Malgré une activité en hausse, l’artisanat du bâtiment craint la fin 2018
Les artisans du bâtiment ont bénéficié d’une accélération de leur activité (+ 3,5% par rapport à la même période de 2017), un dynamisme porté par la construction neuve (+ 6,5% contre 4,5% l’an dernier).
Si la tendance sur le neuf est à la hausse, elle reste « fragile », prévient la Capeb, car elle risque de subir un ralentissement au second semestre 2018, « du fait des rabotages des aides à la pierre ».
La Capeb s’inquiète également de la baisse des mises en chantier (- 6,9%) et des autorisations (- 3,9%) entre mars et mai 2018 par rapport aux trois trimestres précédents. Le syndicat se réfère notamment à la baisse des autorisations de logements individuels sur l’ensemble des segments. « Cela devrait impacter l’activité de la construction neuve dans l’artisanat du bâtiment ». S’ajoute le recentrage des dispositifs Pinel et PTZ dans le loi de finances 2018 qui marque un recul, notamment dans les zones B2 et C.
L’entretien-rénovation toujours timide
L’activité en entretien-rénovation enregistre une progression de + 1%, notamment grâce aux travaux d’amélioration de Performance Energétique du Logement (+2% par rapport au 2e trimestre 2017). L’activité devrait se maintenir sur les mois à venir au vu du dynamisme des ventes de logements anciens, représentant 953 000 ventes sur douze mois cumulés en avril 2018 (+ 7%).Quelle situation pour chacun des corps de métiers ? Tous voient leur activité s’intensifier entre + 2 et + 4% par rapport à la même période l’an dernier. Les travaux de maçonnerie et de couverture-plomberie-chauffage sont les plus dynamiques, passant de + 3% au 1er trimestre à + 4% à l’issue du 2e trimestre. Après avoir connu 5 trimestres de hausse mesurée de 1,5%, l’activité d’aménagement-décoration-plâtrerie enregistre une croissance de 2% au 2e trimestre.
Un secteur en manque de main d’œuvre qualifiée
Si les voyants sont au vert, la Capeb souligne que 7% des entreprises artisanales ne sont pas parvenues à satisfaire leur besoin en main d’œuvre qualifiée ; seuls 20% des entreprises artisanales ont cherché à recruter au premier semestre 2018, contre 30% l’an dernier. Quant aux intentions d’embauche, elles sont également orientées à la baisse : 14% des entreprises souhaitent recruter un/des salariés supplémentaires versus 21% un an auparavant.Preuve que les entreprises « ne se projettent pas », l’emploi intérim connaît une hausse de 11% par rapport au même trimestre de l’année dernière et représente 9,7% dans l’emploi salarié total.
Au vu des chiffres du second trimestre 2018, Patrick Liébus souligne : « Bien que notre activité ait augmenté, nous devons faire preuve de la plus grande vigilance. Nous ne sommes en effet plus à une absurdité près et des mesures incohérentes et contre-productives planent systématiquement au-dessus de nos têtes. Preuve en est avec le sujet de la suppression de la TVA à taux réduit pour les travaux de rénovation énergétique qui est revenu sur le tapis. Un comble alors que le Gouvernement clame que la rénovation énergétique est une priorité ! Je continuerai donc inlassablement de plaider pour des mesures cohérentes, pérennes et réellement efficientes.»
R.C
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