Quand le contrôle technique construction se met à l'heure des drones
« L'idée nous est venue courant mars-avril 2014, alors qu'une nacelle était quasiment impossible à mettre en œuvre pour inspecter certaines parties d'équipements difficiles d’accès sur un chantier d’énergie solaire », se souvient Eric Dauchelle, Directeur de la diversification, en charge des missions Drones, au sein du groupe Qualiconsult, spécialiste du contrôle technique, de l’inspection, de l’assistance et de la formation. « J'ai alors demandé au client potentiel, le deuxième plus gros constructeur de panneaux solaires, de rechercher une autre solution technique qui s'est avérée être celle du drone. Il nous a fallu prouver que ça fonctionnait et après une série de tests, les prestations ont débuté en juin.»
« Utiliser le drone pour ce qu'il est »
Non seulement concluante, avec 95% de confirmations après envoi des modules défaillants dans un laboratoire américain, l'expérience a également fait office de révélation pour le Groupe. Partenaire depuis lors d'Helidone, spécialiste de la prise de vue aérienne, Qualiconsult a inspecté ces derniers mois à l'aide de drones, plusieurs dizaines de millions de modules photovoltaïques et plusieurs dizaines d'éoliennes. Tandis que le premier se charge de l'acquisition des données, le second se réserve l'analyse effectuée à l’issue de chaque vol avant de donner lieu à un rapport.
« Je me rends compte que le drone est une machine fantastique pour aller chercher des images qui seraient impossibles à recueillir humainement », confie Eric Dauchelle avant de souligner que « pour autant, le cœur de métier du groupe Qualiconsult, à savoir l'expertise reste inchangé.»
Pour Antony Joly, co-gérant et pilote, Helidrone, l'utilisation des drones en complément des techniques traditionnelles était inévitable. « L'intervention humaine est pertinente dans certains cas et moins dans d'autres.», estime-t-il. « Humainement, tout un chacun est presque obligé de passer à côté de certains détails : lorsqu'on est trop près, il est impossible de rapporter certaines données surtout quand la photographie n'est pas son métier. » Et ce dernier de poursuivre : « l'un des avantages du drone c'est qu'il est neutre et objectif. Il ne remplace pas l'homme mais il est complémentaire, il faut l'utiliser pour ce qu'il est. »
Mieux cibler l'intervention humaine
De l'avis des spécialistes, le recours aux drones éviterait surtout nombre d'accident. « Contrairement à l'homme, le drone n'est pas en contact avec l'équipement, ce qui permet d'éviter les chocs », souligne le représentant de Qualiconsult, conforté par Antony Joly. « Le drone apporte une solution qui limite les complications mais aussi des interventions lourdes et coûteuses afin de défricher le terrain et mieux cibler l'intervention humaine. »
Cette économie de risques a en outre permis à l'entreprise spécialiste des contrôle techniques construction d'accéder à de nouveaux chantiers. « De fil en aiguille, nous avons balayé les différents types d'application sur lesquels nous pouvions apporter la technologie, c'est à dire tout ce qui nécessite d'aller chercher des détails en désordre en hauteur (fissure, corrosion, défauts de structure que peuvent subir les infrastructures)» , explique Antony Joly. Et Eric Dauchelle d'énumérer : « par exemple, nous ne faisions pas d'expertise sur des modules photovoltaiques avant de recourir aux drones, pas plus que d'éolien. S'agissant des ponts et des ouvrages d'art, nous ne traitions pas la partie supérieure jusque là ; quant aux châteaux d'eau, nous allons pouvoir aller à l'intérieur à présent ».
Rapidité d'intervention incomparable
Si l'utilisation de drones sur de telles infrastructures impose « un travail d'anticipation » (autorisation auprès des préfectures, respect de règles de sécurité élémentaires, collaboration éventuelle avec police municipale...), les deux partenaires se rejoignent sur la rapidité d'intervention, une fois sur place. « En terme de mise en œuvre, dès lors que la sécurisation est effectuée, c'est moins de cinq minutes », assure Eric Joly. « Cette rapidité d’intervention permet aussi de réduire très nettement le temps d’indisponibilité de l’équipement contrôlé » souligne quant à lui, Eric Dauchelle.
Construits par Novadem, spécialisée dans la robotique aérienne à Aix-en-Provence, les drones utilisés par Helidrone et Qualiconsult sont conçus pour l'expertise technique. « Stables, pas bien grands avec 1,40 m d’envergure, ils savent garder leur positionnement stationnaire, sont munis de quatre hélices, faciles à manœuvrer et emportent la plupart des acquisitions d'images à l’avant et non pas en dessous comme c'est le cas le plus souvent » conclut le représentant de Qualiconsult.
Audrey Le Guellec
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