Les banques durcissent les conditions du crédit
Les résultats de l'étude d'octobre de la BCE sur les prêts bancaires "font état d'un net durcissement des conditions pour les prêts aux entreprises" sur le troisième trimestre, conséquence directe des turbulences des marchés financiers et de la frilosité des banques à se prêter entre elles.
Entre juillet et septembre, les entreprises ont continué à se montrer preneuses de crédits, mais moins qu'au deuxième trimestre. Du côté des prêts aux particuliers pour des achats immobiliers, la demande est restée basse sous l'effet d'une appréciation plus prudente du marché immobilier et d'une baisse de la confiance des consommateurs.
Ce qui fait dire à Gilles Moec, analyste chez Bank of America, que "le durcissement du crédit pour les prêts immobiliers apparaît largement déconnecté des troubles du marchés". Pour lui "il se serait sans doute produit de toute façon". Et de citer la dégradation des perspectives de l'immobilier en France et en Espagne, par exemple. La publication de l'étude a été avancée d'un mois par rapport à la date habituelle du fait de la crise des marchés financiers, explique la BCE, qui revient largement sur les troubles de l'été et leurs conséquences. "Les banques rapportent dans l'ensemble que les turbulences récentes sur les marchés du crédit ont gêné les conditions des prêts interbancaires au cours des trois derniers mois et pourraient les gêner lors des trois mois à venir", avertit-elle.
Ainsi les banques interrogées attendent-elles un nouveau durcissement des conditions du crédit au quatrième trimestre, tant pour les entreprises que pour les particuliers. Pour les crédits à la consommation, le durcissement risque même d'être "considérable", selon l'étude.
Ces résultats rejoignent les propos tenus jeudi par le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, après la décision de la BCE de maintenir son principal taux inchangé à 4%. "Les banques s'attendent à un nouveau durcissement des conditions du crédit au quatrième trimestre 2007", avait-il relevé lors d'une conférence de presse à Vienne. Il a aussi admis que les "incertitudes ont augmenté" concernant la croissance en zone euro, du fait des risques que fait peser la crise du crédit sur l'économie.