Les Jeux Olympiques à Paris ? Une « excellente nouvelle » pour la Filière Béton !
En quoi l'organisation des Jeux Olympiques par Paris est-elle une bonne nouvelle pour la Filière Béton ?
Patrick Guiraud : Il s’agit bien entendu d’une excellente nouvelle. Les voyants du BTP sont au vert, et l’organisation de ces Jeux permettra de soutenir cette reprise. En découlera des bénéfices pour la Filière Béton en matière d’emplois, de croissance de marché, mais aussi de recherche et développement. Surtout, les Jeux Olympiques vont permettre de catalyser les travaux de réalisation du Grand Paris Express (GPE), sur lesquels notre Filière est un acteur central. Il s’agit d’un des chantiers les plus importants au monde, qui s’accompagnera de mutations majeures et essentielles pour le territoire francilien. Avec ce GPE, ce sont de nouveaux logements, commerces ou bureaux qui seront développés. Autant de nouvelles perspectives très favorables à la Filière.
Comment la Filière compte-t-elle prendre part à la préparation des infrastructures qui accueilleront les épreuves ?
P. G. : La Filière est historiquement un acteur clé du secteur du BTP, présente dans la très grande majorité des projets de construction. Ses infrastructures, aussi bien des carrières que des unités de production, occupent des places stratégiques en Île-de-France, qui seront indispensables à la logistique et à la bonne tenue des nouveaux chantiers. Que ce soit en matière d’architecture, d’urbanisme, d’aménagement du territoire, ou encore d’enjeux environnementaux, notre Filière dispose d’une expertise poussée, notamment à travers des centres d’études et de recherches placés sous la direction de chaque syndicat. Elle n’aura de cesse de transmettre ce savoir aux nombreux acteurs positionnés sur le dossier parisien.
En quoi le choix du béton peut-il être pertinent dans la construction des infrastructures manquantes ?
P. G. : La souplesse du matériau, la diversité des solutions constructives et le dispositif industriel de la Filière Béton lui permettent de s’adapter à tous types de projets, quelles que soient les contraintes.
Le défi majeur concernant le Village olympique sera de lui donner une seconde vie, afin d’être transformé à l’issue des Jeux en éco-quartier à même d’accueillir 3 500 logements, 120 000 m2 d’activités économiques, des hôtels, ainsi que des équipements publics. Or les caractéristiques du béton en font le matériau idéal pour concevoir des ouvrages modulaires et réversibles. Nombreux sont les exemples de constructions en béton dont les fonctions ont évolué au fil du temps : les Magasins Généraux de Pantin devenus le siège d’une agence publicitaire, les futurs Bureaux Carles dans le quartier de La Cartoucherie à Toulouse, qui pourront être transformés en logements en fonction des mutations du quartier, l’Hôtel Marriott de la Gare de Lyon, anciennement tour de bureaux…
Le Village olympique devra également répondre à des exigences environnementales strictes : bâtiments passifs ou à énergie positive, utilisation de matériaux bio-sourcés, énergies renouvelables, constructions végétalisées, etc. Le béton a d’importants atouts pour répondre à ces exigences. Sa structure pérenne permet la réalisation de toitures et parois végétalisées contribuant ainsi à la diminution des îlots de chaleur qui peuvent se développer en milieu urbain. Cette végétalisation concourt également à un retour de la nature en ville, indispensable au confort des habitants, donc des athlètes qui seront logés dans le Village olympique.
Les bétons drainants et les produits préfabriqués autorisent eux l’infiltration et la gestion à la parcelle de l’eau, notamment de pluie. La Filière Béton encourage aussi la mixité des matériaux, afin de profiter des bénéfices que chacun peuvent apporter. Une mixité fondamentale au développement des matériaux bio-sourcés. Par ailleurs, associé à d’autres isolants, le béton offre une forte inertie thermique, et garantit donc une isolation optimale, limitant ainsi les dépenses énergétiques des bâtiments et les besoin en climatisation. Concernant les énergies renouvelables, le béton permet de créer les fondations géothermiques, ainsi que des systèmes de récupération de la chaleur des eaux usées au sein des réseaux d’assainissement.
La construction du centre aquatique, situé à proximité du Stade de France, et composé de trois bassins (deux bassins de 50 mètres et un bassin de plongeon), nécessitera également une utilisation du béton afin d’assurer l’étanchéité de ces derniers. Il faut aussi noter qu’une grande partie des infrastructures déjà existantes illustrent parfaitement les possibilités offertes par le béton : le Parc des Princes, le Stade de France, le Stade Jean Bouin, la U Arena (anciennement Arena 92), etc.
Comment ces futurs JO s’intègrent-ils dans le cadre du Grand Paris ?
P. G. : Le Grand Paris Express représentera 200 km dont 180 km de tunnels, pour 68 gares. Il est indispensable au défi que représentent ces Jeux. La plupart des déplacements des athlètes, des spectateurs et des organisateurs se fera en effet via le réseau du Grand Paris Express. Des transports en commun qui seront d’ailleurs précieux pour contribuer aux objectifs de respect de l’environnement. Majoritairement en sous-sols, la construction de ces infrastructures nécessitera l’utilisation du béton (voussoirs préfabriqués, parois moulées, puits de ventilation, etc.).Le Comité international olympique accorde une importance particulière à la dimension environnementale. Quelles sont les propositions de la Filière Béton pour aller dans ce sens ?
P. G. : La Filière Béton s’inscrit pleinement dans cette dimension environnementale. Avec 230 sites en Île-de-France, qu’ils soient des carrières ou des unités de production, la Filière Béton est fortement ancrée dans le territoire francilien. Avec des granulats extraits et du béton produit à proximité des équipements à construire, notre Filière répond parfaitement aux enjeux de circuits-courts, permettant ainsi de limiter l’utilisation des transports, donc l’impact carbone des chantiers.
À propos de ces transports justement, une grande majorité des matériaux de la Filière seront acheminés vers Paris par voie d’eau, un moyen frugal en énergie. Il en est de-même pour les déchets de chantiers. La Filière possède des bateaux pour les évacuer vers ses nombreux sites, telles que les carrières. Le béton est d’ailleurs un matériau hautement recyclable, et les bétons de démolition peuvent être valorisés pour la fabrication de nouveaux bétons qui seront intégrés à de futurs ouvrages. Avec par exemple 56 % des flux de la Seine aval dédiés aux granulats, l’Axe Seine représente un enjeu stratégique pour la Filière.
En complément, nous développons les approvisionnements par transports alternatifs à la route (aujourd'hui) : les matériaux minéraux de construction sont ainsi les 1ers utilisateurs de la voie d'eau. Avec l'économie circulaire, ce potentiel de report modal s’accroît encore. Et tout ceci est une garantie pour des chantiers bien gérés.
Enfin, les solutions en béton dépolluantes permettront de purifier l’air ambiant. Véritables « aspirateurs » à pollution, ces solutions utilisent le principe de la photocatalyse pour transformer les oxydes d’azote et particules fines en gaz inoffensif.
Pensez-vous que Paris puisse être réellement prête d'ici à 2024 ?
P. G. : Avec seulement 5 % d’infrastructures à construire, le dossier parisien est particulièrement réaliste concernant les délais de travaux. Les très grands chantiers seront de toute manière essentiellement liés au Grand Paris Express.Questions proposées par Fabien Carré
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