Le groupe Alkern dresse son bilan 2022 et dévoile ses enjeux pour l’avenir
Lors d'un point presse aux Ormes-sur-Voulzie (77), Xavier Janin, président du groupe Alkern et Christophe Lagrange, directeur de l’offre de la marque, ont détaillé les dernières actualités du fabricant français de produits préfabriqués en béton.
Bilan 2022 et grosses ambitions pour l’avenir
Premier point : le bilan 2022 de l’entreprise. Celui-ci est positif pour Alkern, avec un chiffre d’affaires s’élevant à 256 millions d’euros. La marque a su profiter du contexte actuel en prenant des parts de marché à ses concurrents, plus impactés par les coûts de l’énergie pour la fabrication de leurs solutions. Ainsi, l’activité bâtiment de Alkern a progressé en volume de 3 % par rapport à 2021.
De quoi nourrir de grosses ambitions pour 2023 et les années à venir. Le groupe vise 500 millions de CA en 2030. N’est-ce pas un peu trop ambitieux, d’autant plus par les temps qui courent ? M. Lagrange répond : « La croissance que nous avons connue pour arriver à 256 millions d’euros de CA en 2022 est la même que celle que nous prévoyons d’avoir pour arriver à ce chiffre d’affaires en 2030, donc non ça n’est pas trop ambitieux. Nous pouvons le faire ».
Le projet Alkern Seine-Eure
Pour parvenir à cet objectif, tous les leviers doivent être activés. Cela passe notamment par l’ouverture d’une nouvelle unité de production : le projet Alkern Seine-Eure. Une nouvelle usine qui a notamment pour but de redéfinir la vision du décarboné et du biosourcé. Alkern en a profité pour mettre en avant ses produits 100 % recyclables, sans cuisson et bas carbone.
Cette nouvelle usine, dont le chantier débutera cet été et qui sera opérationnelle à partir de mi-2024, sera dédiée à la production de solutions de ciments bas carbone, basée sur la filière biosourcé, avec des blocs de béton miscanthus notamment (une plante originaire d’Afrique et d’Asie). Un investissement important qui va permettre la création de plusieurs emplois, et permettra de construire dans une zone s’étirant entre Paris et Rouen.
« Le secteur du bâtiment vit une véritable révolution »
Les ambitions du groupe Alkern passent aussi par l’aménagement des territoires dans les années à venir, aux difficultés variées dues au dérèglement climatique. Pour Xavier Janin, le bâtiment vit une véritable révolution : « Celle-ci est encore plus importante et impactante que ce que vit l’automobile avec le passage du thermique à l’électrique. Cette révolution est encore fortement sous-estimée par nombre de nos concurrents. Chez Alkern, nous nous y préparons depuis longtemps maintenant ».
Cela passe notamment par la gamme ‘O du groupe. L’entreprise a notamment présenté son nouveau pavé Quadro, qui permet une infiltration naturelle des eaux de pluie tout en offrant l’esthétique d’espace végétalisés. Ce nouveau revêtement de sol permet de drainer l’eau de pluie, afin que celle-ci retourne plus facilement dans les nappes phréatiques. De nouveaux produits permettent également une meilleure lutte contre les îlots de chaleur, avec des coloris clairs dédiés à l’aménagement d’espaces publics ou de terrasses, accentuant encore un bénéfique effet Albedo - une valeur physique permettant de connaître la quantité de lumière solaire incidente réfléchie par une surface.
« Nous avons fait le test sur l’esplanade de la Défense. En mesurant la chaleur émise un mètre et quelques au-dessus du niveau du sol, en plein soleil, nous avons constaté que l’on pouvait réduire de 7°C la température à la même hauteur avec notre revêtement. Des passants venaient constater la chose d'eux-mêmes et pouvaient observer ce changement de température », déclare Christophe Lagrange.
Enfin, Alkern a présenté son innovation de pose à sec pour blocs rectifiés Elibloc, qui a pour but d’optimiser les chantiers en réduisant les temps de construction - et ainsi les coûts - tout en simplifiant la vie des compagnons.
Privilégier le bas carbone tout en optimisant les chantiers
Ce nouveau bloc, qui conjugue bas carbone et simplification du chantier, est produit notamment dans l’usine de Mouy-sur-Seine que nous avons pu visiter. Le bloc de granulats courants est connu pour sa robustesse et sa résistance mécanique. Il est dédié à la construction de maisons individuelles, de bâtiments tertiaires et de logements collectifs. Alkern décrit la solution d’élévation de murs comme bas carbone. Aucune cuisson est nécessaire pour sa fabrication, comme le rappelle Xavier Janin au cours de la visite de l’usine : « Regardez autour de vous, il n’y a pas la moindre cheminée. Et c’est pareil pour les 56 usines de notre marque situées sur les sols français et belge ».
De plus, ces blocs peuvent désormais être posés « à sec », grâce à un récent partenariat d'Alkern avec la marque Xtech et sa solution Kolablock, une colle polymère pour blocs rectifiés de granulats courants et sous avis technique.
Pour nous rendre bien compte de la chose, la visite s’est poursuivie à Montreuil-aux-Lions, petite commune du département de l’Aisne. Là-bas, un logement plein pied d’une quarantaine de mètres carrés est en construction. Pour construire ce bâtiment, les compagnons utilisent le bloc rectifié Elibloc, en plus de la colle Kolablock.
La technique est simple, il suffit d’appliquer la solution au pistolet sur les blocs, pour ensuite poser les blocs au plus près de leur position finale grâce à un maillet en caoutchouc afin d’éviter les fissurations finales et éclatements. « C’est très simple d’utilisation et c’est du solide. Vous avez cinq minutes pour poser le bloc, et 40 minutes après la pose, il faut vraiment y aller pour retirer le bloc collé. Trois heures après ça n’est plus possible du tout », explique Christophe Lagrange.
Au-delà de l’efficacité, cette nouvelle solution de mise en œuvre a bien d’autres avantages. En plus d’être prête à l’emploi et simple d’utilisation, elle génère moins de pénibilité puisqu’il n’y a pas de préparation à faire, et donc pas de nettoyage. Il y a aussi plus de compétitivité, avec 5 à 6 mètres carrés par heure et par compagnon, soit +20 % de rendement. Le chef de chantier nous explique qu’avec cette solution, c’est une à deux palettes de plus qui sont utilisées chaque jour, par rapport au procédé qu’ils utilisaient avant. Enfin, cette solution se veut plus vertueuse que les solutions alternatives concurrentes, grâce à ses déchets très limités et uniquement de type DIB.
Jérémy Leduc
Photo de Une : Jérémy Leduc