Pour la septième année consécutive, BTP Banque, filiale du Crédit Coopératif, a réalisé une analyse sur l’évolution de la situation financière des entreprises du secteur du BTP en s’appuyant sur les bilans de ses clients. Sans trop de surprise, le climat conjoncturel morose dans le bâtiment renforce la fragilité des entreprises du secteur dont les trésoreries des entreprises se tendent de plus en plus.
La valeur ajoutée des entreprises du BTP continue de diminuer en 2014 et affiche des niveaux particulièrement faibles indique BTP banque. En cause, « l’augmentation significative du prix des matières premières, la difficulté d’adapter les outils de production, la baisse en volume de l’activité et un contexte de concurrence vive et agressive ». L’étude a porté sur un échantillon de 5500 entreprises (1500 entreprises de Gros-Œuvre, 3000 entreprises de Second-Œuvre et 1000 entreprises de Travaux Publics).
Les frais de personnel pèsent lourds
A cela s’ajoute le poids des charges de personnel qui représente entre 80,8% et 87,5% de cette valeur ajoutée. La marge bénéficiaire se stabilise mais les chiffres restent néanmoins trop modestes. Des conditions qui ne permettent pas aux structures financières de se renforcer, impactant directement l’état des trésoreries et leur capacité à générer du bénéfice.
Sur la période 2008–2014, le poids des frais de personnel dans la Valeur Ajoutée augmente de 7 points pour les activités de Gros-Œuvre et de Travaux Publics et de 4,5 points pour le Second-Œuvre selon BTP Banque. Dans le Second-Œuvre, le secteur de la métallerie est le plus touché. Une stabilisation, voire une baisse est à noter en 2014. Ils représentent désormais plus de 87% de la Valeur Ajoutée pour les activités du Gros-Œuvre et du Second-Œuvre, et 81% pour les Travaux Publics.
Lente progression de la rentabilité
La rentabilité des entreprises est relativement faible sur ces 5 dernières années. Après une stabilisation en 2013, elle continue sa lente progression en 2014 dans les secteurs du Second-Œuvre et du Gros-Œuvre (augmentation de 0,2 à 0,3 points). Seul le secteur des Travaux Publics voit sa rentabilité s’éroder (-0,2 points).
Cette sensible amélioration, constatée depuis 2013, s’explique par les mesures prises par les dirigeants d’entreprise en matière de réduction de charges, notamment au niveau RH mais ne permet toujours pas aux entreprises de renforcer leur structure financière : la part des entreprises déficitaires se stabilise cependant autour de 15%.
Les délais de paiement restent élevés
Avec des délais constatés de 84 jours dans le Gros-Oeuvre, 88 jours dans le Second-Oeuvre et dans les Travaux Publics, les délais de paiement restent toujours trop élevés, même si ils diminuent sensiblement (-1,5 jours en moyenne sur les 3 secteurs), alors même que ceux des fournisseurs sont en baisse quasi constante depuis 2008 avec une accentuation pour 2014, analyse BTP Banque.
Cette réduction des délais fournisseurs s’explique notamment « par l’application de la Loi de Modernisation de l’Economie du 4 août 2008 qui encadre et plafonne les délais de paiement entre professionnels, impactant directement les trésoreries des entreprises » précise la banque.
Un recours au crédit indispensable
La trésorerie nette des entreprises chute en 2014 (-5 points dans le Gros-Œuvre, -4 points dans le Second-Œuvre et -3 points dans les Travaux Publics). Une baisse très significative qui s’explique par la structure financière des entreprises qui s’érode, par des comptes clients trop lourds, des difficultés à encaisser les créances et des délais fournisseurs de plus en plus courts.
« Le recours aux crédits de trésorerie continue de progresser et sont aujourd’hui devenus indispensables au financement de l’activité d’une entreprise du BTP, une situation fragilisée préoccupante pour le secteur » déclare Claude Lavisse, Président du Directoire de BTP Banque.
B.P