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Une plateforme d’intermédiation entre conducteurs de travaux et transporteurs

Publié le 17 décembre 2019

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Natacha Hulmel a fondé MyBen, une plateforme qui met en relation les conducteurs de travaux et les transporteurs, pour gérer l’approvisionnement et l’évacuation des déchets de chantiers. La start-up actuellement incubée à la Station F a déjà évacué 160 000 tonnes de déchets en un an, et a permis de générer 1 million de chiffre d’affaires pour les transporteurs. L’atout de cette plateforme ? Elle facilite les démarches administratives, offre un gain de temps, et assure une traçabilité des déchets.
Une plateforme d’intermédiation entre conducteurs de travaux et transporteurs - Batiweb

Pourquoi avoir créé MyBen ?

 

Natacha Hulmel : Avant de lancer ma société, j’ai travaillé dans une entreprise de gestion de déchets de chantiers pendant 8 ans. Durant ces années, nous avions de très grosses problématiques sur la partie transport, optimisation de la logistique, et traçabilité des déchets.

 

La genèse de MyBen, c’est un constat simple : un conducteur de chantier va passer entre 30 et 50 appels par jour pour trouver le bon transporteur, au bon prix, et avec la bonne disponibilité. Or, avec le numérique, on peut tout à fait optimiser ces tâches très longues et répétitives. J’ai donc travaillé de mon côté pour voir comment faire évoluer les choses et faciliter la vie de toutes les entreprises afin de les aider dans leur quotidien.

 

Quand l’entreprise a-t-elle été créée ?

 

N.H. : J’ai lancé MyBen en février 2018, et la plateforme a été ouverte en juillet 2018. Donc cela fait un an et demi qu’elle est active. Aujourd’hui nous avons évacué 160 000 tonnes de déchets en un an, et nous avons un peu plus d’une centaine d’entreprises utilisatrices. Nous couvrons principalement l’Île-de-France, mais nous venons tout juste d’ouvrir à Bordeaux le mois dernier.

 

Comment la plateforme fonctionne-t-elle concrètement ?

 

N.H. : C’est une plateforme sur laquelle vous pouvez vous connecter depuis un smartphone, une tablette ou un ordinateur. Il y a des abonnements à partir de 50 euros par mois pour les conducteurs de travaux, avec un prix déterminé en fonction de la quantité de matériaux mensuelle. Les transporteurs ne paient de leur côté pas d’abonnement. L’ouverture de compte est gratuite. Ils vont payer au clic, donc quand ils vont prendre une mission.

 

Une fois inscrit, le conducteur de travaux dépose directement sa demande en inscrivant les dates, les horaires, les types de déchets à transporter, et les adresses de chargement et de déchargement. Cette annonce est envoyée à l’ensemble des prestataires qui sont connectés. Le transporteur va de son côté valider ou non l’annonce. S’il la valide, le camion sera géolocalisé du chargement au déchargement pour avoir toute la traçabilité des déchets, et pour que le client soit instantanément informé de l’arrivée des déchets sur le centre de traitement.

 

Les déchets sont-ils de toutes natures ou uniquement inertes ?

 

N.H. : Il va y avoir tous types de déchets issus du BTP, que ce soit du sable, du sablon, du béton concassé, de la terre inerte, de la terre polluée, du béton concassé, de l’amiante… tout ce qu’on peut trouver sur un chantier, ou en approvisionnement, puisque ça marche aussi dans l’autre sens. On part d’une carrière pour apporter des matériaux sur chantier.

 

Où sont acheminés ces déchets parfois pollués ou toxiques ?

 

N.H. :Le conducteur de travaux va ouvrir un compte auprès d’un centre de traitement et va demander une autorisation pour pouvoir évacuer ses produits dans ces centres. Une fois autorisé, il reçoit un bordereau de suivi de déchet (BSD), qui est un peu la carte d’identité du déchet. Ce document doit être automatiquement donné au chauffeur pour qu’il puisse le présenter au centre de traitement quand il arrive. C’est le document qui permet d’avoir une traçabilité du déchet.

 

Quels sont les premiers retours d’expérience ?

 

N.H. : En règle général, les retours sont positifs, notamment d’un point de vue administratif, puisqu’il y a tout l’historique de la demande à la facture sur un même logiciel, que la validation des factures fournisseurs est beaucoup plus simple, et que les conducteurs de travaux sont sûrs que le camion arrivera bien sur le chantier et sera en règle. Il y a des clients qui déposent des annonces tous les jours, donc cela prouve que ça leur plaît que ça leur fait gagner du temps. Le point à améliorer, c’est la création d’une application, que nous allons développer d’ici le deuxième trimestre 2020.

 

Quels sont les principaux clients ? Des petites entreprises ou des majors du BTP ?

 

N.H. : Nous avons les deux. Il peut y avoir des petites entreprises du bâtiment avec 5 ou 6 salariés, mais il y aussi des grands noms, de grosses entreprises du BTP, qui commencent à utiliser la plateforme.

 

Nous sommes vraiment sur une belle lancée. On commence à travailler sur les lignes du Grand Paris. En ce moment nous travaillons sur la ligne 14, et il y en aura d’autres début 2020.

 

Allez-vous développer des partenariats ?

 

N.H. : L’idée est d’optimiser au mieux les camions, donc l’objectif c’est d’avoir des partenariats avec des carrières et avec des centres de traitement. Parfois, on peut faire des boucles de la carrière au chantier, puis du chantier au centre de traitement, comme ça le camion est toujours à plein. L’objectif de l’année prochaine, c’est de continuer à travailler sur des partenariats en carrières, mais également sur la partie transport. On est en train de travailler sur des partenariats avec des fabricants de tracteurs et de bennes pour pouvoir améliorer le parc de nos transporteurs. Nous travaillons sur de nouvelles catégories et de nouvelles énergies pour les camions, et sur la performance des bennes pour qu’elles soient dans des matériaux plus résistants et moins lourds pour transporter beaucoup plus. Il faut aussi des bâches qui tiennent bien parce qu’une bâche qui prend le vent fait consommer plus d’essence.

 

Pensez-vous que la plateforme réponde aux problématiques soulevées par le projet de loi anti-gaspillage pour une économie circulaire ?

 

N.H. :Grâce à MyBen, on évite que les déchets soient déversés dans la nature. Avec la géolocalisation du camion, nous avons une traçabilité jusqu’au déchargement. Donc nous savons si le camion a fait un arrêt, et à quelle heure le camion est arrivé à la décharge. On sait en instantané le tonnage qui est arrivé. Donc bien évidemment cela évite les dépôts sauvages. Après sur la partie valorisation des déchets, hélas, la seule chose que nous pouvons faire c’est plutôt aiguiller nos clients et les inciter, pour certains déchets, à les envoyer en centres de valorisation plutôt qu’en centres de stockage quand c’est possible.

 

Propos recueillis par Claire Lemonnier

Photo de une : ©Adobe Stock

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