Lente sortie de crise pour la filière ciment, qui ne désespère pas
La consommation de ciment en 2010 a chuté de -3%, se stabilisant à 20 millions de tonnes, soit un niveau à peu près équivalent à 2000, dû au retard de phase de la filière par rapport aux autres industries. La production a diminué quant à elle de -2% s'établissant à 17 millions de tonne, avec des importations stables correspondant à 15% de la consommation. Les émissions de CO2, qui avaient perdu 30% entre 1990 et 2010 (17 millions de tonnes équivalent pétrole en 1990, 12 millions aujourd'hui), ont légèrement augmenté (+2,28%) entre 2009 et 2010. « Principale raison : la moindre disponibilité des combustibles alternatifs puisque moins de déchets ont été produits par l'industrie, qui a connu une moindre activité en 2010, d'où le besoin de produire plus de clinker », a expliqué le président du SFIC (Syndicat français de l'industrie cimentière) Bruno Carré jeudi lors d'une conférence de presse.
Malgré des indicateurs pour la plupart dans le rouge, le SFIC s'est voulu confiant pour 2011, avec « une amélioration de la situation tirée par le segment Logement ». Surtout, le président Carré a tenu à rappeler les atouts de la filière pour la construction durable. Fort ancrage local, label de qualité « made in France », proximité des matières premières et des sites de production... qui doivent être maintenus notamment par l'innovation et une fiscalité adaptée. Les pouvoirs publics doivent encore plus défendre l'industrie locale (problématique fuite carbone, politique portuaire) et enfin « l'Europe doit s'attaquer aux risques de distorsion de concurrence créés par les importations de matériaux non soumis au dispositif ETS (Emissions Trading System, ndlr) car produits hors UE ("dumping carbone") ». Située en amont de la chaîne de production, gageons que la filière ciment saura défendre ses intérêt, à court terme comme à long terme.
Laurent Perrin