Politique du logement : « l'efficacité n'est pas au rendez-vous » d'après Edouard Philippe
Surtout, l'entretien mené par Jean-Jacques Bourdin a été l'occasion de revenir sur les sujets liés au logement, et tout particulièrement sur la baisse des APL annoncée par le ministre de la Cohésion des territoires Jacques Mézard. Interrogé par un étudiant demandant si le chef du gouvernement avait bien conscience des répercussions d'une telle mesure, ce dernier n'y est pas allé par quatre chemins.
La baisse des APL, une « mesure de rabot »
« Je vois parfaitement ce que peut représenter une diminution, et notamment une diminution au rabot d'une prestation sociale pour ceux qui en ont le plus besoin, et je ne prends pas du tout cela à la légère », a répondu Edouard Philippe. « Si on avait pu faire autrement, on l'aurait fait (…) Cette baisse générale des APL pour tout le monde, sans remise en cause des conditions d'attribution, est contenue dans le budget précédent, que moi j'exécute, mais que je n'ai pas voté. »« Une grande partie de ceux qui bénéficient des APL est logée dans des logements sociaux avec des bailleurs sociaux, c'est-à-dire avec des organismes totalement légitimes et indispensables qui travaillent très activement avec les pouvoirs publics », poursuit-il. « Notre objectif c'est, en discutant avec eux, en imaginant des mécanismes qui permettent de refinancer leurs emprunts quand il y en a (…), de faire en sorte de baisser le loyer payé par celui qui est logé, et donc d'avoir un système dans lequel, peut-être, les APL diminuent, mais le loyer diminue en conséquence. »
Pour le Premier ministre, aucun doute possible : le gouvernement Hollande est bien le seul responsable de cette mesure tant décriée, sans l'avoir mise en œuvre. « Evidemment que ce n'est pas intelligent », reconnaît Edouard Philippe. « C'est une mesure de rabot, et les mesures de rabot ne sont jamais de bonnes mesures. »
Une politique du logement qui ne porte pas ses fruits
D'un autre côté, alors que Jacques Mézard et Julien Denormandie ont récemment lancé une consultation nationale en vue de mettre au point une nouvelle réforme du logement, le Premier ministre est également revenu sur la politique globale menée précisément sur cette thématique.« On a une politique du logement qui mobilise énormément d'argent public. C'est de l'ordre de 40 milliards. Il y a 20 ans, je crois que c'était de l'ordre de 20 milliards. Donc année après année, on mobilise de plus en plus d'argent public pour cette question », affirme-t-il. « Objectivement, l'efficacité n'est pas rendez-vous. Donc soit on dit ‘’ça veut dire qu'il faut mettre encore plus dans le panier percé’’, soit on se dit qu'il faut peut-être changer le panier et réfléchir autrement ».
« Notre objectif c'est d'assumer les priorités (…) et quand il y a des politiques publiques qui n'ont pas les résultats qu'elles devraient avoir, on les remet en question (…) en essayant de faire en sorte d'avoir une dépense publique efficace », conclut-il. De là à envisager que la baisse des APL ne sera pas reconduite en 2018, il n'y a qu'un pas !
F.C
Photo de Une : @EPhilippePM (Twitter)