Quels travaux et équipements pour atteindre un bon confort thermique ?
Dans un contexte de hausse du prix des énergies, et alors que l’électricité a encore augmenté de 15 % depuis le 1er février, les Français cherchent à réaliser des économies d’énergie pour faire baisser leurs factures.
Pour parvenir à réaliser de telles économies d’énergie sans sacrifier le confort thermique, la rénovation énergétique reste un incontournable.
L’isolation comme préalable
Parmi les travaux les plus plébiscités en 2022 : l’isolation thermique par l’extérieur (ITE) arriverait en tête, selon les résultats d’une récente étude Hellio, devant l’installation d’une pompe à chaleur (PAC), puis l’isolation des combles.
Selon Sylvie Charbonnier, secrétaire générale du syndicat Symbiote, les travaux d’isolation des combles auraient toutefois chuté de 90 % en 2022 du fait de l’arrêt du coup de pouce et du rabotage des aides. L’isolation des combles reste pourtant le premier geste à réaliser dans le cadre d’une rénovation énergétique globale performante, permettant de réduire le plus les déperditions d’énergie.
« Il n’y a pas de confort thermique réel, ni de qualité de vie avec un intérieur confortable et sain si on ne commence pas par l’isolation des parois opaques, donc des toits, murs et sols, puis l’isolation des parois vitrées, la ventilation, et enfin prendre les meilleurs systèmes d’équipement de chauffage, fonctionnant si possible avec des énergies renouvelables », énumère la secrétaire générale du Symbiote. « Il faut sanctuariser les travaux d’isolation parce qu’il n’y a pas d’autre moyen de parvenir à la sobriété énergétique », insiste-t-elle.
Si les professionnels s’accordent sur le fait que l’isolation des parois opaques et vitrées sont à prioriser, le changement du système de chauffage est également primordial pour parvenir à une réduction des consommations énergétiques.
Chauffage : les EnR font de l’ombre aux énergies fossiles
Depuis le début de la guerre en Ukraine et l’explosion du prix du gaz, les pompes à chaleur (PAC) et les équipements fonctionnant grâce aux énergies renouvelables ont la cote. C’est ce que révèle le dernier bilan d’Uniclima, qui montre que le solaire thermique, les PAC, et les chaudières biomasse ont vu leurs ventes nettement augmenter en 2022.
La PAC est particulièrement plébiscitée par les Français – et par les professionnels du bâtiment – qui la placent en tête des équipements les plus économiques et écologiques, selon un sondage mené par Batiweb entre le 24 janvier et le 9 février.
Cet essor peut également s’expliquer par des politiques publiques favorables à la PAC. « Il y a différents facteurs conjoncturels qui ont aidé au développement des pompes à chaleur. Le premier, c’est la crise énergétique. On voit que le drame ukrainien a fait flamber les prix des énergies fossiles. Cela interroge les États membres de l’Union européenne, qui se demandent comment sortir de cette dépendance aux énergies fossiles, et notamment au gaz russe. C’est la raison pour laquelle plusieurs plans d’action ont été proposés au niveau européen, dont un qui vise à déployer 10 millions de PAC d’ici 2030 », rappelle François Deroche, président de l’Association Française pour la Pompe à Chaleur (AFPAC).
À l’échelle de la France, 346 313 PAC Air-Eau ont été vendues en 2022, soit +30 % par rapport à l’année 2021. Mais la plus forte croissance avait été enregistrée entre 2018 et 2019, avec +83 %.
D’après François Deroche, la PAC la plus performante serait la PAC géothermique, pour laquelle le coup de pouce vient d’ailleurs d’être revalorisé à 5 000 € pour tous les ménages : « La PAC la plus performante est la géothermique, pour la simple et bonne raison que sa source froide – si elle est correctement dimensionnée – va permettre d’avoir une température constante toute l’année. En termes de performances énergétiques, on va gagner environ 20 % sur une PAC géothermique par rapport à une PAC air-eau traditionnelle », estime le président de l’AFPAC.
Côté chaudières biomasse, les ventes de chaudières à granulés ont quelque peu ralenti en 2022, après +119 % en 2021, au profit des chaudières à bûches. Cette situation peut notamment s’expliquer par l’explosion du prix des granulés, ayant triplé entre janvier et octobre 2022, comme nous l’explique Éric Vial, président du Syndicat Français des Chaudiéristes Biomasse (SFCB) : « Pour le granulé, on est passés de 300 € la tonne à 700 à 900 € la tonne. Il y a eu une augmentation significative du coût de production, que ce soit sur le transport, l’emballage, etc. Mais c’est surtout le prix de la matière première – la sciure – qui a doublé en 6 mois. L’électricité a aussi été multipliée par 2 à 6, donc c’est important pour les machines qui produisent les granulés. Au global, on se retrouve avec un doublement du prix qui est lié aux coûts de production », nous précise le président du SFCB.
