Le gouvernement au chevet d'une industrie sur le déclin
Cette situation semble causée en particulier par un taux de prélèvement obligatoire en % du PIB le plus élevé d'Europe, les prélèvements sur les entreprises industrielles étant encore plus élevés que sur les autres entreprises; voilà qui rend notre territoire peu attractif pour le développement d'activités industrielles. L'endettement des ménages et des entreprises français fait que la France présente le rapport croissance du PIB sur accroissement des crédits le moins performant de la zone euro.
Le rapport ADI 2008 dresse également le bilan des actions menées par le gouvernement au cours des 12 derniers mois. Ce bilan met en évidence un certain nombre d'inflexions concernant les politiques publiques les plus pénalisantes pour l'industrie:
- le bouclier fiscal, la réduction de l'ISF pour investissement, l'assouplissement des pactes d'actionnaires et l'alignement de la fiscalité des dividendes sur les plus-values pourraient être le premier jalon d'une politique fiscale n'incitant plus les entrepreneurs à vendre leurs entreprises et à se délocaliser eux-mêmes ;
- la nomination d'un secrétaire d'Etat à l'Industrie auprès de la ministre de l'Economie, désormais explicitement en charge elle-même de l'Industrie, constitue un premier pas vers la création d'un instrument de l'Etat destiné à concevoir une stratégie qui libère l'initiative industrielle.
Au-delà de l'Hexagone, il est bon que la Commission européenne ait exprimé la nécessité de protéger l'industrie européenne de ses concurrents non soumis aux quotas de CO2. Si elle est suivie d'effets cette orientation pourrait limiter la délocalisation des industries lourdes.
Mais d'autres enjeux n'ont pas encore trouvé de réponse : les allégements fiscaux sont orientés jusqu'à présent vers les ménages alors que, comme nous l'avons souligné, le taux de prélèvement sur les entreprises est le plus élevé d'Europe; face à la pénalisation de l'investissement (donc d'abord de l'industrie) par la taxe professionnelle, la révision générale des prélèvements obligatoires sera l'occasion à saisir; les modalités de la politique d'augmentation de l'offre de travail, a priori bénéfiques, présentent l'effet paradoxal d'avoir renchéri les coûts de production des entreprises industrielles.
De fait, la traduction de ces actes et de cette conjoncture en une politique clairement identifiée par l'opinion et les acteurs économiques n'est pas encore au rendez-vous : il manque à l'appareil d'Etat une "cervelle" industrielle qui conçoive, non une politique à l'ancienne, mais une stratégie qui émancipe le développement de l'industrie, et, à cet égard, l'ADI propose plusieurs options institutionnelles ou administratives concrètes.