Malgré une mer difficile, Trecobat est sur le podium
Alors que le chiffre d’affaires du secteur de la maison individuelle chutait de 50 % entre 2009 et 2014, le Groupe Trecobat a enregistré une hausse de son C.A. consolidé de + 22 %. Et si le C.A. 2013/2014 est en retrait de 9% par rapport à l’exercice précédent, le groupe annonce un résultat net de 2,8 millions d'euros, ce qui représente 2,64 % du C.A.
Alors quel est le secret pour se démarquer dans une période « peu porteuse » selon les termes employés par le groupe ?
Un fond d’investissement
L'une des clefs du succès actuel de Trecobat, selon Marc Garo, est d’avoir su accueillir un fond d’investissement, Ardian (ex AXA Private Equity) à un moment important du développement de l’entreprise. « Ardian nous a obligés à encore plus de rigueur dans la gestion de l’entreprise et nous a aidés à pousser les feux d’un contrôle de gestion rigoureux, qui nous permet de maîtriser l’ensemble de nos coûts ». Ardian a aussi permis le développement du groupe au delà de ses frontières et de son métier traditionnel, comme nous allons le voir plus loin.
Le fond d’investissement est maintenant sorti du capital de la société, qui a retrouvé sa pleine indépendance, ce qui est rare dans le secteur de la maison individuelle. En effet, parmi les dix premiers groupes français du secteur, seuls deux sont indépendants, dont le groupe Trecobat.
Forte maîtrise technique et économique
Selon Alban Boyé, plusieurs raisons expliquent la situation actuelle de Trecobat.
Le groupe a également une forte maîtrise technique et économique de la maison individuelle, ce qui lui permet de concevoir des produits qui répondent aux nouvelles exigences d’un marché où la maîtrise de l’ensemble des réglementations est fondamentale mais complexe. La R&D joue un rôle central dans le développement des produits de Trecobat, qui s’assure ainsi d’être à la pointe de ce qui se fait dans le domaine des économies d’énergie dans l’habitat.
Une diversification qui porte ses fruits
Trecobat, qui s’était diversifié dans la maison à ossature bois, s’appuie sur une usine ultra moderne située à Lannilis et dans laquelle il a réalisé de nouveaux investissements en 2011. Cette usine lui permet non seulement de répondre à ses propres besoins et à ceux de son réseau de concessionnaires « Primobois », mais aussi à des tiers (entreprises générales, charpentiers, bailleurs).
Cette usine, s’appuyant sur les liens historiques que le groupe entretient avec les collectivités locales bretonnes, propose ainsi ses produits sur plusieurs chantiers. On retrouve le savoir-faire de Trécobat dans les façades en bois de la Cité Internationale Paul Ricœur pour Rennes Métropoles ou encore les murs bois du nouveau hall du parc des expositions de Quimper. Citons aussi, à la croisée des compétences de l’entreprise, la Maison Abordable, qui propose aux collectivités un concept de maison qui favorise l’accession abordable et l’investissement locatif à loyer modéré. Enfin, une offre « Santé » met à la disposition des collectivités locales un concept de maisons médicales clés en main.
Maîtriser les facteurs de réussite
C'est probablement dans cette combinaison de facteurs bien maîtrisés que réside la clef de la réussite de ce constructeur / fabricant : rigueur de gestion, maîtrise de la sous-traitance et d’une part de fabrication propre, innovations et lien fort avec les territoires sur lesquels la société est présente. Et même s’il faut se méfier des analogies sportives trop poussées, ce sont ces mêmes qualités qui permettent à un navigateur, non seulement d’arriver à bon port dans une mer difficile, mais aussi de le faire dans le trio de tête.
Laissons le dernier mot à Gilles Lamiré, qui déclarait samedi dernier à nos confrères du Télégramme de Brest « Peu d’erreurs sur les choix stratégiques, bien gérer les avaries … La course au large est pleine d’imprévus qui nous font nous dépasser ». Cela ressemble beaucoup à la vie d’une entreprise qui s’en sort pendant une période de crise. Espérons simplement que l’économie française et le bâtiment en particulier atteindront vite la zone des Alizés.
Régis Bourdot