« Le deuxième effet qui fait que le prix a triplé, c’est qu’en 2022, il y a eu beaucoup d’anxiété sur les énergies, notamment à la suite de la guerre en Ukraine, et des gens qui ont cru qu’il y allait avoir une hausse énorme du prix du gaz, qu’ils allaient manquer de granulés, et qui se sont jetés dessus. Donc on s’est retrouvés avec une très forte demande de granulés, qui était complètement décorrélée du besoin », poursuit-il.
La chaudière biomasse pour une montée en température rapide
Malgré ce contexte chaotique en 2022, le président du SFCB, et délégué général de Propellet, estime que la situation devrait se stabiliser en 2023. D’après lui, les chaudières biomasse restent l’une des meilleures options pour répondre à la crise énergétique : « Le gros avantage qu’apporte la biomasse, et qui était complètement occulté jusqu’à maintenant, c’est la sécurité d’approvisionnement et l’indépendance énergétique, ce que le gouvernement cherche à atteindre depuis la guerre en Ukraine et la prise de conscience de notre dépendance au gaz russe. Avec le bois énergie, que ce soit granulés, plaquettes, ou bûches, on est sur une énergie locale, et qui est maîtrisée par le consommateur », souligne-t-il.
Éric Vial estime par ailleurs que les chaudières biomasse ont de quoi faire de l’ombre aux PAC en matière de montée en température et de consommations : « Le bois, c’est un chauffage qui va monter rapidement en température, et qui va pouvoir fonctionner quelle que soit la température extérieure. Si vous avez besoin de chaleur, votre chaudière consommera un peu plus de bois, mais elle va sortir la chaleur. Une pompe à chaleur, c’est beaucoup plus lent. Vous ne pouvez pas monter rapidement en température. Une PAC a un bon rendement jusqu’à 5°C, en-dessous de cette température, le rendement se dégrade, et vous avez soit au pire un inconfort en termes de chauffage, soit vous avez une consommation très importante en termes d’électricité ».
Ce que reconnaît le président de l’Association Française pour la Pompe à Chaleur (AFPAC) : « C’est vrai que la PAC monte moins vite en température. Mais pour l’usage, l’objectif c’est de maintenir la température de consigne pour l’utilisateur, et la PAC arrive aussi bien qu’une chaudière à maintenir cette température à moins de 5°C. Le fait de monter en température, si cela prend 2 à 3 heures pour une chaudière, et 4 à 5 heures pour une PAC, c’est négligeable. Après, effectivement, ce point-là peut être un désavantage pour les PAC lorsqu’il s’agit de chauffer une résidence secondaire », concède-t-il.
L’atout de la PAC pour le confort d’été
Certaines PAC présentent en revanche un atout de taille pour le confort thermique : celui de répondre aux besoins en matière de confort d’été. « La façon de répondre le plus rapidement possible aux attentes pour le confort d’été, cela va être la PAC air-air. C’est un système réversible, donc en plus d’avoir le bénéfice du chauffage pendant l’hiver, elle peut également assurer le rafraichissement durant l’été, et ce de façon quasiment instantanée. Cela prend une vingtaine de minutes pour inverser le mode de fonctionnement. La PAC air-eau c’est possible, mais il y a une seule condition : c’est que le réseau hydraulique soit dimensionné et isolé en conséquence », rappelle le président de l’AFPAC.
Ce dernier souligne également l’intérêt de la PAC géothermique pour le confort d’été : « Une PAC géothermique présente l’avantage – si l’installation est déjà isolée au niveau de son réseau hydraulique – de pouvoir bénéficier de rafraîchissement gratuit. C’est-à-dire qu’en été on va aller chercher la température d’eau qui est à 12°C en moyenne dans le sol. On va arrêter la pompe à chaleur, et juste avec un circulateur, on va pouvoir faire circuler cette eau dans des ventilo-convecteurs », explique-t-il.
Outre le succès de la PAC et des chaudières biomasse, les panneaux photovoltaïques ne sont pas en reste, puisque le nombre d’installations aurait bondi de 20 % entre septembre 2021 et septembre 2022, selon Enedis.
> Consulter le dossier spécial Confort Thermique
Propos recueillis par Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock