L'AQC fait le point sur les désordres les plus courants dans le bâtiment
+ 300 millions d’euros d’indemnisation en 10 ans
Les problèmes de malfaçons dans les logements neufs continuent de devenir une vraie plaie pour les Français. Dans son 14e Observatoire, l'Agence de qualité construction (AQC) montre que les assureurs ont versé 754 millions d'euros d'indemnisations pour des dommages-ouvrages en 2017, contre 430 millions d'euros en 2008. Et cette tendance n'est pas près de s'inverser.
Les revêtements de sols, triste numéro 1 pour les maisons individuelles
Pour les maisons individuelles, la typologie de désordres la plus fréquente reste les revêtements de sol intérieur avec près de 14% des malfaçons sur la période 2016-2018.
Catherine Labat, experte construction au cabinet Neoxa, explique : « Dans les maisons individuelles neuves où les sols sont généralement recouverts de carrelage, nous rencontrons souvent une insuffisance de joint dans la chape ou les carreaux ». Elle donne des exemples : « On constate qu'il y a de moins en moins de joints de fractionnement, et cela quelle que soit la géométrie des pièces. Or, dans les constructions récentes, leur forme est rarement rectangulaire mais plutôt en L ou de formes plus complexes. Cette situation crée des mouvements différentiels complexes chape-carrelage, et donc des fissures ».
Les couvertures en grands éléments
Les couvertures en grands éléments font leur entrée et représentent presque 4% des désordres entre 2016 et 2018, en forte hausse par rappport à la période 2008-2018. « Cette tendance peut s’expliquer par le développement des couvertures à faible pente, type bac acier, dans l’architecture actuellement à la mode en maison individuelle, au détriment des toitures traditionnelles à forte pente, en tuile ou en ardoise », note Jean-Louis d’Esparbès, expert-conseiller chez Socabat.
Pour le logement collectif, rien de change
Il n’y a pas ou peu de changement en tête du classement par effectif des logements colectifs, les trois mêmes désordres occupant toujours le podium. La part des revêtements de sol intérieur progresse légérement sur la période 2016-2018 par rapport à la période précédente. Les réseaux d’eau intérieurs au bâtiment diminuent légèrement et, surtout, les ossatures poutres poteaux (hors charpente seule) progressent fortement.
Locaux d’activités : forte hausse des fenêtres et porte-fenêtres
« Comme dans tous les autres bâtiments qui sont désormais accessibles aux personnes à mobilité réduite, il existe souvent des infiltrations au niveau des seuils des accès PMR liées à la difficulté de réaliser une bonne étanchéité avec un ressaut réduit de 2 cm », analyse Catherie Labat.
Manifestation des désordres
Au niveau de la manifestation des désordres, le classement est le même. On retrouve les défauts d’étanchéité à l’eau en tête à 62%. La sécurité d’utilisation passe de 13% à 14%, et les défauts de stabilité font aussi une progression de 1% pour atteindre 10%.
Les fenêtres et les menuiseries extérieures : véritable point de vigilance
Les menuiseries font l’objet, depuis plusieurs années, de nombreux désordres. 27% des rapports sinistres reçus par les dispositifs Alerte depuis 2016 concernent le lot « Menuiserie ». La quincaillerie, l’étanchéité et la fabrication en sont les principaux défauts.
Défaut de la quincaillerie (16%)
Sur les châssis coulissants, les problèmes rencontrés concernent majoritairement les chariots et les systèmes de fermeture. Les chariots, souvent en nylon, s’usent et, lorsque les rails ne sont pas suffisamment nettoyés, des poussières peuvent provoquer le blocage progressif des roulements.
Défaut d’étanchéité au niveau de la fenêtre (12%)
Ce défaut est souvent propre aux portes-fenêtres équipées de seuils PMR (Personne a Mobilité Réduite), la hauteur du ressaut intérieur ne devant pas dépasser 20 mm pour permettre l’accès à un fauteuil roulant.
Défauts de fabrication (14.5%)
Il s’agit ici de défauts d’assemblages mécaniques des montants et traverses, des casses de soudures d’angle des menuiserie PVC, des défauts d’étanchéité et/ou de collage des assemblages de menuiseries bois ou aluminium, l’absence d’orifice de drainage ou encore de recouvrements insuffisants
Pour plus d'informations sur le rapport de l'Observatoire, cliquez ici !
P.F
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