre 22 et 26° C. D’où le choix d’un enduit à la chaux légère, d’une disposition régulière de fenêtres enfoncées profondément dans les murs, mais aussi de deux couches de brique. L’une utilisée comme mur porteur et isolant, l’autre servant d’isolation, pour une épaisseur de 36,5 cm chacune.
« De gros blocs de briques non remplis ont été utilisés, qui assurent une diffusion efficace de la vapeur et ont une masse thermique élevée qui contribue de manière significative à la stabilité du climat intérieur », ajoute Wienerberger.
Le fabricant de matériaux en terre cuite – dont l’antenne française affirme ses engagements pour la RE2020 – commente : « En plus de ses qualités spatiales et atmosphériques, 2226 Emmenweid démontre qu’une nouvelle façon de penser est possible dans la construction de bureaux commerciaux – une façon de penser qui se concentre sur le facteur temps pour surmonter les coutumes de l’âge mécanique : une longue durée de vie et une stabilité climatique toute l'année et toute la journée ainsi que la stabilité climatique toute la journée ».
Virginie Kroun
Photo de Une : Daniel Hinterramskloger/Wienerberger AG