Quelle tendance pour l’activité du bâtiment en 2024 ?
En 2023, le secteur de l’amélioration-entretien porte la croissance du BTP
L’activité globale du BTP en baisse en 2023
L’activité du BTP en 2023 a globalement baissé de 0,6 % en volume, selon la FFB. Cette diminution s’explique principalement par le recul de 7,8 % des chantiers de logements neufs. Avec seulement 286 000 mises en chantier 2023, le secteur s’approche de son niveau historique le plus bas. Nous étions alors en 1990, année avec seulement 275 000 unités mises en chantier.
Ralentissement économique, incertitudes politiques, conditions de financement... Plusieurs facteurs et acteurs du secteur contribuent à cette tendance. Si les consommateurs sont devenus plus prudents dans leurs investissements immobiliers, les conditions d’accès au crédit sont également plus difficiles.
À cela s’ajoutent des coûts de construction toujours plus importants, en raison notamment d’une augmentation du prix des matières premières et d’une exigence toujours plus accrue en matière de normes énergétiques.
Les raisons de la croissance de l’amélioration-entretien en 2023
Dans ce marasme global, le secteur de l’amélioration-entretien est le seul à connaître une véritable hausse. Il a connu en 2023 une hausse d’activité estimée de 2,6 %, hors effet prix. Cette augmentation est notamment portée par le sous-secteur de la rénovation énergétique et ses 3 % de croissance.
Les pouvoirs publics ont fait de la rénovation énergétique une priorité nationale. Il y a une véritable volonté politique d’effectuer des rénovations lourdes et d’assurer la pénétration dans les foyers des équipements les plus efficaces, en ce qui concerne le chauffage et l’eau chaude sanitaire.
Pour y parvenir, l’État a déployé de nombreuses aides financières, notamment MaPrimeRénov’, afin de permettre à tous les ménages d’être en mesure d’effectuer ces travaux de rénovation énergétique.
L’amélioration-entretien devrait encore sortir son épingle du jeu en 2024
Les prévisions pour l’année 2024 semblent confirmer, voire accélérer, les tendances de l’année 2023.
2024 ou la crise du neuf ?
Selon la Fédération Française du Bâtiment, la crise des logements neufs devrait se poursuivre en 2024, avec une diminution estimée des mises en chantier de 16 % et une diminution des permis de construire de 12 %.
Les raisons de ce recul sont les mêmes qu’en 2023 : flambée des taux de crédit immobilier, hausse du prix des matières premières, contexte économique morose, baisse du pouvoir d’achat...
Une croissance moins importante pour l’amélioration-entretien en 2024 ?
Les prévisions font l’état d’une croissance limitée de l’activité, 1,6 % d’augmentation, pour le secteur de l’amélioration-entretien. Les changements d’éligibilité à MaPrimeRenov’ seraient l’une des raisons premières.
Malgré un budget augmenté d'1,6 milliard d’euros, soit un budget total de 5 milliards pour ce dispositif en 2024, MaPrimeRénov’ est désormais centré sur les rénovations d’ampleur et l’installation d’équipements de chauffage plus performants. La mobilisation de ce dispositif d’aide pour des travaux plus modestes, comme changer ses fenêtres ou isoler ses combles, n’est plus possible en 2024.
Cette nouvelle stratégie, certes plus ambitieuse, devrait cependant impacter les commandes du secteur en 2024.
L’évolution des secteurs du BTP depuis 2022
Le tableau ci-dessous présente les différentes évolutions du secteur du BTP entre 2022 et 2024 :
2022 | 2023 estimé | 2024 prévu | |
Secteur de l’amélioration entretien | + 2,1 % | + 2,6 % | + 1,6 % |
Logement neuf | - 0,2 % | - 7,8 % | - 21,3 % |
Non résidentiel neuf | + 3 % | + 0,4 % | - 6 % |
Les conséquences pour 2024
Toujours selon la Fédération Française du Bâtiment (FFB), la dégradation de la situation générale devrait se poursuivre en 2024.
Ce contexte économique fragilisé devrait conduire, selon la FFB, à un recul de 5,5 % du chiffre d’affaires du bâtiment en 2024 et à la suppression de 90 000 postes. Le taux de chômage dans le secteur devrait alors atteindre 7,6 %, contre 7,3 % l’année précédente.
Si rien ne vient inverser la tendance, l’activité devrait reculer de 9 % d’ici 2025. Ce recul important de l’activité impliquerait alors la suppression d’au moins 150 000 postes.
Depuis quelques années, les défis sont donc multiples pour les entreprises du secteur du BTP : inflation, montée des coûts des matières premières, crise de la main d’œuvre ou encore crise énergétique... À cela, s’ajoute désormais la crise du logement neuf et les difficultés d’accès au crédit pour les ménages. De nombreuses entreprises tirent déjà la sonnette d’alarme et font état, à ce jour, de carnets de commandes bien inférieurs aux normes habituelles.
Alexandre Masson
Photo de une : Adobe Stock