Microclimatologie : Soleneos veut combattre la chaleur des villes
Aujourd’hui, à peu près les trois quarts de la population française vivent en milieu urbain et les villes continuent de s’agrandir, explique Benjamin Morille. Afin de limiter l’étalement urbain, la densification des villes est indispensable. Mais elle contribue à des élévations anormales des température du milieu urbain ». Ce phénomène appelé « îlot de chaleur urbain », est dû en partie aux activités humaines mais aussi à la composition minérale des villes et au rayonnement du soleil. Cette chaleur emmagasinée ne se dissipe que faiblement par des vents faibles.
Une chaleur urbaine aux causes multiples
Benjamin Morille, ingénieur-chercheur en microclimatologie, a fait de l’îlot de chaleur urbain son thème de prédilection. « En ville, de nombreux facteurs influencent la manière dont évolue la température. Parmi ceux ayant le plus d’impact, il y a : l’ensoleillement, c’est-à-dire la durée d’exposition des surfaces urbaines au rayonnement solaire ; la ventilation, liée notamment à la forme urbaine et à l’ouverture plus ou moins importante des villes aux vents dominants ; les matériaux utilisés (certains absorbent plus la chaleur que d’autres) ; la végétation qui a un pouvoir de régulation thermique via l’évapotranspiration ; la présence d’eau que ce soit sous la forme d’un lac, d’un cours d’eau ou encore d’un miroir d’eau ; et les activités humaines (le comportement thermique d’un bâtiment, s’il dégage de la chaleur par exemple) », décrypte le spécialiste.
Outre l’inconfort des citadins, l’îlot de chaleur urbain est une source de consommation d’énergie supplémentaire : « le premier réflexe est souvent d’acheter ventilateurs et climatiseurs pour se protéger des vagues de chaleur », ajoute Benjamin Morille.
Un outil innovant
Il a fondé l’entreprise d’expertise Soleneos pour lutter contre ce phénomène. En lien avec le CRENAU, le laboratoire de l’école d’architecture de Nantes d’où il est issu, il utilise l’outil numérique Solene-microclimat, capable de modéliser et calculer les données à l’échelle d’un quartier complet. « Il est possible d’agir sur le phénomène pour le limiter. Notamment en repensant la conception urbaine : la façon dont nous construisons les villes, dont nous les agençons ou encore les matériaux que nous utilisons », complète le microclimatologue.
Avec Solene-microclimat, les simulations numériques aident au choix de la conception et à la comparaison de différentes solutions, à travers le croisement des phénomènes physiques de chaque variante (choix des matériaux, gestion de l’eau et de la végétation, forme urbaine…)
La plateforme Solène-microclimat est encore évolutive. Soleneos collabore avec le CRENAU pour continuer d’améliorer ses capacités. Tous les ans, des journées de formation sont organisées et un support technique est organisé, afin de continuer le développement de Solene-microclima et son usage.
L. C.
Photo de Une : capture d'écran Soleneos