« Le marché de l’isolation est extrêmement porteur et enthousiasmant sur le long terme » Adovi Adoté (DG d’Ursa)
Quel est votre parcours ? Pourquoi vous êtes-vous tourné vers le bâtiment, et plus particulièrement vers l’isolation ?
Adovi Adoté :Je suis ingénieur de formation, donc tout ce qui touche aux solutions techniques innovantes m’énergise. Suite à ma formation d’ingénieur, j’ai principalement évolué dans deux secteurs d’activité. Le premier c’est le secteur de l’énergie, dans lequel j’ai passé à peu près la moitié de mes 15 années d’expérience, et le deuxième c’est le secteur de la construction, dans lequel j’ai passé la seconde moitié – y compris en tant que consultant. Énergie et construction, c’est un bon mélange pour rejoindre Ursa, et apporter des solutions autour de l’efficacité énergétique à nos clients.
Quelles sont vos ambitions pour Ursa ? Quels axes allez-vous développer ?
A.A : Notre vision chez Ursa, c’est de fournir des solutions d’efficacité énergétique, et ceci en nous appuyant sur des convictions fortes que sont l’inclusion et le développement durable. Cette vision s’inscrit aussi pleinement dans la stratégie du groupe Etex, dont nous faisons partie. Pour Ursa, notre ambition c’est de continuer à accompagner nos clients pour les aider à avoir des bâtiments qui soient véritablement performants sur le plan énergétique, et cela passe par les solutions d’isolation.
Sur l’inclusion, notre ambition – portée par tout le comité de direction d’Ursa France – c’est véritablement d’inspirer nos équipes au quotidien, autour de notre mission collective, et de créer un environnement dans lequel l’inclusion n’est pas un vain mot. Cette inclusion, nous la portons aussi envers nos clients, en étant extrêmement proches d’eux, en étant beaucoup à leur écoute, en faisant aussi des sondages pour avoir leurs perceptions et leurs retours sur la qualité du service que nous leur délivrons, et prendre en compte ces retours pour nous rendre meilleurs.
Sur la durabilité, nous travaillons sur des solutions qui délivrent un impact positif sur l’environnement, tout en contribuant activement à décarboner nos opérations industrielles et logistiques. Nos efforts vont continuer dans ce sens-là.
Par rapport à cette durabilité, quelles sont les actions qu’Ursa a mises – ou va mettre – en place ?
A.A : Autour de la durabilité, nous avons un certain nombre de sujets que je résumerais autour de 3 axes : un axe produits, un axe opérations, et un axe beaucoup plus large d’accompagnement de nos clients. Sur l’axe produits, nous travaillons en interne sur des produits de plus en plus vertueux pour l’environnement, avec un taux de matériaux recyclés dans nos produits qui a dépassé la barre des 50 %, et nous continuons à pousser cette barre toujours plus haut.
Sur l’axe opérations, nous travaillons sur leur décarbonation. Une illustration concrète a été le lancement des palettes réutilisables depuis le mois de juillet. Plus de la moitié de nos livraisons ont été faites avec ces palettes réutilisables depuis le lancement de l’initiative, et nous envisageons d’aller beaucoup plus loin d’ici le début de l’année prochaine.
Troisième axe, avec nos clients, nous souhaitons mener des actions conjointes à fort impact environnemental. Nous sommes en pleine préparation d’un certain nombre de programmes, que nous dévoilerons de façon plus spécifique dans les mois à venir.
Comment se passent les débuts de la REP PMCB ?
A.A : Sur la REP, nous sommes extrêmement engagés aux côtés de Valobat. Nous sommes persuadés de la plus-value à court terme pour le client. Avec la reprise gratuite des déchets triés, c’est tout de suite moins de coûts pour les artisans.
Nous menons aussi en parallèle le déploiement d’actions ciblées avec nos clients, comme la reprise des chutes de chantiers. Chez un de nos clients, nous avons collecté cette année 4,5 tonnes de chutes de chantiers d’XPS que nous avons réintégrées dans notre production, pour fabriquer des isolants à base de polystyrène extrudé. Tout cela contribue à avoir 50 % de matière recyclée dans nos produits.
Quelles sont les dernières nouveautés produits lancées ou à venir ?
A.A : En 2023, nous avons lancé une nouvelle gamme de produits à destination des particuliers, qui s’appelle « Serenity », disponible en grandes surfaces de bricolage (GSB) distribuant nos produits. Serenity, c’est un packaging très clair, très lisible, avec des codes couleurs en fonction de l’application qu’on veut en faire, selon que ce soit des combles aménagés, des combles perdus, des murs ou des cloisons. On a aussi introduit des QR Codes qui permettent à l’utilisateur final d’avoir directement accès à des tutoriels vidéos, qui montrent à quel point isoler est facile.
Nous n’oublions pas non plus les professionnels, que nous accompagnons au quotidien. Nous continuerons dans ce sens avec un focus particulier sur les services en 2024.
Plus largement, où en est actuellement le marché de l’isolation en France ?
A.A : Le marché de l’isolation – qui fait partie du marché de la construction dans son ensemble – est aussi confronté à des difficultés en cette année 2023. Notre marché a connu une tendance négative en volume. Nous regardons l’année 2024 à venir avec beaucoup d’attention. Le marché demeure relativement fragile du fait du prix des matériaux et du prix de l’énergie. L’inflation est là, et c’est une réalité pour nous tous.
Mais le marché de l’isolation est extrêmement porteur et enthousiasmant sur le long terme. On parle de 5,2 millions de passoires thermiques à rénover, selon l’Observatoire National de la Rénovation Énergétique (ONRE). Nous avons encore énormément de travail.
Que pensez-vous des dernières annonces concernant la réforme de MaPrimeRénov’ pour 2024 ?
A.A : Au-delà de l’annonce en elle-même, je trouve que MaPrimeRénov’ est un dispositif assez puissant, dont le marché dispose pour pouvoir mener de front ce combat pour l’isolation des bâtiments. On sait que tout passe d’abord par une bonne isolation du bâti. L’enveloppe globale, portée à 5 milliards d’euros en 2024, vise à rénover 200 000 bâtiments l’année prochaine, soit 4 % des bâtiments à forte consommation énergétique. C’est un bon début mais nous pensons que nous devrons collectivement aspirer à faire plus. En portant le volume de passoires énergétiques rénovées à 10 % par an, nous accélèrerions notre impact pour consommer moins d’énergie et réduire notre empreinte carbone de façon significative.
La rénovation par geste sera exclue pour les passoires énergétiques. Est-ce que vous pensez que c’est une bonne chose, ou craignez-vous que cela ne rebute les ménages ?
A.A : La logique fondamentale qui est derrière n’est pas fausse, parce que des gestes isolés ne permettent pas d’atteindre l’efficacité optimale qu’on souhaite avoir à court terme via l’isolation. En revanche, c’est vrai que le niveau d’investissement requis reste élevé pour un particulier qui doit mener tous les gestes de front. Je pense que la solution se trouve dans le fait d’être très clairs sur le parcours de rénovation énergétique, et extrêmement pédagogiques vis-à-vis du particulier. Je pense que la solution est dans le fait de simplifier tout le processus.
Propos recueillis par Claire Lemonnier
Photo de une : Adovi Adoté - Ursa