Promouvoir le bois-énergie, l’ambition d’un après-covid
Un mois seulement après le début de la nouvelle année 2020, le SFCB se réjouissait d’un événement majeur : l'augmentation de +54 % du nombre de chaudières vendues en 2019, avec notamment +106 % pour les chaudières à granulés (soit 14 190 unités). L’événement était d’autant plus réjouissant que cela permettait au secteur « d’être en phase avec les objectifs de la PPE », la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie ayant pour objectif de passer de 6 à 9 millions d’usagers du bois-énergie d’ici 2028.
Mais les festivités ont brutalement pris fin au mois de mars sous l’effet de la propagation du Covid-19 et de l’annonce du confinement. À vrai dire, les soupçons d’une propagation rapide du virus en France n’inquiétait pas vraiment durant les deux premiers mois de l’année, et, pour le syndicat de la filière du bois-énergie, la question était tout autre face à la montée en puissance des ventes de chaudières bois : « Aurons-nous assez d’installateurs qualifiés RGE pour suivre le rythme à la même demande ? ».
Le vice-président du SFCB, Thomas Perrissin rappelle le contexte : « En 2019 et début 2020, nous avions les ingrédients a priori principaux pour poursuivre le développement du bois énergie : des commandes, des installateurs mobilisés et des aides publiques importantes. Pour autant, la balance restait déséquilibrée avec, malgré nos alertes, des installateurs certifiés Qualibois encore en sous-effectif ». Mais la menace d’un manque d’installateurs qualifiés s’estompe aujourd’hui, remplacée par la menace d’une économie fragilisée par la crise. « Comme partout en France, nous sommes inquiets ! », souligne Éric Trendel, le Président du syndicat.
Un plan de relance pour sauver la filière et respecter les enjeux écologiques
La filière du bois énergie a en effet de quoi être inquiète, les énergies fossiles pendant la crise sont « redevenues un concurrent sérieux au vu de leurs prix actuels », à cela, il faut ajouter la baisse du pouvoir d’achat des ménages français dont les revenus ont diminués à cause des mesures de chômage partiel, des foyers qui préfèrent désormais placer plus d’argent comme le prouve le récent record de placement sur les livrets d’épargne.
Pourtant le SFCB entrevoit une porte de sortie à la crise économique. Selon l’Institut Yougov, 77 % de la population considère que cette crise sanitaire est l’occasion de mener une politique ambitieuse de transition écologique. Ne négligeant pas cette opportunité, le syndicat a rédigé une lettre ouverte au gouvernement nouvellement reconstitué, et propose plusieurs actions à mettre en oeuvre pour permettre à la filière de repartir sur de bonnes bases. Le syndicat propose notamment les mesures suivantes :
- Réintégrer les 9ème et 10ème déciles dans MaPrimeRénov' en 2020 et 2021, pour permettre aux ménages plus aisés de bénéficier des aides à la rénovation et de tirer profit avec eux du redémarrage de l’activité de la rénovation. Une demande qui pourrait être exaucée, comme évoqué par Emmnanuelle Wargon ce vendredi 24 juillet
- Maintenir et simplifier les aides mises en place telles que MaPrimeRéno', les CEE, les aides coup de pouce, l’éco-PTZ...
- Passer la TVA à 5,5 % sur le combustible pour marquer la volonté de favoriser une énergie propre
- Reprendre une valorisation du carbone plus juste et efficace.
Ces solutions font écho à celles émises par la Fédération Française du Bâtiment (FFB), à l'occasion de la première conférence de presse de son nouveau président, Olivier Salleron. Pour faire entendre ses revendications, le syndicat français des chaudiéristes biomasse rappelle les avantages du bois, à commencer par son prix : la facture de chauffage serait en effet 2 fois inférieure à la moyenne. Le syndicat souligne par ailleurs qu'il s'agit d'une solution performante et moins polluante, rappellant que le bois est une ressource durable et renouvelable. Autant d'arguments écologiques qui devrait plaire au gouvernement, qui base son plan de relance économique sur la transition énergétique.
Pour sauver sa filière, le syndicat déploie une stratégie en 3 temps : communiquer pour favoriser le bois-énergie, former plus d’installateurs certifiés, et inciter les Français à choisir ce type d’énergie plus vertueuse. Une ambition qui sera peut-être appuyée par le nouveau gouvernement Castex.
J.B
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