Une maison « multi-confort » pour le maintien des seniors à domicile
Fort de ce succès, le groupe s’est rapidement engagé dans le développement d’habitats intergénérationnels. Contacté par Geneviève Mauras, fondatrice de l’ISSBA (Institut Supérieur de la Santé et des Bioproduits d’Angers) afin de construire une maison qui puisse anticiper le vieillissement, Saint-Gobain a alors lancé une extension du concept « Multi-confort ».
En partenariat avec l’Association Phoenix Senior, créée en 2011 par Mme Mauras, et aux côtés d’autres sociétés complémentaires telles que Legrand, l’Atelier Rolland & Associés ou encore Santeos, le groupe a développé l'offre « Multi-confort Sérénité ».
Implanté dans la ville d’Angers (49), cette construction « est le top départ d’un concept qui a mûri et qui n’est pas prêt de s’arrêter » déclare Maurice Manceau, directeur Saint-Gobain Habitat France. « La demande est très forte. Le concept Multi-confort Sérénité va plus loin que l’offre multi-confort » précise-t-il.
Un travail sur deux ans
Le développement du concept « Multi-confort Sérénité » a pris du temps. « Avec Geneviève, nous avons étudié les pathologies liées au vieillissement pendant deux ans. Il fallait déterminer comment répondre à ces pathologies en termes de bâti » explique M. Manceau.Le terrain, fortement dénivelé, a lui aussi représenté un véritable défi. « Lorsque Geneviève a expliqué qu’elle voulait une nouvelle maison, et qui plus est, de plain-pied, je me suis demandée comment j’allais pouvoir l’intégrer sur ce site. Entre le haut et le bas du terrain, il y a une différence d’au moins 10 mètres » raconte Polly Rolland, l’architecte du projet.
Deux ans après la pose de la première pierre, l’édification de cette maison de 250 m2 répartis sur deux niveaux, a pris fin. Mme Mauras et son mari ont ainsi pu intégrer leur « maison de vieux sur un terrain de jeune » s’amuse-t-elle à dire. Le couple vit dans la partie supérieure de la maison, tandis que le bas est « réservé aux invités ».
Une maison qui anticipe le vieillissement et la perte d’autonomie
Selon un sondage OpinionWay paru en 2012, 90 % des Français déclarent préférer rester chez eux plutôt que de rejoindre une maison de retraite.Une autre enquête réalisée cette fois par l'institut Ipsos montre que 77 % des plus de 65 ans préfèrent rester dans leur logement en cas de grande dépendance, quitte à faire des travaux d'aménagement et à prendre une aide à domicile.
Mener des travaux de réhabilitation est un gros enjeu, explique Maurice Manceau. Il faudrait donc plutôt construire en anticipant le vieillissement et préparer le logement à d’éventuelles adaptations pour ainsi « favoriser et inscrire dans la durée, le maintien des seniors à leur domicile » ajoute-t-il.
« Compte-tenu de la diversité et de l’évolutivité des maladies, il est impossible de pourvoir le logement dès sa conception de tous les équipements nécessaires au maintien de la personne à domicile » souligne le groupe.
Le concept « Multi-Confort Sérénité » vise donc à préparer le bâti en amont, afin qu’il puisse être adapté à moindre coût et selon les déficiences et pathologies rencontrées. L’objectif est de retarder ou d'éviter l’intégration en EPHAD, et par conséquent de réduire les frais de santé.
Comment anticiper et faciliter le quotidien des seniors ?
Geneviève Mauras s’est chargée de nous faire visiter cette maison qui bénéficie « d’une vue imprenable sur l’étang Saint-Nicolas ».« Toute la maison est sous domotique », nous explique Mme Mauras, « mais nous n’avons pas pris de « la domotique pour de la domotique ». C’est une domotique filtrée. Nous voulions que l’équipement soit cohérent et adoptable ».
Les portes sont d’une largeur de 90 cm, répondant ainsi aux normes PMR, et le petit plus, « elles sont coulissantes ». Au niveau des portes toujours, pas de seuil, afin d’éviter les chutes.
Pour plus de « prévention, le carrelage est antidérapant, même humidifié » relève Mme Auras. Dans les salles de bains, le revêtement de sol est en béton résiné ; le sol et les murs n'ont pas de joints afin d’éviter les moisissures et faciliter le nettoyage. L’entretien des WC est lui aussi facilité par l’absence de bride.
Les cloisons ont été renforcées afin d’accueillir dans un futur, des mains courantes, les interrupteurs placés à une hauteur oscillant entre 1m10 et 70 cm car « se baisser n’est pas toujours facile pour les personnes âgées ». Lorsque l’interrupteur est rose cela signifie que la lumière est allumée, et lorsqu’il est bleu, c’est qu’elle est éteinte.
Le garage est séparé de la maison par une galerie large de 140 cm. Composée de grandes baies vitrées, la galerie bénéficie d’une grande luminosité naturelle. Trois panneaux photovoltaïques ont été placés sur son toit et contribue au contrôle des velux placés au niveau du salon.
La maison est équipée d’un ballon thermodynamique et d’un chauffage électrique d’appoint. « La maison est RT 2012 – 8% » précise Mme Auras. Pour ce qui est des consommations énergétiques, aucun bilan n'a encore pu être dressé. Il faut dire que la maison n'a été livrée qu'en octobre 2015. De ce fait, il est encore trop tôt pour en déterminer les avantages énergétiques. Mme Auras confie tout de même que la maison se maintient à une température se situant entre 17 et 22 degrés, et que le chauffage ne se remet en route que vers 19h-20h en cette période hivernale.
Faire face aux différentes déficiences et pathologies
Bien d’autres équipements ont été incorporés à la maison comme par exemple une porte d’entrée avec éclairage LED intégré, une porte de four totalement escamotable, un double vitrage à isolation acoustique renforcée, des marches moins hautes pour plus de confort et sécurité…A l’intérieur, les couleurs et matières sont contrastées tandis qu’à l’extérieur, des dalles de schistes avec graviers permettent le passage des voitures, des vélos et fauteuils roulants sans projection de graviers. La maison cherche ainsi à faciliter la vue, l’audition, les déplacements, l’accompagnement et l’usage à ses habitants.
Bien sûr, le concept est haut de gamme et n’est pas accessible « aux primo-accédants » admet Maurice Manceau. Mais déjà, des projets dans le social sont prévus.
En effet, le bailleur social angevin Podeliha (filiale 3F), en partenariat avec l’Atelier Rolland, développe 3 chantiers Multi-Confort Sérénité aux Ponts de Cé (49). Il s’agit de deux pavillons (T3) et d’un immeuble de 29 logements dont sept sont conformes au Multi-confort Sérénité.
Reste à convaincre les pouvoirs publics de financer davantage ces projets qui bénéficient désormais « d’un intérêt croissant de certains organismes et notamment des caisses d’assurance vieillesse et des caisses de complémentaire santé » précise M. Manceau.
Rose Colombel
Photo de une : ©Rose Colombel