Matériaux de construction : vers une troisième année de baisse ?
Le mois d'octobre 2023 a témoigné d'une nouvelle baisse significative des activités liées au béton prêt à l'emploi (BPE) et aux granulats par rapport à l'année précédente, selon la dernière note de conjoncture de l'Union nationale des Industries de Carrières et Matériaux de construction (Unicem).
Une tendance amorcée il y a un an, et directement influencée par la crise du logement, qui se manifeste par un déclin marqué des chantiers, des ventes et des permis, affectant l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement dans le secteur de la construction, dont celui des matériaux.
Des volumes de production historiquement bas
Les signes d'une reprise rapide du marché immobilier ne se dessinent pas à court terme. En 2024, les effets du plongeon des investissements résidentiels des ménages continueront de se faire sentir, coincés entre une solvabilité en déclin, des prix immobiliers encore élevés et des taux d'intérêt peinant à baisser.
Du côté des travaux publics, le contexte électoral stimule les projets des collectivités, mais ces derniers demeurent très ciblés, tant au niveau des clientèles que des territoires et des types de travaux. Parallèlement, la crise immobilière pèse également sur le secteur privé. Ainsi, les besoins en granulats et en BPE devraient encore décliner en 2024, affichant des volumes de production à des niveaux historiquement bas, avec respectivement - 6 % et - 10,5 %.
Les statistiques actuelles confirment cette tendance. En octobre 2023, les volumes de granulats ont chuté de plus de 8 % par rapport à l'année précédente, tandis que le BPE a enregistré une baisse plus marquée (-10,7 %). Cette tendance s'est poursuivie au cours des trois derniers mois, avec un recul de 5,9 % pour les granulats et de 6,6 % pour le BPE sur un an.
Une crise immobilière persistante
La crise actuelle dans le secteur du logement se traduit par une baisse significative des permis de construire (-26,2 % sur douze mois) et des mises en chantier (-25,4 %). Cette tendance baissière, observée sur plusieurs mois consécutifs, laisse entrevoir une année 2024 caractérisée par une nouvelle contraction de l'investissement résidentiel neuf des ménages.
Les chiffres sont parlants : moins de 300 000 logements seront probablement mis en chantier en 2023, reflétant une perte estimée à environ 70 000 logements commencés. Pour 2024, une nouvelle contraction d'environ 50 000 unités est anticipée.
Bien que certains signaux suggèrent une légère atténuation de la crise, tels qu'une potentielle stabilisation des taux d'intérêt et un assouplissement des critères de crédit, de nombreux obstacles subsistent. La solvabilité des ménages demeure précaire face à l'inflation, et la rigidité des coûts de construction dans le secteur du neuf maintient les prix immobiliers à des niveaux élevés.
La crise immobilière impacte également les travaux de la clientèle privée et risque de freiner certains chantiers, notamment dans le cadre des Jeux olympiques qui exercent une pression supplémentaire sur les chantiers franciliens.
Marie Gérald
Photo de Une : © AdobeStock