Les industriels du béton veulent se couler dans le moule du BIM
« Le BIM (Building Information Model) ou maquette numérique devrait devenir une obligation en France d’ici 2017 pour les marchés publics. L’Industrie du Béton, avec les professionnels engagés dans le Plan de Transition Numérique du Bâtiment (PTNB) mis en place par le Gouvernement, est en marche pour accompagner au plus près cette mutation numérique et accélérer son développement », expliquent le Cerib, les Produits en béton et Tekla, spécialiste de la modélisation numérique dans un communiqué commun.
Pour cela, plusieurs initiatives ont vu le jour dans la filière. La Fédération de l'industrie du béton vient par exemple de lancer un projet de création d’une base de données génériques des produits en béton, avec le soutien du Plan de Transition Numérique du Bâtiment.
Cette initiative vise à permettre une meilleure intégration des produits et des solutions en béton dans le processus BIM et les différents outils métiers des prescripteurs, en phase de conception, construction et d’exploitation de l’ouvrage. L'objectif est de « concevoir, construire et aménager autrement », explique la FIB, « en utilisant, notamment, le BIM et la préfabrication en béton ».
En effet, « dans un marché structuré (comme en Finlande, ndlr.), le BIM est parfaitement adapté à la filière préfabrication en béton et de nombreuses pistes de développement restent encore à développer pour améliorer encore davantage les synergies et l’efficacité globale. Il est à souligner la volonté de disposer d’outils BIM Open source pour favoriser un dialogue entre les acteurs par des systèmes ouverts », souligne Philippe Gruat, président de la FIB et du Centre d'études et de recherche de l'industrie du béton.
Un partenariat avec Tekla
Mais encore faut-il que les professionnels soient informés des possibilités qu'offre le BIM. En 2014, le Cerib a donc signé un partenariat avec Tekla, spécialiste de la modélisation numérique, pour permettre aux professionnels de mieux comprendre et maîtriser les solutions à travers des actions de sensibilisation et de formation. Un voyage d'étude a par exemple été organisé en juin dernier à Helsinki, avec une délégation d’une douzaine de personnes, des représentants de EGF.BTP, CINOV Construction, Médi@construct, SYNTEC, UNTEC etc. pour découvrir l'utilisation du BIM en Finlande.
« Pays différent par la taille, le climat, l’organisation de son marché de la construction, mais connu pour son engagement précurseur dans la voie de la transition numérique, la visite ne pouvait qu’être riche d’enseignements. Parmi ceux-ci, je reste impressionné par la cohérence de l’adoption du BIM sur une bonne partie de ses possibilités d’usage, par l’ensemble des acteurs des projets : ingénierie, préfabricant, constructeur, et bien sûr maître d’ouvrage. Les outils, dont l’usage semble désormais grandement simplifié, arrivent jusqu’au poste de travail, simplifient le suivi de la production et de l’avancement, mettent à disposition de l’exécutant les informations dont il a besoin, assurent que chacun travaille sur la même base d’information. Des passerelles opérationnelles sont en place pour connecter BIM et ERP. Tous usages que nous avons en perspective en France, mais qui sont déjà en application ici », souligne Louis Demilecamps, directeur scientifique Vinci Construction France et président du PN MINnD.
L'exemple de la Finlande
L'une des journées a été consacrée à la présentation des outils BIM de la société TEKLA : présentations opérationnelles des fonctionnalités et des potentiels des outils développés par ce spécialiste de la modélisation numérique, avec l’intégration du BIM dans la chaine amont et aval de la construction, et le catalogue intégré des caractéristiques utiles dans le BIM. La fédération finlandaise de l’industrie du Béton a également présenté l’action de standardisation structurante pilotée depuis les années 2000 en faveur de l’utilisation du BIM par la maitrise d’œuvre et les industriels de la préfabrication en béton (BEC-2012).
« Le BIM permet une approche rationnelle de la conception à la réalisation. Le mode opératoire finlandais « tout préfa » diffère de celui pratiqué en France. La clé de la réussite passe par le management du BIM », retient Stéphane Jarny du Bureau d’études SERBA, BIM d’Or 2014, SYNTEC.
Deux cas opérationnels ont également été présentés aux professionnels pour illustrer la capacité du BIM et de la maquette numérique à « Construire avant de construire », en associant l’amont et l’aval de la filière de la construction pour « Mieux construire ensemble», ainsi que pour les industriels, la possibilité de « Mieux gérer » la fabrication et la logistique des produits en béton en lien avec des ERP.
Lors de ce déplacement, « nous avons pu comprendre comment les acteurs finlandais travaillent, et même si le mode opératoire est différent en France, il faut s’en inspirer, sans toutefois le dupliquer. Cela me conforte dans l’idée : le BIM, mais ensemble », conclut Pierre Mit, Untec, vice-président de Médi@construct.
Pour rappel, le gouvernement français a lancé en décembre dernier un Plan de transition numérique, doté d'un budget de 20 millions d'euros, pour permettre à la filière construction de se moderniser pour construire mieux et moins cher, notamment grâce aux nombreuses possibilités offertes par le BIM. Le 1er juillet, un portail entièrement dédié à la maquette numérique a vu le jour pour apporter tous les éléments de connaissance nécessaires aux professionnels.