Les artisans du Bâtiment de France se font entendre dans la rue
L’artisanat du bâtiment est aujourd’hui pris en étau, selon la Capeb, qui a organisé cette manifestation nationale. Quelque deux cents artisans ont répondu à Paris à l'appel, « vingt mille artisans de toute la France ont quitté leur entreprise pour expliquer leur situation », a déclaré le président de la Capeb, Patrick Liébus, à la tête du cortège. Un peu partout en France devaient se dérouler manifestations, opérations escargot et blocages de ronds-points, selon la Capeb.
En 2013, l’artisanat du bâtiment prévoit un recul de son activité compris entre -3,5% et –4%4. « Si le gouvernement continue sur cette voie, l’impact sera dramatique, avec près de 20 000 emplois menacés en 2013, auxquels viennent s’ajouter les 10 000 emplois déjà détruits en 2012 » précise Patrick Liébus, qui ajoute que « 3700 salariés quittent tous les mois les entreprises du bâtiment par manque d'activités, 38 000 entreprises ont cessé leur activité... On ne peut pas, dans un pays qui compte quatre millions de chômeurs, continuer dans cette situation ».
Concernant le régime de l’auto-entrepreneur et les récentes évolutions de l’avant-projet de loi présenté par Sylvia Pinel, la CAPEB déplore qu’il n’ait pas été purement et simplement exclu des activités relevant de l’artisanat du bâtiment. « Le Gouvernement ne tient pas sa promesse et manque d’ambition : comment annoncer une réforme et oublier la disposition principale des seuils ! Il se désengage de ses responsabilités en laissant au Parlement le soin d’arbitrer cette question, attitude pour le moins paradoxale » riposte Patrick Liébus.
La TVA et les auto-entrepreneurs toujours dans le viseur
Les artisans du bâtiment redoutent aussi que le relèvement de la TVA, qui passera de 7% à 10% (pour les travaux de rénovation) au 1er janvier 2014, ne fasse chuter leur activité, déjà mise à mal par la crise. Ils réclament un taux à 5%. Les artisans du bâtiment dénoncent en outre un accroissement de la concurrence déloyale exercée par les autoentrepreneurs, le travail dissimulé et le développement des entreprises «low-cost» qui ne respectent pas la législation française.
Déjà le 18 janvier dernier, quelque 10 000 manifestants, selon les organisateurs, étaient descendus dans la rue partout en France, pour alerter les pouvoirs publics sur les difficultés des entreprises du secteur. « Le gouvernement a intérêt à tenir compte de la situation et de ce qu'on demande, parce qu’on ne va pas descendre indéfiniment dans les rues et nous avons d'autres moyens de nous défendre » réagit Patrick Liébus, en référence au soutien de l'UPA, l’organisation interprofessionnelle représentative de l’artisanat et du commerce de proximité.
Jean-Pierre Crouzet, président de l’UPA, avait annoncé la vieille de la manifestation que « la situation que vivent les artisans du bâtiment n’est pas isolée et les manifestations du 13 septembre traduisent le mal-être qui s’est installé dans nos activités ».
Bruno Poulard
Crédit photos : Batiweb